Le 6 mars, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié les exportations de pétrole iranien de « contrebande de pétrole ». Largement éprouvé par l'avancée que prennent ses adversaires dans les sondages à l'approche des législatives anticipées du 4 avril, Netanyahu a implicitement menacé les pétroliers iraniens en prétendant que "la marine israélienne pourrait mettre fin à cette contrebande du brut iranien si nécessaire". Le mot "contrebande" revient dans le discours israélien au transit libre du pétrole iranien que les États-Unis ont tenté de compromettre dès le mois d'août 2018 sans en être capable le moins du monde. Israël, américanodépendant en tout point, peut-il faire ce que son maître n'a pas pu faire?
Le général de brigade Amir Hatami, ministre iranien de la Défense et de la logistique, a la réponse : « Évidemment, s’ils (les Israéliens, NDLR) se livraient à une telle action, elle sera considérée comme un acte de guerre contre la sécurité internationale et une piraterie et recevra la réponse adéquate ».
Le général Hatami a souligné que la République islamique d’Iran serait capable d’y réagir en donnant une réponse cinglante et que la communauté internationale n’accepterait pas cette agression.
« La riposte iranienne sera proportionnelle et, vous vous en doutez, bien plus forte qu'Israël puisse imaginer. En effet les alliés traditionnels d'Israël en pâtiront aussi puisque l'Iran réagira en parfaite légalité et en conformité au droit international. Les forces armées iraniennes savent bien comment défendre la liberté de navigation du pays face à ce genre de menace. Elles le font d'ailleurs pour les pétroliers étrangers», a-t-il précisé.
Les États-Unis menacent les pétroliers iraniens
Ce n’est pas la première fois que les exportations iraniennes de pétrole sont menacées. L'Américain Brian Hooke, qui dirige le groupe d’action iranienne au département d’État américain, n'avait pas écarté la probabilité d’un incident impliquant les États-Unis et visant les pétroliers iraniens : « Ces pétroliers ne peuvent plus être couverts par une assurance internationale et ils le seront éventuellement par une assurance iranienne. Les navires iraniens constituent désormais une menace pour chaque port et canal depuis le canal de Suez jusqu’au détroit de Malacca. La probabilité d’un incident est élevée. »
Peu de temps après avoir émis ces menaces, les États-Unis ont été toutefois amenés à décider des exonérations à l'adresse des principaux clients du pétrole iranien.
Mais Israël est-il capable d'engager une guerre navale contre l'Iran?
Déjà en termes numériques, Israël n'a rien à dire face à l'Iran : les experts relèvent que la marine israélienne ne possède que 3 corvettes de classe Saar et 8 navires-lanceur de missiles opérant en Méditerranée, dans la mer Rouge et dans le canal de Suez. C'est peu, bien peu par rapport à une flotte iranienne diversifiée et innovante. Mais il y a plus: le champ d'action de la Marine iranienne touche depuis longtemps les eaux internationale. L’Iran est présent dans les eaux libres, notamment dans le golfe d’Aden, le détroit de Bab el-Mandeb, la mer Rouge, le canal de Suez et la mer Méditerranée. Lors de ses missions lointaines, la flotte iranienne utilise ses divers destroyers de fabrication locale tels que Jamaran et Sahand, et d’autres destroyers comme Alborz, Alvand et Sabalan. Les 3 sous-marins lourds, Nouh, Younes et Tariq, ainsi que son sous-marin semi-lourd de classe Fateh sont bien opérationnels. Et le nec plus ultra : les capacités balistiques iraniennes accompagnent les destroyers et les sous-marins du pays : la flotte iranienne utilise largement des missiles de croisière, des torpilles et des missiles anti-navires lors de ses opérations.
