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Avoirs russes gelés : la Banque centrale russe réclame 200 milliards d’euros à Euroclear, soit un tiers du PIB belge

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le siège de la banque centrale de la Fédération de Russie. ©Shutterstock/Archives

Les tensions autour du gel des avoirs russes en Europe montent. Le géant des règlements et des livraisons de titres au monde, Euroclear, est au centre d’une bataille entre des États européens, la Russie et l’Ukraine. 

Alors que les alliés européens de l’Ukraine tentent de lui accorder un prêt de réparation, la Banque centrale russe a intenté une action en justice afin de réclamer 18,2 billions de roubles, soit 200 milliards d’euros, à l’institution financière belge Euroclear, qui détient 185 milliards d’euros d’avoirs russes immobilisés à la suite de la guerre en Ukraine. La somme réclamée équivaut à un tiers du PIB belge. La Banque centrale russe demande que le procès se déroule à huis clos. Elle fait valoir qu’Euroclear se rend coupable d’actions illégales qui empêchent Moscou de disposer de ses fonds.

Cette action en justice intentée par la Banque centrale russe a suscité la réaction des alliés européens de Kiev, qui ne cessent de mettre de l’huile sur le feu de la guerre en Ukraine par leurs décisions, y compris le gel des avoirs russes. La Commission européenne a qualifié de « spéculative » et « sans fondement » l’action en justice russe contre Euroclear.

« Nous nous attendons à ce que la Russie continue de lancer des procédures judiciaires spéculatives pour empêcher l’UE de faire respecter le droit international et de poursuivre l’obligation légale pour la Russie de compenser l’Ukraine pour les dommages qu’elle a causés », a déclaré le commissaire européen à l’économie, Valdis Dombrovskis.

L’utilisation des avoirs russes bloqués chez Euroclear fait l’objet d’un débat en Europe. La Belgique s’inquiète des risques financiers et économiques en cas de prêt de réparations à l’Ukraine.

En septembre 2025, le chancelier allemand Friedrich Merz disait créer un mécanisme pour prêter 140 milliards d’euros à l’Ukraine en se basant sur les 193 milliards d’euros d’avoirs russes gelés depuis la guerre en Ukraine, mais sans les confisquer. Des avoirs qui proviennent majoritairement de la banque centrale de Russie. Cette somme astronomique se trouve en fait en Belgique, plus précisément dans des comptes d’Euroclear, une société qui gère le plus grand système de règlement et de livraison de titres au monde, pour des opérations nationales et internationales. Euroclear est une sorte de coffre-fort de la finance internationale, qui conserve quelque 40 700 milliards d’euros. Un joli pactole, représentant 40 % du PIB mondial, se trouve donc dans ses livres.Toutes ses transactions sont dématérialisées, puisque les données sont hébergées dans plusieurs centres de données à travers le monde. Ce géant se trouve aujourd’hui au centre d’une bataille entre des États européens, la Russie et l’Ukraine.

Les fonds russes gelés intéressent vivement ceux qui veulent livrer des soutiens militaires à Kiev. Cependant, la Belgique est montée aux barricades dès qu’elle a eu vent du projet européen de s’appuyer sur les avoirs gelés russes chez Euroclear. « Bas les pattes ». Voici la réaction de la directrice générale d’Euroclear, Valérie Urbain qui a aussi affirmé qu’une confiscation illégale affaiblira l’Europe.

Pour sa part, le Premier ministre belge, Bart De Wever, a mis l’accent sur le manque de précédents légaux de cette décision, en ajoutant : « Quand vous êtes un politicien et que vous voyez un pot d’or, c’est irrésistible ».

Ce que craint M. De Wever, ce sont des représailles russes de tout acabit, y compris des poursuites et des sanctions. La Belgique croit de plus que confisquer ces fonds pourrait venir torpiller la réputation d’Euroclear. Le Premier ministre belge a suggéré aux pays membres de l’Union européenne de se porter garants de la somme en question.

Cette prise de position intervient alors que la haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, a réitéré ce lundi 15 décembre la nécessité d’obtenir le soutien de la Belgique alors que l’Union européenne s’apprête à décider de l’utilisation des avoirs russes gelés pour financer l’Ukraine, affirmant que les ministres ne quitteraient pas la réunion du 18 décembre sans résultat.

« Sans la Belgique, ce ne serait pas très facile, car elle détient la majorité des actifs, et je pense qu’il est important qu’elle soit à bord », a ajouté Kaja Kallas.

Ses remarques interviennent après que l’Italie, la Bulgarie, Malte et la République tchèque ont exprimé de nouvelles réserves sur le prêt destiné à financer les réparations, renforçant ainsi considérablement l’opposition de la Belgique.

Ceci tombe alors que les dirigeants de l’Union européenne doivent se retrouver jeudi et vendredi à Bruxelles pour discuter du soutien financier à l’Ukraine.

À cette occasion, la Commission européenne espère une percée sur l’octroi d’un « prêt de réparation » de quelque 90 milliards d’euros à l’Ukraine. L’idée de l’exécutif européen est d’utiliser les avoirs russes gelés comme garantie à ce prêt.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV