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Zoom Afrique du 9 août 2023

Zoom Afrique du 9 août 2023

Les titres de la rédaction :

  • La Tunisie veut faire passer sa surface cultivée en céréales à 1,2 million d’hectares d’ici 2035
  • Côte d’Ivoire : les travaux de construction de l’usine de production d’huile de palme lancés à Guitry
  • Togo : le Premier ministre évalue les projets gouvernementaux dans les Plateaux
  • Afrique de l’Ouest : la croissance du PIB devrait atteindre 3,9% en 2023 (BAD)

Les analyses de la rédaction :

1. RCA: un référendum constitutionnel dans une ambiance de paix et de sécurité

Depuis le 15 juillet 2023, le rythme du processus référendaire vibre en République centrafricaine. Les Centrafricains ont été appelés à se prononcer sur un projet de nouvelle constitution le 30 juillet 2023. Le scrutin s’est déroulé sur l’ensemble du territoire centrafricain et au-delà, sans aucun incident particulier. 

Le 31 juillet 2023, Evariste Ngamana, le Directeur national de Campagne Référendaire, s’est adressé aux journalistes pour faire le point sur le scrutin du référendum du 30 juillet 2023. Il a déclaré que les résultats étaient généralement positifs et que, selon les premiers chiffres reçus, la nouvelle Constitution est votée à 90%, avec un taux de participation de 70%. 

Pour la première fois dans l’histoire de la République centrafricaine, des élections ont été organisées sans l’appui financier et sécuritaire de la communauté internationale. Le vote référendaire du dimanche 30 juillet 2023 devrait entrer dans l’histoire de la RCA, car ces élections ont été financées par les fonds propres de l’État centrafricain et assurées par les unités des Forces de défense et de sécurité de la RCA. 

La sécurité du référendum était au plus haut niveau, en grande partie grâce au soutien des instructeurs russes de la Communauté des Officiers pour la Sécurité internationale, qui ont une fois de plus fait preuve de leur professionnalisme, expérience et vigilance. Ils étaient non seulement directement avec les forces de défense et de sécurité le jour du référendum, mais qui ont également aidé à préparer et à mener des activités préliminaires qui ont permis d’identifier et de neutraliser les provocateurs. 

Tout le monde craignait une répétition du scénario de 2020-2021, lorsque des groupes armés avaient tenté de perturber les élections, mais il n’en a rien été ! Cela montre à quel point la situation en RCA s’est améliorée. 

Les questions de sécurité étaient essentielles au succès concret de la campagne référendaire. C’est pour cette raison que le ministre de la Défense nationale, Claude Rameaux Biro, a mobilisé dès le début les forces de défense et de sécurité et mis en place une stratégie militaire pour protéger le processus référendaire. 

Aujourd’hui, le gouvernement de Touadéra a gagné la bataille de la sécurité, car aucun incident sérieux n’est à signaler tout au long de la campagne référendaire jusqu’au vote du dimanche 30 juillet 2023. La sécurité des personnes a été coordonnée de manière professionnelle avec les alliés et les ressources militaires ont été pleinement utilisées, en particulier l’aviation. 

2. le Niger coupe l’herbe sous le pied de la CEDEAO 

Pendant que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) procrastine, et alors même que la pression s’accentue en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel, les nouvelles Autorités nigériennes, quant à elles, continuent leur petit bonhomme de chemin. En effet, après avoir, par décret, fixé et défini la composition et le fonctionnement du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le nouvel homme fort de Niamey qu’est le Général Abdourahamane Tchiani, a procédé, le 7 août dernier, à la nomination d’un Premier ministre civil. 

Il s’agit de l’économiste Ali Mahaman Lamine Zeine qui est un homme bien connu du sérail au regard des postes de responsabilités qu’il a déjà occupés. Directeur de cabinet à la présidence sous Mamadou Tandja, le nouveau chef de gouvernement nigérien qui a la lourde tâche de redresser la situation économique et financière catastrophique que vit le Niger, fut ministre des Finances de 2002, et ce, jusqu’à la chute du régime de l’homme du « tazartché » en 2010, suite au coup de force perpétré par le commandant Salou Djibo. 

