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Algérie: le frère de Bouteflika et deux ex-patrons des services secrets arrêtés

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah.(Archives)

Le chef d'état-major algérien continue à malmener la France : des informations en provenance d'Alger font état de l'arrestation du général Mohamed Mediène, surnommé Toufik, et du général Athmane Tartag qui seraient actuellement auditionnés par les services de la DGSI, dans le cadre de l’enquête sur leurs activités. C'est le journal TSA qui précise que le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, avait auparavant appelé Toufik à cesser ses activités l’accusant publiquement de « comploter » contre l’armée et le mouvement populaire. 

Le frère de l'ex président Bouteflika aurait également été arrêté, personnage centrale à qui de nombreuses sources algériennes reprochent ses liens avec la France, ex-puissance colonialiste. La première sortie anti-française du général Salah remonte à 10 avril, quand l'intéressé a accusé la France de chercher à attenter à la sécurité de l’Algérie en profitant des manifestations pour semer la discorde entre les Algériens. Le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd-Salah, n’a pas cité la France nommément, mais il y a fait une allusion directe en pointant un « pays étranger qui a des liens historiques avec l’Algérie ».

Pour de nombreux observateurs politiques, la triple arrestation marque un tournant dans la politique extérieur de l'Algérie, tournant qui n'est pas forcément dans le sens souhaité par la France. Depuis le début du mouvement, le général Salah n'a cessé de se concentrer sur la scène de la politique intérieure, cherchant à éviter l'émergence de tout facteur propre à provoquer une déviation du mouvement populaire. « Il semble que l'ANP vient d'entrer dans une nouvelle phase: après avoir lancé plusieurs avertissements à la France, le pouvoir militaire a décidé de réagir. Il y a là l'expression d'une réponse algéro-algérienne aux agissements de l'ex puissance colonialiste non loin des frontières algériennes », estime Hossein Kanaani Moghadan, expert iranien des questions nord-africaines. 

Il va sans dire que l'Algérie se trouve au seuil d'un tournant stratégique : c'est le moment ou jamais de redéfinir la relation de l’Algérie vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale. Et l'arrestation de ces anciens patrons des services secrets, soutenus par Paris, témoigne d'un changement radical de politique d'Alger envers l'ancienne force d'occupation qui continue, ne serait-ce que de façon indirecte, à nuire aux intérêts « sécuritaire » de l'État algérien. En effet, Paris multiplie les risques sécuritaires aux portes de l'Algérie, ajoute l'analyste avant de poursuivre : « Au Conseil de sécurité, la France a soutenu la prolongation de six mois du mandat de la Minurso dans le Sahara occidental. Cet acte pro-Rabat n'a pas échappé au général Salah qui suit de très près les agissements français en Libye. »

Le fait que le général Haftar lance une violente offensive contre Tripoli à l'appui de l'axe Émirats-Arabie-France et que les avions et drones français bombardent Tripoli et ce, sans que Paris se donne la peine de consulter au préalable Alger n'est pas passé inaperçu aux yeux de l'ANP qui y a vu un méga défi lancé à son encontre. Depuis que Haftar s'est enlisé aux portes de Tripoli, les milices terroristes se multiplient en Libye. Daech s'est aussi invité dans le jeu et se donne à ses exercices favorites à savoir décapitation, démembrement ...En dépit du soutien apporté par les États-Unis à Haftar, ce dernier n'avance pas vraiment. On se demande s'il a vraiment l’intention de prendre Tripoli ou bien si sa vraie mission consiste à créer « un hub terroriste » sur les portes d'Algérie. Or la politique de deux poids deux mesures de Paris ne plaît guère à Alger qui se voit être visée par la guerre civile libyenne », ajoute l'expert. 

« Quant au Sahel, les démarches françaises consistent aussi bien au Mali qu'au Niger et ailleurs à réduire le poids et l’influence de l’Algérie dans la région. À l'aide des États-Unis et d'Israël, la France fait tout pour repousser l’Algérie hors de son environnement naturel afin d’imposer un «schéma de sécurisation» qui est destiné, avant tout, à pérenniser la présence française pour ses propres intérêts stratégiques, économiques et miniers. Il était donc grand temps que l'ANP coupe les liens avec la France et la remette à sa place, souligne Kanaani Moghadam qui se dit toutefois inquiet du poids grandissant US sur la scène algérienne. 

« Après avoir réussi à s'infiltrer dans le secteur du pétrole de schiste algérien, les États-Unis continuent à amplifier leur présence et leur action. Alors que les États-Unis ont placé l'Algérie sur la liste des pays à risque, leur ambassadeur multiplie les tournées à travers le territoire et ma foi sa visite suscite des questions. John P. Desrocher, ambassadeur des États-Unis en Algérie, s’est rendu dans la wilaya d’Ain Defla et s'est entretenu  avec le Wali Aziz Benyoucef avec qui il a évoqué le fort potentiel économique et culturel de la région et les possibilités de coopération dans divers secteurs. L'ambassadeur a mis la main sur un autre secteur stratégique, le métal au cours de cette visite prétendant vouloir aider l'Algérie à « diversifier son économie sur la base de pratiques commerciales solides et de transferts de connaissances avancés. C'est bien mais la situation actuelle en Algérie semble accorder aux Américains une liberté de mouvement dont ils ne jouissaient pas auparavant. Ce n'est forcément une bonne chose ».

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV