Le président iranien élu, Massoud Pezeshkian, a déclaré que son gouvernement accorderait la priorité au renforcement des liens avec les pays voisins.
« Mon gouvernement donnera la priorité au renforcement des relations avec les voisins », a écrit Pezeshkian dans un article publié vendredi 12 juillet par The Tehran Times.
« Nous défendrons la création d’une « région forte » plutôt que d’une région dans laquelle un seul pays recherche l’hégémonie et la domination sur les autres », a-t-il ajouté.
Le président élu écrit : « Je suis fermement convaincu que les pays voisins et frères ne doivent pas gaspiller leurs précieuses ressources dans une concurrence d'usure ou une course aux armements et se créer des obstacles les uns aux autres. Notre objectif devrait plutôt être de créer une ambiance dans laquelle les ressources de chacun sont consacrées au progrès et au développement de la région, pour le bénéfice de tous ».
« Nous sommes, précise le président élu, déterminés à coopérer avec la Turquie, l'Arabie Saoudite, Oman, l'Irak, Bahreïn, le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis et les organisations régionales afin d'approfondir les relations économiques, de renforcer les relations commerciales, d’augmenter les investissements conjoints, de faire face aux défis communs et de créer un cadre à l’échelle régionale pour le dialogue, le renforcement de la confiance et le développement. »
Et à Pezeshkian d’ajouter : « En tant que pays possédant des ressources abondantes et des traditions communes issues des enseignements islamiques pacifiques, nous devons nous unir et nous appuyer sur le pouvoir de la logique plutôt que sur la logique du pouvoir. Nous pouvons tirer parti de notre capacité d’établissement de normes pour jouer un rôle majeur dans le « monde postpolaire », afin de renforcer la paix, de créer une ambiance pacifique pour un développement durable, de rendre le terrain plus propice au dialogue et de lutter contre l’islamophobie. À cet égard, l’Iran sera prêt à jouer son propre rôle pour aller dans le sens de la réalisation de ces objectifs».
Le président élu a jusqu'à présent eu des appels téléphoniques ou reçu des messages écrits de dirigeants et de hauts responsables des pays tels que la Russie, la Chine, le Koweït, les Émirats arabes unis, l'Irak, Bahreïn, le Bangladesh, le Pakistan, la Jordanie, l'Égypte, la Syrie, et l'Algérie.
La Mauritanie, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, le Turkménistan, Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, la Biélorussie, la Géorgie, Cuba, la Bolivie, le Venezuela, le Nicaragua, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, les Seychelles, l’Inde, les Maldives, la Turquie, la Serbie, la Croatie, le Japon, l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, la Corée du Sud et la Corée du Nord font partie des autres pays dont les autorités ont félicité Pezeshkian.
« Un cessez-le-feu permanent à Gaza est nécessaire »
Dans une autre partie de sa note, Pezeshkian écrit : « Mon gouvernement exhortera dans un premier temps les pays arabes voisins à collaborer et à utiliser tous les leviers politiques et diplomatiques pour donner la priorité à la réalisation d’un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, visant à mettre fin au massacre et à empêcher un élargissement des conflits. »
« Nous devons ensuite travailler avec diligence pour mettre fin à l'occupation prolongée qui a dévasté la vie de quatre générations de Palestiniens », a-t-il fait remarquer.
« Dans ce contexte, je tiens à souligner que tous les États ont le devoir contraignant, en vertu de la Convention sur le génocide de 1948, de prendre des mesures pour prévenir le génocide ; il ne faut pas le récompenser par une normalisation des relations avec les auteurs [d’un tel crime] », a-t-il martelé.
Il a, par ailleurs, apprécié les jeunes des pays occidentaux qui « ont reconnu l’exactitude de notre position de plusieurs décennies face au régime israélien ».
Liens avec la Chine et la Russie
Le président élu iranien a félicité la Chine et la Russie pour leur soutien constant à l’Iran « dans des moments difficiles »: « Nous apprécions profondément cette amitié ».
« Notre feuille de route de 25 ans avec la Chine représente une étape importante vers l’établissement d’un « partenariat stratégique global » mutuellement bénéfique, et nous sommes impatients de collaborer plus largement avec Pékin à mesure que nous progressons vers un nouvel ordre mondial », a expliqué le président élu.
