Le 21 juillet, une voie ferrée d’importance vitale pour le commerce et le transit de marchandises entre l’Iran et la Chine a été inaugurée. Cette nouvelle liaison renforce considérablement l’économie de la République islamique d’Iran, offrant ainsi une alternative aux sanctions imposées par les pays occidentaux.
De plus, elle consolide les relations commerciales directes entre Téhéran et Pékin et représente une opportunité majeure pour l’Iran de diversifier ses partenariats commerciaux et de renforcer sa position sur la scène internationale.
En établissant cette ligne de chemin de fer reliant les deux pays, l’Iran peut contourner les restrictions imposées par les pays occidentaux et assurer un flux continu de biens et de services.
Pour se rendre du centre de l’Iran au nord-ouest de la Chine -un périple de 10 297 km-, il faut compter deux semaines de voyage par voie terrestre, soit la moitié du temps nécessaire pour un trajet équivalent par voie maritime.
Il est à noter qu’un train de marchandises en provenance de Chine arrivera en Iran dans deux jours.
Un train a quitté ce dimanche 21 juillet le dépôt d’Aprin à Eslamshahr, dans la province de Téhéran, en transportant des dizaines de conteneurs. Sa destination finale est Yiwu en Chine, mais il fera d’abord escale à Incheh Borun, à la frontière avec le Turkménistan, puis à Altynkol au Kazakhstan.
Morteza Jaafari, vice-président du commerce et des opérations ferroviaires, a annoncé dimanche 21 juillet que le projet visait à mettre en circulation, dans un premier temps, un train par semaine dans les deux sens entre l’Iran et la Chine, avant de passer à un train par jour.
Ce projet, qui vient d’être officiellement lancé, représente un élément important du développement du corridor « Chine-Asie centrale-Asie de l’Ouest-Europe », tel qu’il a été dévoilé dans le cadre de l’initiative « Ceinture et Route » en 2013.
En octobre dernier, les représentants du transport et des chemins de fer du Kazakhstan, du Turkménistan, de l’Iran et de la Turquie ont discuté des détails de la nouvelle route de transit eurasienne.
Lors de la cérémonie qui s’est déroulée dimanche dernier, l’ambassadeur du Kazakhstan à Téhéran, Ontalap Onalbayev, a partagé son optimisme quant à la future connexion de la nouvelle ligne ferroviaire avec la Turquie et l’Union européenne.
L’Iran cherche à utiliser ses atouts commerciaux, notamment ses avantages géographiques et ses opportunités de transit pour stimuler le commerce régional.
Au cours des dernières années, l’Iran a élargi ses routes commerciales avec les pays amis, notamment via le corridor de transport international Nord-Sud (INSTC), un projet de connectivité multimodale qui établit des réseaux de transport parmi l’Inde, la Russie, l’Iran, l’Europe et l’Asie centrale.
L’année dernière, le défunt président iranien Ebrahim Raïssi et son homologue russe Vladimir Poutine ont conclu un accord pour établir le chemin de fer entre Rasht et Astara (nord de l’Iran). Ce projet vise à renforcer l’INSTC en établissant une liaison directe entre l’Asie du Sud et l’Europe du Nord. Il est prévu que cette nouvelle voie de transport puisse potentiellement concurrencer le canal de Suez.
Quelques semaines plus tard, feu Raïssi a inauguré la deuxième phase du projet ferroviaire Mianeh-Tabriz (nord-ouest de l’Iran), qui reliera pour la première fois les chemins de fer iraniens à l’Europe.
Le président iranien nouvellement élu Massoud Pezeshkian a récemment confirmé qu’il poursuivrait la voie tracée par son prédécesseur. Il a déclaré que la République islamique d’Iran continuerait à donner la priorité à la coopération bilatérale et multilatérale avec la Russie et la Chine, en particulier dans le cadre des BRICS, de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et de l’Union économique eurasiatique.
Alors que l’horizon des relations avec l’Occident demeure incertain, il est impératif pour l’Iran de consolider sa sécurité économique. Une stratégie efficace consisterait à exploiter pleinement la situation géographique du pays pour créer des corridors de transit et renforcer la coopération avec les pays non alignés sur les États-Unis.
La Chine se présente comme l’un des meilleurs choix pour répondre aux besoins de l’Iran, car elle détient la plupart des ressources dont ce dernier a besoin. Avec ses immenses réserves de pétrole et de gaz, l’Iran compte sur l’exportation des hydrocarbures pour mieux assurer son développement économique. De son côté, la Chine a un besoin constant d’importer des hydrocarbures pour alimenter sa croissance économique.
La Chine a toutefois continué à entretenir ses relations commerciales avec Téhéran, en particulier en ce qui concerne ses importations de pétrole. En mars 2021, un accord de coopération de 25 ans a été conclu dans le but de consolider les relations économiques et politiques de longue date entre les deux pays.
Ce nouveau chemin de fer améliorera les relations commerciales entre les deux pays partenaires. Cela permettra à la Chine de répondre à ses besoins en matières premières et en ressources énergétiques en provenance d’Afrique et d’Asie occidentale, tout en bénéficiant à l’Iran en contrecarrant les effets des sanctions économiques imposées par l’Occident.
La route iranienne est un moteur pour le réseau commercial ambitieux d’Asie centrale, qui suscite un grand enthousiasme parmi les nations.
La croissance rapide du réseau crée des occasions pour les économies régionales en Asie centrale avec des voies commerciales alternatives à moindre coût.
Ce corridor commercial apporte à l’Iran de précieuses opportunités d’expansion à un moment où la grande majorité de ses échanges internationaux se font par voie maritime. Il consolide également le projet de longue date du pays de devenir un centre de transport régional, renforçant ainsi sa position stratégique sur la scène internationale.
Téhéran offre à Pékin l’occasion de réduire le transport de marchandises dans l’océan Indien et sa dépendance à l’égard du détroit de Malacca, qui est souvent considéré comme un point de vulnérabilité pour la Chine.
Le détroit de Malacca est le passage obligé de la plupart des échanges commerciaux de la Chine, notamment de ses importations de pétrole et de gaz naturel, étant donné le contrôle du détroit par les États-Unis.
Alors que les tensions entre Pékin et Washington s’intensifient au sujet de Taïwan et de la mer de Chine méridionale, la nouvelle route commerciale terrestre limite l’influence des États-Unis et renforce la position de la Chine.
En conclusion, la diversification des voies de transit offre à l’Iran une opportunité de consolider son engagement stratégique avec la Chine et de faciliter les échanges commerciaux avec d’autres pays.