Dans un nouvel acte de soutien éhonté au génocide perpétré depuis des mois par Israël contre la bande de Gaza assiégée, l’administration Biden a insinué que les frappes meurtrières du régime visant des Palestiniens déplacés dans la ville de Rafah, dans le sud du pays, n’avaient pas franchi de « ligne rouge » et n’entraîneraient pas de changement dans la politique de Washington à l’égard de Tel-Aviv.
Lors de conférences de presse tenues mardi, plusieurs responsables de l’administration ont qualifié le massacre israélien à Rafah de « déchirant », tout en avançant que l’assaut, qui a fait des dizaines de morts parmi les Palestiniens, était une frappe aérienne et non une opération terrestre d’envergure.
« Nous ne pensons toujours pas qu’une opération terrestre d’envergure à Rafah soit justifiée. Nous ne voulons toujours pas voir les Israéliens, comme nous le disons, faire irruption dans Rafah avec de grandes unités sur de vastes portions de territoire. Nous en sommes toujours convaincus et nous ne l’avons pas encore vu », a déclaré à la presse le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.
« À la suite de la frappe de dimanche, je n’ai aucun changement de politique à évoquer », a ajouté Kirby. « C’est arrivé comme ça. Les Israéliens vont enquêter. Nous allons nous intéresser de près à ce qu’ils trouveront au cours de cette enquête. Et nous verrons ce qu’il en est à partir de là ».
Le porte-parole de la Maison Blanche a déclaré qu’« aucune victime civile, c'est le bon nombre de victimes civiles », tout en reconnaissant que des innocents sont souvent tués en temps de guerre.
« Il n’y a pas de critère de mesure ou de quota », a-t-il déclaré lorsqu’on lui a demandé s’il existait un nombre de victimes civiles qui inciterait les États-Unis à prendre des mesures. « Comme nous l’avons dit à maintes reprises, le bon nombre de victimes civiles est zéro ».
Bien que Washington ait fourni à Israël un soutien sans faille au cours des huit derniers mois, les autorités américaines prétendent avoir exhorté Israël à ne pas envoyer de forces à Rafah sans un plan clair pour évacuer les civils en toute sécurité.
Lors d’une autre conférence de presse mardi, un responsable du Pentagone a déclaré que la frappe aérienne de dimanche, qui a été l’incident le plus meurtrier à Rafah depuis qu’Israël y a lancé une offensive, ne correspondait pas à ce contre quoi la Maison Blanche avait mis en garde.
« Nous estimons toujours que ce qui se passe à Rafah et ce que font les militaires israéliens sont d’une portée limitée » a indiqué la secrétaire de presse adjointe du Pentagone, Sabrina Singh.
La semaine dernière, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré aux journalistes qu’il n’y avait « pas de formule mathématique » pour évaluer la conduite d’Israël à Rafah, mais que les responsables examineraient « si cette opération a entraîné beaucoup de morts et de destructions ou si elle est plus précise et proportionnelle ».
L’offensive israélienne de Rafah, qui dure depuis trois semaines, a suscité une nouvelle vague d’indignation après qu’une frappe aérienne a incendié dimanche un camp de tentes dans l’ouest de la ville.
Une cinquantaine de personnes, dont de nombreux enfants, ont été tuées lors de l’attaque israélienne contre le camp de déplacés à Rafah, ce qui a suscité des condamnations internationales et des appels à la mise en œuvre d’une décision de la Cour internationale de justice ordonnant l’arrêt de l’assaut israélien sur Gaza.
L’attaque a eu lieu deux jours après que la Cour internationale de justice a ordonné à Israël de mettre fin à son agression contre Gaza, soutenue par les États-Unis, qui a fait plus de 36 000 morts depuis son déclenchement en octobre de l’année dernière.