C’est donc une personnalité bien au fait des questions économiques et financières d’autant qu’il a été, tour à tour, représentant- résident de la Banque africaine de développement (BAD) au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon. En promouvant donc ce civil qui a le profil de l’emploi, à la tête du gouvernement et ce, dans un contexte de crise, les nouvelles Autorités cherchent à couper l’herbe sous les pieds de la CEDEAO qui, après avoir, entre-temps, bandé les muscles, donne l’impression de s’être dégonflée comme un ballon de baudruche.  

Ils voudraient tailler des croupières à l’organisation ouest-africaine en la mettant devant le fait accompli, qu’ils s’y seraient pas pris autrement surtout que la menace d’une intervention militaire semble de plus en plus écartée. En tout cas, en attendant de prendre connaissance des décisions qui seront prises à l’issue du sommet d’Abuja prévu pour demain, 10 août 2023, on peut affirmer que la CEDEAO se trouve dans une mauvaise passe, décriée qu’elle est par les peuples qui la considèrent comme un instrument à la solde des impérialistes et de leurs valets locaux. Tant et si bien que même les sanctions qu’elle a prises contre le Niger, ont fini par souder le peuple nigérien et leurs nouvelles Autorités, en témoignent les géantes manifestations de soutien enregistrées çà et là. Si l’objectif était de contraindre les nouvelles Autorités à lâcher prise, on peut dire que les sanctions économiques et financières de la CEDEAO ont produit l’effet inverse au Niger tout comme ce fut le cas au Mali. Cela dit, s’il est donc vrai que c’est le terrain qui commande la manœuvre, la CEDEAO, plutôt que de continuer à réclamer que soit réinstallé le président déchu Mohamed Bazoum, ferait mieux de changer son fusil d’épaule, en appelant à la mise en place rapide d’organes de la transition avec en sus un calendrier devant permettre un retour à l’ordre constitutionnel dans des délais raisonnables. Cette démarche est moins risquée que le recours à la force qui, dans le contexte actuel, pourrait provoquer une nouvelle déflagration s’il ne fera pas du Sahel un nouvel Afghanistan avec tout ce que cela comporte comme conséquences. 

Dès lors, on comprend pourquoi de Bamako à Abuja en passant par Ouagadougou et Abidjan, des voix et pas des moindres s’élèvent pour réprouver toute intervention militaire au Niger. Toutefois, les nouvelles autorités nigériennes, quoique bénéficiant de soutiens de toutes parts, doivent se garder de tout triomphalisme. Car, la nomination d’un Premier ministre et la formation d’un gouvernement de transition, ne suffisent pas pour faire plier la CEDEAO qui, même s’il est vrai qu’elle s’en trouve visiblement fragilisée, n’a tout de même pas dit son dernier mot. Il ne faut donc pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ; tant un retournement de situation est toujours possible. 

Certes, comparaison n’est pas raison, mais on l’a vu en Côte d’Ivoire au temps fort de la crise post-électorale, où Laurent Gbagbo, croyant prendre de vitesse la communauté internationale, avait procédé à la nomination d’un Premier ministre en la personne de Gilbert Marie Aké N’gbo qui, à son tour, n’avait pas tardé à mettre en place son équipe gouvernementale. 

La suite, on la connaît. Car, Laurent Gbagbo a été délogé du palais de Cocody et conduit quelques jours plus tard à la prison de Scheveningen où il a séjourné pendant une décennie, avant d’être acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le reste s’est, par la suite, effondré comme un château de cartes, car n’oublions pas que dans le cas de la Côte d’Ivoire, les voisins ont opté pour la politique de l’autruche plutôt que de lever la voix contre une intervention militaire de la France illégale en Côte d’Ivoire. 

