Une semaine après l'annonce du retrait des troupes françaises du Niger par Emmanuel Macron, le ministre nigérien de l'Intérieur, Mohamed Toumba, vient de la contredire. « Ces gens-là ne sont pas dans une logique de quitter le Niger », a-t-il indiqué, mardi 3 octobre, lors d'une rencontre avec des organisations de la société civile, syndicats, chefs religieux et traditionnels retransmise à la télévision nationale.
Quelque 1 500 militaires français sont présents au Niger sous prétexte de lutter contre le terrorisme. « Aujourd'hui, ils sont plus de 3 000, voire 3 500 », a estimé le général Mohamed Toumba, nommé par la junte militaire issue du coup d'État du 26 juillet.
Emmanuel Macron avait pourtant annoncé, il y a plus d'une semaine, leur départ « d'ici la fin de l'année », après que la junte militaire a répété vouloir leur retrait et a dénoncé plusieurs accords de coopération militaire avec la France.
Les Français quitteront le Niger, « mais pas par le Bénin », a déclaré le général Mohamed Toumba. « N'importe quelle direction sauf le Bénin », a-t-il insisté. « Vos avions, on va les lâcher à la dernière minute », a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Le président français avait également annoncé le départ de l'ambassadeur à Niamey, Sylvain Itté, rentré à Paris la semaine dernière. Le Niger avait ordonné l'expulsion du diplomate.
« Le peuple nigérien va désormais dicter la forme des futures relations avec la France », avait affirmé samedi le chef de la junte militaire, le général Abdourahamane Tchiani.
La junte est engagée dans un bras de fer avec la France depuis le coup d'État ayant renversé le président Mohamed Bazoum, allié de l'ex-puissance coloniale. Celle-ci ne reconnaît pas les nouvelles autorités du Niger.
Par ailleurs, selon une autre dépêche en provenance de Niamey, les autorités nigériennes ont rejeté la période de transition de six mois proposée par l'Algérie dans le cadre de la recherche d'une solution diplomatique à la crise politique née du coup d'État du 26 juillet dernier au Niger.
« Le ministère des Affaires étrangères a été surpris de relever à travers les réseaux sociaux et certains médias, un communiqué du gouvernement algérien indiquant que le Niger aurait accepté la médiation de l'Algérie qui a proposé aux militaires une transition de six mois », a indiqué un communiqué des autorités nigériennes lu à la télévision publique.
« Au regard de ce qui précède, le gouvernement de la République du Niger rejette lesdites conclusions tout en réitérant sa volonté de préserver les liens d'amitié et de fraternité avec l'Algérie », a précisé la même source.
« Le gouvernement algérien a reçu, par le canal du ministère nigérien des Affaires étrangères, une notification d’acceptation de la médiation algérienne visant à promouvoir une solution politique à la crise au Niger dans le cadre du plan de règlement présenté par le président Abdelmadjid Tebboune », avait annoncé lundi l'agence Algérie Presse Service (APS / Service), citant un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger.
« Cette acceptation de l’initiative algérienne conforte l’option de la solution politique à cette crise et ouvre la voie à la réunion des conditions devant permettre de la surmonter pacifiquement dans l’intérêt du Niger et de l’ensemble de la région », lit-on dans le communiqué.
Le président Tebboune a instruit le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, de se rendre à Niamey, « dans les plus brefs délais, en vue d’y entamer des discussions préparatoires sur la mise en œuvre de l’initiative algérienne avec toutes les parties prenantes », selon la même source.
Pays frontalier du Niger, l'Algérie s'est très tôt impliquée dans la recherche d'une solution diplomatique à cette crise, en rejetant l'option militaire envisagée par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et soutenue par la France.