« En 2023, la Chine a joué un rôle essentiel dans la normalisation de nos relations avec l'Arabie saoudite, en démontrant son approche constructive et avant-gardiste envers les questions internationales », a-t-il par ailleurs rappelé.
Pezeshkian a d’ailleurs qualifié la Russie d’« allié stratégique précieux et voisin de l’Iran », déclarant que son gouvernement resterait « déterminé à élargir et à renforcer [la] coopération [avec Moscou] : « Nous luttons pour la paix entre les peuples de Russie et d’Ukraine, et mon gouvernement sera prêt à soutenir activement les initiatives visant à atteindre cet objectif. Je continuerai à donner la priorité à la coopération bilatérale et multilatérale avec la Russie, en particulier dans des cadres tels que les BRICS, l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l'Union économique eurasiatique ».
Relations avec l'Amérique latine
Le président élu indique que les relations de l'Iran avec l'Amérique latine sont bien établies et qu’elles seront étroitement entretenues et approfondies pour favoriser le développement, le dialogue et la coopération dans tous les domaines.
« Il existe un potentiel de coopération bien plus important entre l’Iran et les pays d’Amérique latine que ce qui est actuellement réalisé, et nous sommes impatients de renforcer davantage nos liens », a-t-il dit en ajoutant : « La capacité de coopération entre l’Iran et les pays d’Amérique latine est bien plus grande que ce à quoi nous assistons actuellement. Nous sommes impatients de renforcer davantage nos relations avec ces pays ».
Relations avec l'Europe
« Les relations de l’Iran avec l’Europe ont connu des hauts et des bas », a écrit le président élu.
« Après le retrait des États-Unis du Plan d'action global commun (PAGC) en mai 2018, les pays européens ont pris onze engagements envers l'Iran pour tenter de sauver l'accord et d'atténuer les effets des sanctions illégales et unilatérales des États-Unis sur notre économie », a rappelé M. Pezeshkian.
Il a déploré que les pays européens « aient renoncé à ces engagements, tout en s’attendant de manière déraisonnable à ce que l’Iran remplisse unilatéralement tous ses engagements dans le cadre du PAGC ».
« Malgré ces faux pas, j'ai hâte de commencer un dialogue constructif avec les pays européens pour mettre nos relations sur la bonne voie, fondées sur les principes de respect mutuel et d'égalité », a-t-il ajouté.
Les États-Unis doivent comprendre que « l’Iran ne répond pas aux pressions »
Pezeshkian a écrit que « les États-Unis doivent également reconnaître la réalité et comprendre, une fois pour toutes que l’Iran ne répond pas et ne répondra jamais aux pressions ».
« Nous avons rejoint le Plan d'action global commun en 2015 de bonne foi et nous avons pleinement tenu nos engagements. Mais, les États-Unis, en raison de querelles et de vengeances liées à leur politique intérieure, se sont retirés illégalement de l’accord et, en imposant des sanctions extraterritoriales unilatérales, ils ont fait subir d’innombrables pertes, souffrances et dommages au peuple iranien, en particulier pendant la pandémie du Covid-19 ; sans oublier des centaines de milliards de dollars de dommages infligés à notre économie », a-t-il précisé.
Selon lui, les États-Unis « ont délibérément choisi d’intensifier les hostilités en menant non seulement une guerre économique contre l’Iran, mais aussi en s’engageant dans un terrorisme d’État, en assassinant le général de corps d'armée Qassem Soleimani [ancien commandant de la Force Qods du CGRI] ».
« Aujourd’hui, le monde est témoin des conséquences néfastes d’une telle approche, d’une approche hostile envers les autres », a fait remarquer M. Pezeshkian.
Le Conseil des gardiens de la Constitution a confirmé, dimanche 7 juillet, le résultat du second tour de l’élection présidentielle, tenue le 5 juillet partout dans le pays.
La cérémonie d'investiture officielle du président élu aura lieu le 30 juillet, après l'approbation officielle de l'élection de Massoud Pezeshkian par le Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Ali Khamenei qui doit avoir lieu le 28 juillet.
Après son approbation par le Leader, le président élu prêtera donc serment le 30 juillet en tant que neuvième président de la République islamique d'Iran, devant le Parlement.