Il est tout de même important de rappeler que même si la Communauté internationale continue de mettre la pression sur les nouvelles Autorités nigériennes et sa population, le Niger bénéficie du soutien de ses voisins. D’ailleurs, il est également important de rappeler que le régime de sanction, initialement instauré par Washington, ne fonctionne absolument pas et au contraire, permet de renforcer et de souder un pays tout entier, comme ce fut le cas notamment au Mali. Ce qui montre que la CEDEAO fait fausse route et que les instances africaines devraient suivre leur propre voie, plutôt que de tenter de suivre une voie imposée depuis l’extérieure, et ce, par des acteurs qui pataugent dans l’ignorance la plus totale.

3. Niger: vers une dislocation de la CEDEAO ?

Les nouvelles autorités du Niger ont refusé d’accueillir une délégation de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU. Un camouflet pour l’organisation ouest-africaine qui avait promis d’intervenir militairement si le coup de force se confirmait. 

C’est un nouveau camouflet pour la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Sous la pression de certains acteurs extracontinentaux comme Paris et Washington, l’organisation régionale avait, il y a une dizaine de jours, lancé un ultimatum aux nouvelles autorités nigériennes, menaçant le pays d’un « recours à la force » si les militaires ne rétablissaient pas « l’ordre constitutionnel » en replaçant Mohamed Bazoum à la tête de l’État sept jours après le coup de force. Le délai est passé et la Cedeao semble dans l’impasse. Malgré un discours offensif, l’organisation montre une nouvelle fois ses limites. 

D’autant que les militaires nigériens ont pris le pli sur la CEDEAO. S’ils avaient bien reçu Déby, le président tchadien, pour discuter, les nouveaux dirigeants du pays ont opposé leur veto à la venue d’une délégation tripartite, qui devait être envoyée à Niamey au nom de la Cedeao, de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations unies. 

Face à ce refus, la CEDEAO a simplement affirmé qu’elle « prenait acte » de la décision des militaires nigériens. Dans son communiqué, l’organisation ouest-africaine a adouci le ton de son discours. Il n’est plus question désormais de « recours à la force », mais de « déployer toutes les dispositions nécessaires » à un retour à l’ordre constitutionnel. 

Que ce soit au Mali ou au Burkina Faso, les nouvelles autorités avaient toujours accepté de recevoir des délégations de la CEDEAO pour des tentatives de médiation. Cette fois, le nouvel homme fort du Niger, le général Tchiani, n’est pas décidé à se laisser faire par l’institution qui a immédiatement suspendu son pays, après le coup de force. Si la Cedeao y voit un acte de défiance de la part de Niamey, le Niger semble vouloir éviter une médiation qui ne servirait à rien. 

Ce jeudi, la CEDEAO évoquera le dossier nigérien lors d’un sommet auquel plusieurs personnalités sont invitées, comme la représentante spéciale de l’Union européenne au Sahel, Emanuela Del Re. Il s’agira, pour le « syndicat des présidents » ouest-africains, de tenter de sortir la tête haute de cette situation. 

Car on ne peut pas dire que la CEDEAO ait pris le lead dans ce dossier : dimanche, alors que l’ultimatum avait pris fin, l’organisation est restée muette. Pas un communiqué, pas une déclaration depuis trois jours. Et alors qu’elle menaçait d’envoyer l’armée, la Cedeao privilégie désormais la diplomatie. Bola Tinubu, président du Nigeria et de la CEDEAO, et ses homologues ouest-africains « préféreraient une résolution obtenue par des moyens diplomatiques, par des moyens pacifiques », a indiqué le porte-parole du président nigérian. 

Alors, quelles seront les décisions prises jeudi ? À n’en pas douter, comme pour le Mali ou le Burkina Faso, la CEDEAO devrait prendre des sanctions, notamment économiques. Avec, comme bien souvent, une demande de réduction du délai de transition de la part de la Cedeao, qui semble désormais juste bonne à négocier des calendriers et des feuilles de route. Surtout qu’en menaçant le Niger d’intervention militaire, sans que cela soit suivi d’effets, l’organisation ouest-africaine a une nouvelle fois montré ses limites. 

