Un article signé Wafiq Ibrahim voit à travers la guerre USA/OTAN/Turquie à Idlib une vaste offensive anti-Russie. Il s'agit de faire en sorte que la Russie ne se rapproche pas des frontières syro-irakiennes, qu'elle ne renoue guère avec ses souvenirs soviétiques.
L’analyste arabe Wafiq Ibrahim est d’avis que les Américains, qui ne veulent absolument pas se retirer de la Syrie et abandonner le terrain à l’Iran et la Russie, font tous pour traîner la crise aussi longtemps que possible.
« À l’est de l’Euphrate, les Américains poursuivent leur présence militaire, sous couverture des Forces démocratiques syriennes (FDS) ; c’est justement depuis cette région que les États-Unis comptent étendre leur présence militaire dans le Sud. Pour le Nord, ils comptent sur la Turquie à laquelle ils exigent un soutien militaire directe aux groupes terroristes, actifs toujours dans le nord de la Syrie. Washington estime, en fait, que la Turquie pourrait bien remplacer Israël et la Jordanie et jouer un rôle important dans le nord de la Syrie. Ils pensent surtout à ce qu'Afrin et certaines localités dans la banlieue de Hama et d’Alep ne reviennent pas à l'État syrien. Washington compte traîner en longueur la guerre via la Turquie dont les ambitions pourraient servir, en même temps, les intérêts israélo-américains dans la région.
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Il est vrai que la Turquie a profité des différents russo-américains pour se rapprocher de Moscou afin d'imposer de nouveaux rapports de force. Mais Ankara apporte un soutien manifeste aux groupes terroristes que sont le Front al-Nosra ou encore les qaïdistes du Parti du Turkestan (PIT). Ce cocktail terroriste opère sous le commandement du QG "Mok" qui agit suivant les directives d’Ankara. Mais le succès est loin d'être au rendez-vous. Depuis le début de l'offensive contre Idlib, les supplétifs de l'armée turque multiplient les assauts sans pouvoir pour autant marquer des points. Mais ce faisant, ils rendent largement service aux Américains. Car à Idlib, les États-Unis cherchent avant tout à nuire aux relations turco-russes.
On sait que selon les accords de Sotchi, la Turquie aurait dû évacuer les terroristes du nord de la Syrie. Jusqu'ici Ankara n'a pas tenu sa promesse. L'affaire d'Idlib se greffe par ailleurs à cette autre affaire qu'est la vente des S-400 russes à la Turquie, transformé en un véritable levier de chantage non seulement contre Ankara mais aussi et surtout contre l'influence grandissante de Moscou au Moyen-Orient.
Pour les États-Unis, ajoute l'auteur, il est impératif de contrer le rôle et l’influence croissante russes aux frontières syro-irakiennes. En effet, cet axe Iran-Irak-Syrie-Méditerranée qui se trace en dépit des efforts effrénés des Américains et des Israéliens, inquiète terriblement. L'Amérique fait tout pour que la Russie s'empêtre dans le Nord syrien et oublie pour de bon le Sud et surtout l'Est du pays. On se rappelle en effet que l'empire soviétique avait de larges liens avec l'Irak, et que le Yémen et la Libye et le Soudan ne lui étaient pas non plus étrangers. Que la Russie soit empêtrée à Idlib, cela l'empêcherait de se rapprocher de son ancienne sphère d'influence. À Idlib se joue donc une importante bataille qui pourrait définitivement clouer au sol la Russie. Va dans le même sens, la folie sanctionniste US contre l'Iran. Les Américains se démènent pour pouvoir préserver leur hégémonie mais celle-ci a du plomb dans l'aile. L'unilatéralisme américain est mis à la rude épreuve surtout que la Russie et l'Iran font bloc contre.