Le ministre saoudien de l’Énergie Khalid al-Falih, qui avait prétendu dix jours auparavant que le transfert de pétrole via le détroit de Bab el-Mandeb avait été suspendu faute de sécurité, a fait part ce samedi 4 août de la reprise des acheminements de pétrole via ce détroit stratégique en mer Rouge.
Selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA, le ministre saoudien de l’Énergie a affirmé que les acheminements de pétrole brut par navire via le détroit de Bab el-Mandeb en mer Rouge reprendraient samedi.
Riyad avait annoncé le 25 juillet qu’il suspendait provisoirement ses acheminements de brut par ce détroit, jusqu’à ce que la situation soit éclaircie et que le transit maritime soit sécurisé. Et ce, alors qu’aucun autre pays n’a confirmé que le détroit de Bab el-Mandeb, où circulaient quotidiennement plus de 50 navires, était un endroit non sûr.
Cette voie maritime, qui passe à proximité des côtes du Yémen, est l’une des plus stratégiques pour les tankers assurant le commerce de pétrole brut entre le Moyen-Orient et le reste du monde. Sa fermeture pourrait suspendre les exportations de 4,8 millions de barils de brut et de produits pétroliers par jour vers l’Europe et les États-Unis. C’est pourquoi certains analystes estiment que par la suspension des acheminements de brut via ce détroit, l’Arabie saoudite chercherait à faire pression sur ses alliés européens soutenant l’accord nucléaire, pour qu’ils adoptent une position plus sérieuse face à Téhéran.
La compagnie pétrolière nationale Saudi Aramco avait déjà prétendu dans un communiqué que lors de la guerre contre le Yémen, deux pétroliers saoudiens, ayant chacun à son bord deux millions barils de pétrole, avaient été visés, mais l’armée yéménite a annoncé, dans un communiqué officiel, avoir visé des navires de guerre de la coalition pro-Riyad.
Pas de doute pour le twitteur saoudien qui utilise le pseudo Mujtahid : le prince héritier saoudien cherche à dissimuler la réalité au sujet du navire ciblé le 25 juillet par la marine yéménite, près du détroit de Bab el-Mandeb.
Dans un tweet posté le jeudi 26 juillet, le blogueur saoudien a évoqué la destruction de deux navires de guerre saoudiens par les commandos marins d’Ansarallah. Le navire ciblé était, selon lui, bel et bien un navire de guerre saoudien, bien que Mohammed ben Salmane refusât de l’admettre. N’estimant pas Ansarallah capable de viser les navires de guerre saoudiens, l’ambitieux prince prétend qu’il s’agissait d’un pétrolier. Mujtahid note que le prince, qu’il qualifie d’« idiot », ne peut pas comprendre qu’il est pire de reconnaître l’impuissance de Riyad à assurer la sécurité de ses pétroliers sur le détroit de Bab el-Mandeb après trois années de guerre que de reconnaître que l’un de ses navires de guerre a été visé.
Le Yémen a ciblé jusqu’à présent plusieurs navires et des navettes de guerre de la coalition pro-Riyad sur la côte ouest et n’a jamais fait part d’attaque contre aucun pétrolier.
C’est en mars 2015 qu’une coalition militaire commandée par l’Arabie saoudite est intervenue au Yémen voisin pour faire revenir au pouvoir le président démissionnaire, Abd Rabbo Mansour Hadi. Depuis, le Yémen fait l’objet de vastes attaques aériennes, terrestres et maritimes et d’un blocus inhumain imposé par le régime saoudien et ses alliés. Malgré leur enlisement, l’Arabie saoudite et ses alliés s’obstinent à poursuivre leurs offensives militaires contre le Yémen, où plus de 36 000 civils ont été tués et blessés et où plus de 80 % des infrastructures du pays ont été réduits à néant.