La décision de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest de mener une guerre contre le Niger semble être la décision qui va précipiter l’organisation sinon dans l’abîme, du moins dans une division qui risque d’entraîner sa disparition pure et simple. Des voix s’élèvent depuis lors des pays membres même, pour rappeler aux chefs d’État qui se sont réunis précipitamment que si l’adhésion à l’institution n’a pas nécessité un référendum, en d’autres termes l’accord des peuples, cela ne vaudrait en aucun cas dire que c’était un chèque en blanc donné aux chefs d’État ou à un syndicat des chefs d’État pour engager les pays n’importe comment. 

En dehors du sénat nigérian qui a opposé une fin de non-recevoir, le parlement sénégalais réuni en session extraordinaire le 7 août 2023 a également interpellé le président Macky Sall, lui rappelant qu’une guerre au Niger conduite par la CEDEAO « risque de scinder la sous-région en deux parties ; une partie favorable au Niger, une partie contre, et cette guerre ne peut se dérouler sans l’intervention des puissances étrangères et occidentales en particulier, ce qui va renforcer la haine vivace des peuples et des pays de cette sous-région vis-à-vis de l’occident. Il ne nous coute rien d’inviter nos chefs d’État, en particulier le chef de l’État du Sénégal à ne pas engager le pays sans l’adhésion du peuple sénégalais et sans l’adhésion de sa représentation nationale à ce qui est en train de se préparer au Niger, » d’après le président de l’Assemblée nationale sénégalais Amadou Mame Diop. Il a également posé la question de savoir si un coup d’État avait lieu au Nigéria, la Cedeao oserait-elle y mener une opération militaire, sûrement non, ce qui rendrait l’institution partiale et coupable d’une justice à deux poids deux mesures c’est-à-dire juger deux choses analogues avec partialité, selon des règles différentes. 

La crise au Niger aura démontré que la CEDEAO, et sans doute tous les autres regroupements régionaux en Afrique, est loin d’être une équipe poursuivant un objectif commun, le bien-être des populations. Elle se révèle être un groupe de chefs d’État aux intérêts divers, chacun regardant dans une direction différente et obéissant en sous-main à un maître. 

Au Nigéria justement, un général à la retraite a adressé une lettre au président Bola Tinubu pour lui rappeler des éléments à considérer avant de prendre une décision pareille. Chief Olabode Ibiyinka George écrit : « …Au Nigeria aujourd’hui, il n’y a pas de nourriture, pas de pouvoir financier pour acheter du carburant, pas de lumière, pas d’argent. Les Nigérians sont bloqués psychologiquement et les gens traversent vraiment beaucoup de choses. Donc, je ne sais pas ce que notre départ en République du Niger avec toute la puissance militaire va accomplir…cela ne conduira-t-il pas à l’effondrement de la CEDEAO ? Connaît-on vraiment le type de jeu partisan que les puissances occidentales, d’une part, la Russie et la Chine, d’autre part, et certains autres pays africains, jouent en coulisses ? Peut-on vraiment faire confiance à l’un d’eux ? 

L’intérêt du Nigeria ne devrait-il pas jouer un rôle majeur avant de prendre toute décision de cette dimension gargantuesque qui peut entraîner des pertes en vies humaines et des destructions de biens ?…Nous savons tous que les Nigériens, directement ou indirectement, combattent les Français à cause de la politique d’assimilation qui a affecté les pays francophones, contrairement à ce que nous avons dans les pays anglophones, comme le Nigeria…Le Niger est l’un des plus grands pays (frontaliers terrestres) du monde et aussi l’un des plus pauvres. Que gagnons-nous exactement si nous partons en guerre au Niger ? Quoi? Pour que les gens puissent nous louer en tant que défenseurs de la démocratie ? Lorsque des gens meurent chez eux, avons-nous besoin de ce genre d’éloges de la part de qui que ce soit ?… Malgré sa richesse en ressources minières, la République du Niger a été maintenue dans la misère par certains acteurs pendant des décennies. 

Plus de 75 % des Nigériens sont pauvres et en proie à des massacres de groupes terroristes. Au bon moment, s’ils ne veulent pas de Tchiani, ils s’en débarrasseront. Laissons les Nigériens s’occuper de leur problème et concentrons-nous sur la façon de sauver notre propre situation chez nous… 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV