Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a rencontré dimanche le dirigeant de facto syrien Ahmed al-Sharaa – également connu sous le nom d'Abou Mohammad al-Jolani – pour discuter du soutien à la nouvelle administration à Damas.
Des photographies diffusées, ce dimanche 22 décembre, par le ministère turc des Affaires étrangères ont montré Fidan et al-Sharaa, qui dirige le groupe armé Hayat Tahrir al-Cham (HTC), marchant devant une grande délégation à Damas avant de poser pour des photos.
Une vidéo mise en ligne par l'agence de presse officielle turque Anadolu montre les deux hommes se saluant chaleureusement, se serrant la main et s'embrassant.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait part vendredi de la prochaine visite de son ministre des Affaires étrangères à Damas pour discuter de la nouvelle structure en Syrie.
Le chargé d'affaires turc en Syrie, Burhan Koroglu, a indiqué dimanche que le président turc Recep Tayyip Erdogan se rendrait bientôt à Damas.
Le chef des services secrets turcs, Ibrahim Kalin, s'était déjà rendu dans la capitale syrienne le 12 décembre, quelques jours seulement après que les groupes armés syriens ont renversé le gouvernement du président Bachar al-Assad.
La Turquie a été un soutien clé de divers groupes armés, opposés au gouvernement Assad ces dernières années.
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Cependant, Fidan a rejeté les affirmations du président américain élu Donald Trump selon lesquelles la victoire des groupes armés en Syrie constituait une « prise de contrôle hostile » de ce pays par la Turquie.
En 2013, Washington avait désigné al-Sharaa comme terroriste, affirmant qu'Al-Qaïda en Irak lui avait confié la mission de renverser le gouvernement du président Assad en Syrie. Mais vendredi, des responsables américains ont annoncé que Washington supprimerait la prime de 10 millions de dollars offerte sur sa tête.
HTC était affilié à Al-Qaïda et opérait à Idlib depuis des années jusqu'à ce qu'il lance l'offensive éclair fin novembre, s'emparant des villes de l'ouest de la Syrie et de la capitale Damas.
HTC et de nombreux autres groupes armés ont pris le contrôle de Damas le 8 décembre, forçant Assad à quitter son pays.
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La Turquie veut que le chef de HTC démantèle les groupes kurdes en Syrie
Samedi, Fidan a déclaré que la Turquie ferait « tout ce qu'il faut » pour assurer sa sécurité si la nouvelle administration syrienne ne peut pas répondre aux préoccupations d'Ankara concernant les groupes kurdes alliés des États-Unis, qualifiés de terroristes par Ankara.
Les hostilités se sont intensifiées depuis la chute du gouvernement Assad il y a moins de deux semaines, la Turquie et des groupes syriens ayant repris la ville de Manbij aux Forces démocratiques syriennes (FDS) affiliés aux États-Unis le 9 décembre.
La Turquie considère les YPG, (Unités de protection du peuple) principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui combattent une insurrection contre l'État turc depuis 40 ans et sont considérés comme des terroristes par Ankara.
Au coude-à-coude avec des groupes armés alliés, la Turquie a lancé plusieurs offensives transfrontalières contre les FDS dirigées par les YPG dans le nord de la Syrie, tout en exigeant à plusieurs reprises que les États-Unis cessent de soutenir les Kurdes.
Récemment, Fidan a déclaré dans une interview que l'option préférée d'Ankara était que la nouvelle administration à Damas dissolve immédiatement les YPG.
« Si cela ne se produit pas, nous devons protéger notre propre sécurité nationale », a-t-il dit. A la question de savoir si cela impliquait une action militaire, Fidan a rétorqué : « Quoi qu'il en coûte ».
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