Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Russie, a affirmé, le vendredi 31 mai, que la Russie ne bluffait pas lorsqu'elle évoquait la possibilité d'utiliser des armes nucléaires tactiques contre l'Ukraine.
Medvedev a également averti que le conflit entre Moscou et l'Occident pourrait dégénérer en guerre totale.
Sa mise en garde intervient après que les États-Unis et l'Allemagne ont donné leur feu vert à l'armée ukrainienne pour l'utilisation des armes fournies par l'Occident pour frapper des cibles en Russie.
« La Russie considère que toutes les armes à longue portée utilisées par l'Ukraine sont déjà directement contrôlées par des militaires des pays de l'OTAN. Il ne s'agit pas d'une assistance militaire, mais d'une participation à une guerre contre nous », a déclaré Medvedev. « Et de telles actions pourraient bien devenir un casus belli [un acte qui provoque une guerre]. »
Il a ajouté que le fait de donner la permission à Kiev d'utiliser les armes à longue portée et des munitions des pays occidentaux pour frapper des cibles en Russie ferait passer la guerre en Ukraine à sa phase finale.
« Personne ne peut aujourd’hui exclure que le conflit passe à sa phase finale .»
Ce sera une « erreur fatale » de la part de l’Occident de penser que la Russie n’est pas prête à utiliser des armes nucléaires tactiques contre l’Ukraine, a-t-il noté.
Par ailleurs, il a évoqué la possibilité de frapper des pays hostiles non nommés avec des armes nucléaires stratégiques. « Ce n’est, hélas, ni de l’intimidation ni du bluff .»
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait noter que plusieurs pays de l’OTAN dirigés par les États-Unis étaient « entrés dans une nouvelle phase d’escalade des tensions et qu’ils le faisaient délibérément ».
L'Occident veut que les forces de Kiev continuent de combattre la Russie. « Ils provoquent par tous les moyens possibles l’Ukraine à poursuivre cette guerre insensée. »
Londres et Paris avaient déjà signalé qu’ils étaient ouverts à un assouplissement des restrictions imposées à l’Ukraine de frapper des cibles en Russie.
Jeudi, le président américain Joe Biden a annoncé que les armes fournies par les États-Unis pourraient également être utilisées contre des cibles sur le territoire russe.
Selon certaines informations, Biden aurait autorisé Kiev à utiliser des missiles américains à longue portée pour frapper à l'intérieur du territoire russe, mais seulement près de la région frontalière de Kharkiv où la Russie obtient des gains territoriaux.
Après cette décision, l'Allemagne a également donné le feu vert à l'Ukraine pour utiliser ses armes contre des cibles russes.
Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, a rapporté que Berlin avait été « conjointement convaincu » que Kiev avait le droit de se défendre contre la Russie.
Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'OTAN se sont réunis dans la capitale tchèque de Prague pour préparer davantage d'armes et de munitions pour Kiev et décider de lever ou non les restrictions l'empêchant d'utiliser ces armes, notamment des missiles à longue portée, pour frapper des cibles sur le sol russe.
Le président ukrainien Vladimir Zelensky a plaidé auprès de ses alliés occidentaux - les États-Unis en particulier - pour un engagement accru de l'OTAN dans la guerre tout en demandant la permission d'utiliser les armes à longue portée fournies par eux pour frapper des cibles à l'intérieur de la Russie.
Jusqu'à cette semaine, l'alliance occidentale hésitait à autoriser Kiev à utiliser les armes et les munitions fournies par l'Occident sur des cibles à l'intérieur du territoire russe par crainte de représailles de Moscou.
Ils craignent qu'une telle escalade ne rapproche les États membres de l'OTAN d'un conflit direct avec la Russie.
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé que ses forces avaient lancé une opération majeure contre la région de Kharkiv, située de l'autre côté de la frontière avec Belgorod, pour créer une zone tampon afin de protéger les villages frontaliers russes des attaques meurtrières de l'Ukraine.
La Russie a lancé son « opération militaire spéciale » en Ukraine en février 2022 pour mettre un terme à ce qu'elle considère comme l'expansion vers l'est de l'OTAN et son empiétement progressif sur la mère patrie russe.
Samedi, une attaque de missiles et de drones russes a endommagé des installations énergétiques dans cinq régions d'Ukraine, selon l'opérateur national du réseau électrique du pays, Urkenergo.
Les défenses aériennes ont abattu 35 des 53 missiles russes et 46 des 47 drones russes, a affirmé le commandant de l'armée de l'air ukrainienne.