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Zoom Afrique du 23 août 2023

Zoom Afrique du 23 août 2023

Les titres de la rédaction :

  • Kenya : le président Ruto mise sur les liens bilatéraux avec l'Indonésie pour avoir accès au marché d’Asie du Sud-Est
  • Le Ghana est le 1er producteur africain d’or
  • Rwanda : une ferme agricole irriguée de 74 millions $ entrera en service d’ici la fin 2023
  • Ethiopian Airlines et Boeing envisagent de construire une unité de production de pièces pour avions

Les analyses de la rédaction :

1. BRICS: la dédollarisation à l’ordre du jour 

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) examinent la possibilité de créer une unité de compte commune comme alternative au dollar, a déclaré le ministre russe des Finances, Anton Silouanov. 
 
« L’accent principal dans le développement des relations commerciales est actuellement fait sur les règlements en monnaies nationales. Nous voyons la possibilité de discuter de la création de systèmes de règlement unifiés. 
 
Ce pourrait être une unité de compte des membres des BRICS. Non pas une monnaie unique comme au sein de l’UE, mais une unité de compte alternative au dollar qui exprimerait le coût de livraisons des marchandises, un indice de référence pour certaines cargaisons afin de ne pas dépendre d’une monnaie unique ou du centre d'émission à principe d’émission incompréhensible », a-t-il indiqué. 
 
Une monnaie unique des BRICS

Un responsable du ministère sud-africain des Affaires étrangères a précédemment déclaré à TASS que les BRICS avaient procédé ces derniers mois à des consultations intenses sur un projet de monnaie unique, mais qu’aucune décision n'avait été prise pour le moment. 
 
Selon lui, la création d’une monnaie unique des BRICS est encore à l’étape d'étude préliminaire et est évoquée sous « forme conceptuelle ». 

La remise en question de l'utilisation du dollar américain comme monnaie internationale privilégiée pour les échanges internationaux a été l'un des sujets abordés ce 22 août 2023, lors de l'ouverture du sommet du bloc constitué du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud (BRICS). « Aujourd'hui, le monde prête attention à ce bloc, car il est à l'avant-garde du discours mondial visant à réduire la dépendance au dollar, » a déclaré lundi 21 août Paul Mashatile, le vice-président sud-africain, aux dirigeants d'entreprises des BRICS. 

Cela faisait écho à une intervention précédente, largement saluée par les participants, faite par Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigéria et ambassadeur de plusieurs initiatives en Afrique. « Je veux acheter en Inde. Pourquoi devrais-je utiliser des dollars ? », a déclaré M. Obasanjo, suscitant de vifs applaudissements de la part de l'auditoire. 

Les réflexions semblent désormais orientées vers la mise en place de passerelles de paiements entre les pays membres de l'organisation, en utilisant les monnaies locales. La première levée de fonds en rands sud-africains effectuée par la Nouvelle Banque de Développement des BRICS encourage cette solution. 

2. Mali: « les menaces actuelles d’agression collective contre le Niger sont ordonnées par la France » 

Lors de la 11ème conférence de Moscou sur la sécurité internationale, le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le Colonel Sadio Camara a saisi l’occasion de décliner la politique de la défense et de sécurité du Mali. 

Dans un discours très lucide qui intervient dans un contexte très tendu au Sahel, le ministre de la Défense a évoqué les principaux défis sécuritaires du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. 

Selon lui, la région est confrontée à une violence d’une rare portée dans son histoire, qui se manifeste par des agissements de certains acteurs internes et externes que nous classons, selon leurs motivations, en groupes armés terroristes, groupes criminels transnationaux, ou groupes hybrides à tendance sécessionniste. « Ils ont tous en commun cette volonté d’encourager et d’instrumentaliser des crises de coexistence communautaire dont ils se nourrissent. Pour autant, ces phénomènes néfastes ne sont que des symptômes superficiels d’un mal dont la racine est bien plus profonde », a-t-il déclaré. 

À en croire le ministre, les pays africains ont peu de chance de réussir ces différents défis tant qu’ils avancent en rang dispersé. Leurs stratégies politiques et sécuritaires sont souvent imposées de l’extérieur et on observe une ingérence permanente dans toutes leurs décisions. « ’Les institutions régionales et sous régionales, dont le financement est négligé par leurs propres membres, survivent grâce aux fonds extérieurs et doivent donc obéir à ceux qui les payent. Elles sanctionnent leurs membres sous le diktat étranger, sous les injonctions des puissances néocoloniales. A force d’imiter leurs maîtres, elles persistent dans le ridicule et mobilisent contre elles, les peuples désormais éveillés »’, a-t-il éclairé. 

Le ministre signe et persiste, « ’dans ce contexte, les remèdes appliqués contribuent à aggraver le mal. Mon pays, le Mali est depuis longtemps victime de cette attitude désastreuse qui touche désormais le Burkina Faso et le Niger. Les menaces actuelles d’agression collective contre le Niger, sous les ordres à peine masqués de la France, en sont la forme la plus lâche et dangereuse pour la communauté ouest-africaine. Maintenant, le plus important est de se demander ce qui peut être fait pour changer l’ordre déstabilisateur et prédateur qui entretient cette situation défavorable aux intérêts des Africains »’. 

À ses dires, la seule solution pour les Africains est de faire une politique réellement africaine, concertée, fondée sur les réalités et les besoins des peuples africains. Cela nous demande d’avoir le courage de défendre nos intérêts, surtout lorsque ceux-ci sont opposés aux intérêts des puissances extérieures à l’Afrique. 

3. Niger: Paris et Washington sérieusement visés… 

Au Niger, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour afficher leur soutien aux généraux et critiquer les puissances occidentales, la France notamment, mais aussi les États-Unis. Ces manifestations interviennent au lendemain d’un discours télévisé du nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, dans lequel il a promis une transition de trois ans. 

« À bas la France », « Non aux sanctions », « Halte à l’intervention militaire » de la Cédéao… Ce sont quelques-uns des slogans scandés par les manifestants réunis place de la Concertation à Niamey. Ils ont brandi des drapeaux russes et nigériens, certains avaient également des drapeaux chinois et indiens. 

Leur message : que la France quitte le Niger. Mais pas que… Les États-Unis le sont aussi désormais. À Agadez, au centre du pays, des centaines de personnes se sont en effet réunies près de l’aéroport où se trouve la grande base US, pour demander le départ des soldats américains. 

Washington dispose d’une force de 1 300 hommes au Niger, et sa base militaire à Agadez est l’une des plus importantes sur le continent africain, sans oublier la base de la CIA située dans le Nord-Est du pays à Dirkou. Pour l’instant, le Pentagone a annoncé le maintien de ses contingents au Niger. 

Si les chefs d’état-major de la Cédéao se déclarent prêts à intervenir, le général Tiani, à la tête du pouvoir, a pris la parole samedi à la télévision nigérienne pour dérouler la feuille de route politico-institutionnelle. 

« La Cédéao s’apprête à agresser le Niger en mettant sur pied une armée d’occupation en collaboration avec une armée étrangère », a indiqué le général Tiani sans citer de pays. « Ni le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, ni le peuple nigérien ne veulent d’une guerre », « mais si une agression devait être entreprise, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a-t-il prévenu : « les forces de défense » nigériennes « ne se déroberont pas », soutenues par le Burkina Faso, le Mali et la Guinée, a-t-il dit. « Notre ambition n’est pas de confisquer le pouvoir », a-t-il également promis. Pour cela, un dialogue national inclusif se fera avec toutes « les forces vives de la nation ». « Le gouvernement est déjà instruit » pour le mettre en place « dans un délai de 30 jours ». Objectif : formuler des « propositions concrètes » en vue de poser « les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle ». La transition « ne saurait aller au-delà de trois ans », a-t-il assuré. 

En présentant sa feuille de route, le général cherche donc à tout prix à tourner la page. C’est notamment pourquoi il se dit en même temps prêt au dialogue. 

Le général Tiani a de nouveau dénoncé des « sanctions d’une ampleur sans précédent », « illégales » et « inhumaines » de l’organisation ouest-africaine, qui « visent à nous priver de ressources financières indispensables » et à « entraver notre vie quotidienne ». 

Une délégation de la Cédéao, arrivée à Niamey samedi à la mi-journée, a été accueillie à l’aéroport par le Premier ministre nommé par la junte, Mahamane Lamine Zeine. Menée par Abdulsalami Abubakar, ancien président du Nigeria, la délégation de l’organisation ouest-africaine a pu rencontrer le président renversé le 26 juillet. 

Cette rencontre s’est faite en présence du Premier ministre nommé par la junte et d’un autre membre de la junte. Cette visite a été brève, elle a duré 10 minutes. Il n’y a pas eu beaucoup d’échanges, les émissaires de l’organisation sous-régionale étaient venus voir les conditions dans lesquelles est détenu le président renversé. 

Cette délégation avait rencontré plus tôt des membres de la junte, dont le général Tiani. Elle était porteuse d’un message : le retour à l’ordre constitutionnel au Niger. Une autre rencontre avec l’ancien président du Niger a été inscrite au programme. La délégation comprenait notamment le président de la Commission de la Cédéao. C’est cette même délégation qui avait effectué à Niamey un premier déplacement après le coup d’État. Elle avait été mal reçue et n’avait d’ailleurs pas quitté l’aéroport. Faure Gnassingbé, président togolais, a joué un rôle discret pour que Niamey ouvre, cette fois-ci, grandement ses portes aux envoyés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. 

À Washington, l’alarme a déjà retenti. Le département américain de la Défense parle pour le moment « d’élaboration de plans par précaution ». Le général James Hecker, commandant de l’US Air Force en Afrique, rappelle d’ailleurs qu’aucune décision n’a encore été prise à ce sujet par l’administration Biden. Et il n’envisage pas d’évolutions avant des semaines, voire davantage. 

Mais selon les autorités US, plusieurs scénarios sont imaginés. Elles planchent ainsi sur un départ en douceur qui pourrait durer. Autre possibilité : un départ précipité sous pression du nouveau pouvoir en place où seuls les éléments les plus sensibles seraient emportés. 

Pour les États-Unis, le Niger est un pays stratégique au Sahel. Plusieurs bases militaires dont les deux principales bases américaines dans la zone se trouvent en effet dans la capitale Niamey et à Agadez. 

Enfin, interrogé sur les possibles pays de redéploiement en cas de retrait du Niger, J. Hecker n’a pas donné de détails. « Nous venons tout juste de commencer à regarder les options », explique-t-il avant de préciser « savoir où nous aimerions déplacer nos bases, mais ce sera davantage à la diplomatie d’agir ». La question qui se pose réellement, ce n’est pas où les États-Unis « aimeraient » se redéployer, mais plutôt, où pourraient-ils encore se redéployer. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV