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Idlib : Pourquoi les USA annoncent l'élimination de Baghdadi ?

Le sénateur McCain en Syrie accompagné de Baghdadi. ©Tacticalinvestor.com

Abbottabad bis : alors que les États-Unis évacuent en ce moment même des milliers de terroristes daechistes du nord-est de la Syrie vers le Kurdistan irakien et que même des centaines d'entre eux ont déjà été ramenés à bord des hélicoptères spéciaux dans des bases US à al-Anbar, Donald Trump, en mal de popularité préélectorale et violemment critiqué dans son camp pour sa décision de «laisser le Nord-Est syrien à la Russie», fait une annonce sensationnelle : un peu à la manière d'Obama en son temps qui a tué, on ne sait toujours pas comment, le chef d'Al-Qaïda, Ben Laden, à Abbottabad, le magazine Newsweek, se réfère à des sources hauts placées pour annoncer la énième élimination physique de l'agent US/Israël Baghdadi à Idlib. Seulement, le récit colporté par les médias dominants est trop surréaliste pour être vrai.  

Une attaque aérienne aurait donc eu lieu samedi soir dans la campagne du nord du gouvernorat d'Idlib, attaque qui se serait soldée apparemment par la mort du chef de Daech. Selon les premières informations, ce serait des forces spéciales US, mandatés à cette fin, qui auraient mené cette «opération inouïe». Personne ne se demande pour autant comment se fait-il que le gourou qu'on donnait pour enterré quelque part à Deir ez- Zor, se trouvait à Idlib, bastion des terroristes pro-Ankara qui attend d'être libéré instamment sous peu par l'armée syrienne et ses alliés. En attendant, la nouvelle a de quoi plaire à Ankara qui pourrait affirmer avoir contribué à sa manière à la chasse en retenant Aboubakr à Idlib. Certains rapports affirment d'ailleurs que ce sont peut-être des hélicoptères d’attaque turcs qui ont mené l’attaque sur une base des YPG dans la région d’Afrin, histoire de laisser entendre que les Kurdes abandonnés par Washington, collaboraient aussi avec Daech. 

Dans le récit hollywoodien de Newsweek, Abottabad de l'ère Obama est remplacée par la ville de Barishah où ont débarqué plusieurs hélicoptères US [entre 6 et 8 hélicoptères américains, ndlr] en tirant des pluies de roquettes sur un site qui aurait été le refuge de Baghdadi. Jouant aux héros, le gourou takfiriste se serait refusé à se rendre, choisissant la mort et actionnant sa ceinture d'explosif. Cette fin supposée de Baghdadi évitera évidemment comma dans le cas de Ben Laden aux Américains la peine d'avoir à dévoiler son corps au public. 

Abou Bakr al-Baghdadi apparaît dans une vidéo de propagande mise en ligne fin avril 2019 par Daech. 

Cette opération a eu lieu alors que Donald Trump qui fait face à la plus grave crise de son mandat, avait vivement besoin d’une victoire sur le plan de politique étrangère. Accusé d’avoir utilisé sa position pour demander l’aide d’un pays étranger à des fins électorales, il fait l’objet d’une enquête pour destitution. En moins d’un mois, l’Ukrainegate a placé le président américain sur la défensive. C’est pourquoi l’opération anti-al-Baghdadi à Idlib pourrait lui servir de levier de propagande.

Un certain nombre d'experts américains ont également abordé la question sur Twitter, d'autant plus que le gouvernorat d’Idlib n'est pas géographiquement lié aux derniers endroits précédemment occupés par Daech.

Le journal américain New York Times a écrit pour sa part que « les experts ont exprimé leur scepticisme quant à la présence d'Al-Baghdadi à Idlib. Bien entendu, pour justifier cette allégation, le journal a dit que, ces derniers mois, un certain nombre d’éléments de Daech avaient fui vers Idlib et même rejoint Al-Qaïda. Al-Baghdadi aurait également pu être présent de la même manière à Idlib. CNN rapporte que des experts américains enquêtent actuellement pour confirmer l'identité de la personne tuée dans l'attaque par des tests ADN. Et on risque d'avoir très rapidement le résultat puisque Trump a dit vouloir se prononcer.

À rappeler que Baghdadi avait été emprisonné pendant des années dans la prison d'Abou Ghraib lors de l'occupation américaine d’Irak où il a reçu la formation de la CIA et du Mossad et, après avoir été libéré par Washington, il a formé le groupe terroriste Daech. Au moment où l'Irak connaît un regain d'ingérence US qui prend peu à peu la forme d'un coup d'État, cette information ne pourrait être anodine : ainsi une Amérique, elle même à l'origine de Daech, vient d'en réclamer la «décapitation» non sans une arrière pensée à l'adresse des manifestants irakiens.  

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV