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Le niet de Poutine à Erdogan: pas d'accord sans la Syrie et l'Iran

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président russe, Vladimir Poutine (G) et son homologue turc, Recep Tayyib Erdogan. (Photo d'archives)

Il y a de lumineuses idées qui traverse l'esprit du président turc, genre : "mettons de côté la Syrie et l'Iran dans le dossier d'Idlib et parlons-en entre nous, Russes et Turcs". Plus de trois mois après l'entrée en vigueur de l'accord sur le désarmement des terroristes à Idlib, force est de constater que ces derniers n'ont accompli aucune des clauses de l'accord de cessez le feu. Pas de désarmement digne de ce nom, pas de retrait des éléments armés non plus, les terroristes soutenus par Ankara ont en outre réussi à se faire une bonne santé et à se faire aider part les Nosratistes pour reprendre de plus belles leurs attaques aux missiles et aux roquettes contre Hama, Lattaquié ou encore Alep. À Alep, les terroristes en ont été il y a une dizaine de jours à lancer une attaque chimique dans des localités contrôlées par l'armée.

Cet état de faits ne passe évidemment pas inaperçu aux yeux du Kremlin et de son pissant chef. En marge du sommet du G20, le président russe Vladimir Poutine a appelé samedi son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à prendre des "mesures plus énergiques" afin de cimenter la trêve dans la province syrienne d'Idlib. Mais il n'en est pas resté là :  Poutine a souligné aussi que pour le règlement de la crise syrienne, il fallait prendre en compte les positions de Téhéran et Damas. La réponse du berger à la bergère.   

M. Poutine a également fait allusion à la coopération de son pays avec la Turquie, sans manquer de préciser que le président turc Recep Tayyip Erdogan et lui-même n’hésiteraient pas à négocier au sujet d’un règlement de la crise en Syrie, façon de rappeler à son interlocuteur ses "méthodes à la casaque" et surtout ses désengagements multiples. 

En effet, l’Iran, la Russie et la Turquie ont entamé depuis l’an dernier des efforts conjoints pour résoudre la crise syrienne, efforts qui ont abouti au rétablissement de la trêve dans de larges pans du territoire syrien. Mais à Idlib ces accords achoppent sur la volonté d'Ankara de nager entre deux mondes, d'être ami de la Russie et copain des Américains.  

La 11e session des négociations d’Astana sur un règlement pacifique en Syrie a eu lieu les 28 et 29 novembre au Kazakhstan avec la participation des représentants d’Iran, de Russie et de Turquie, ce que cette dernière ne devrait pas oublier surtout que la déclaration finale de la 11e session des négociations d’Astana met l’accent sur la préservation de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie ainsi que sur les objectifs et principes de la Charte des Nations unies.

Le représentant permanent de la Syrie auprès des Nations unies Bachar al-Jaafari, qui présidait la délégation syrienne à Astana, a déclaré à l’issue de ces mêmes négociations que la partie turque ne respectait pas les engagements qu’elle avait pris dans le cadre de l’accord de Sotchi et il avait raison : « La Turquie avait garanti que les terroristes opérant à Idlib respecteraient le cessez-le-feu, mais Ankara n’a pas tenu sa promesse ». 

En ce qui concerne les relations qu’entretient la Syrie avec l’Iran et la Russie, al-Jaafari a indiqué : « Nous sommes en coordination totale avec l’Iran et la Russie, parties garantes de l’accord. Rien n’interviendra à Astana sans le consentement de la Syrie. » Les propos du président russe à Buenos Aires s'inscrivent exactement dans le même sens : Au stade où en sont les choses, la Russie ne peut conclure aucun accord qui ignorerait la Syrie et l'Iran. Cette réalité, le président turc le sait sans doute mais ce qu'il cherche, c'est visiblement un autre objectif : 

« Je souhaite rappeler les acquis obtenus au cours de notre réunion quadripartite (Russie, Turquie, France, Allemagne) à Istanbul. Nous nous sommes entretenus des démarches importantes que nous nous devrons de franchir en Syrie pour résoudre la crise. » 

Selon les analystes qui savent bien lire entre les lignes, ces déclarations de M. Erdogan, tenus presque simultanément à la toute dernière attaque israélienne (30 novembre) contre le sud syrien a un sens : l'OTAN veut sa part sinon elle ferait capoter l'accord de Sotchi, plus que cela et la Turquie est bien partante. LA Russie finira-t-elle par se soumettre? Rien n'est moins sûr. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV