Mardi, le nouveau Premier ministre nommé par les militaires à Niamey, Ali Mahaman Lamine Zeine, s'est rendu à N'Djamena où il a été reçu par le président de transition tchadien Mahamat Idriss Deby Itno, pour une « visite de travail », ont annoncé les autorités du Tchad.
M. Zeine, accompagné de deux cadres de la junte militaire, a apporté un « message » du nouvel homme fort de Niamey, le général Abdourahamane Tiani, pour exprimer sa « fraternité » et « renouveler le sentiment de bon voisinage » entre les deux pays, insistant toutefois sur « l'indépendance » du Niger.
« Le Premier Ministre, chef du gouvernement (...) Saleh Kebzabo a accueilli ce mardi 15 août le Premier ministre du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Niger, M. Ali Mahaman Lamine Zeine, en visite de travail au Tchad », a écrit le bureau de la Primature dans un message sur Facebook. « Il vient d'être reçu par le président Mahamat Idriss Deby » à qui il a « remis un message du président du CNSP », a précisé la direction générale de la presse présidentielle à l'AFP.
Le Tchad, importante puissance militaire africaine, a indiqué la semaine dernière qu'il ne participerait à aucune intervention militaire aux côtés de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à laquelle il n'appartient pas.
Ce développement survient alors que les chefs d'état-major de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se réuniront jeudi et vendredi au Ghana pour évoquer une possible intervention militaire au Niger, selon un porte-parole de l'organisation.
Cette réunion, qui devait initialement se tenir samedi, avait été repoussée. Elle aura lieu une semaine après la décision prise par les dirigeants de la Cédéao de déployer la « force en attente » de l'organisation pour rétablir dans ses fonctions Mohamed Bazoum, le président du Niger renversé par un coup d'État militaire le 26 juillet.
Dans ce droit fil, le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant malien Assimi Goïta ont discuté de la crise au Niger, a annoncé le Kremlin, et prôné un règlement pacifique de la crise.
Au cours de cet entretien téléphonique, qui a eu lieu « à l'initiative malienne », Vladimir Poutine et Assimi Goïta ont « souligné l'importance de régler la situation autour de la République du Niger uniquement par des moyens pacifiques politico-diplomatiques », a précisé la présidence russe dans un communiqué.
Le Mali, pays voisin du Niger, avait très rapidement affiché sa solidarité avec les militaires au pouvoir à Niamey. Ces derniers ont haussé le ton lundi soir face à la menace d’une intervention armée. Ils ont rappelé l’ambassadeur du Niger à Abidjan pour « consultation », après des propos du président ivoirien Alassane Ouattara qui a fait, selon eux, « l’apologie de l’action armée » contre leur pays.
Jeudi, après le sommet de la Cédéao à Abuja qui avait entériné le déploiement de la « force en attente », le président Ouattara avait déclaré que les chefs d’État étaient d’accord pour qu’une opération militaire « démarre dans les plus brefs délais », s’engageant à fournir un bataillon. La junte militaire à Niamey a dénoncé l’« empressement » d’Alassane Ouattara à « voir se réaliser cette agression en tout point illégale et insensée contre le Niger ».
Par ailleurs, la ministre allemande du Développement, Svenja Schulze, qui se trouvait en visite officielle en Afrique de l'Ouest, a déclaré mardi que le coup d'État au Niger est « un revers qui aggrave encore les défis complexes en matière de développement dans le pays et au Sahel ».
« Nous appelons à la libération immédiate du président Mohamed Bazoum et au rétablissement complet de l'ordre constitutionnel dans la République du Niger », a déclaré Mme Schulze au nom de l'Alliance du Sahel.
Mardi, un container était disposé en travers de la route qui relie le Bénin au Niger à Malanville, seule frontière terrestre entre les deux pays, selon le témoignage de plusieurs habitants côté béninois. Selon ces sources, ce container - qui bloque totalement le passage - aurait été disposé côté nigérien pour empêcher une éventuelle intervention militaire par cette frontière.