Le président turc a accusé, implicitement, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane d’implication dans l’assassinat de Jamal Khashoggi. Ce sont les accusations les plus directes contre Riyad, mais pas contre le roi Salmane.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré, vendredi 2 novembre, que l'ordre d'assassiner Jamal Khashoggi avait été reçu « des plus hauts niveaux » du gouvernement saoudien.
Erdogan a écrit dans un article pour The Washington Post qu’il « ne croyait pas une seconde » que le roi Salmane ait ordonné l'assassinat du dissident journaliste, oubliant, toutefois, de dire que le prince était innocent.
Erdogan menace : Le président turc a appelé Riyad à révéler l'endroit du corps du journaliste assassiné, précisant que la Turquie disposait de preuves supplémentaires qu'elle n’avait pas encore divulguées https://t.co/rmydsBWP8v
— Press TV Français (@PresstvFr) October 26, 2018
« Nous savons que les auteurs figurent parmi les 18 suspects détenus en Arabie saoudite. Nous savons également que ces personnes sont venues pour exécuter leurs ordres: tuer Khashoggi et repartir. Enfin, nous savons que l'ordre de tuer Khashoggi vient des plus hauts niveaux du gouvernement saoudien », a poursuivi Erdogan, qui a ainsi, implicitement accusé le prince héritier Mohammed ben Salmane.
Erdogan a ajouté que son gouvernement continuerait à poser d'autres questions « aux autorités saoudiennes ayant refusé de répondre » pour savoir, entre autres, le lieu où se trouve le corps de Khashoggi et le nom de celui qui a ordonné son assassinat.
L’approche du gouvernement turc consiste à accuser indirectement les hauts responsables saoudiens, tout en diffusant des informations plus ou moins détaillées via la presse. Cette approche lui a fait éviter une escalade avec l’Arabie saoudite, mais dans le même temps de ternir largement l’image du royaume saoudien, accusé d’assassinat sommaire de ses opposants.
Erdogan se sert de l’affaire Khashoggi pour se venger de l’Arabie saouditehttps://t.co/BOZ14r24xY pic.twitter.com/eHZCFjHuwU
— Press TV Français (@PresstvFr) October 22, 2018
Ankara n’a expulsé aucun responsable saoudien résidant en Turquie, se contentant de faire pression sur le consulat de l’Arabie saoudite. La réserve dont les Turcs ont fait preuve a conduit les Saoudiens ainsi leurs alliés américains à affirmer que le journaliste Khashoggi a été assassiné.
Mohammed ben Salmane semble donc être le seul avec qui les Turcs ne souhaitent pas négocier si l'on se réfère aux informations remises aux Américains et aux médias internationaux. Il semble qu’Erdogan a trouvé la bonne opportunité pour venger le coup d’État de 2016 derrière lequel se trouvent, dit-on, des services d’espionnage saoudien ainsi que l’hostilité des États saoudien et émirati envers les Frères musulmans.
Le vrai objectif d’Erdogan est d’éliminer Mohammed ben Salmane. Une victoire inédite pour lui s'il réussit. Et s’il échoue, ce jeu politique lui aura au moins permis de discréditer le prince Salmane auprès des Occidentaux.
Vu les rumeurs sur un possible coup d'État blanc au sein de la famille royale saoudienne, il est vrai que le président turc ne peut pas cacher son désir qu'un nouveau prince héritier saoudien soit un personnage plus proche des Frères musulmans.