Quatre jours après le coup d’État qui a renversé le président nigérien Mohamed Bazoum et fait monter au pouvoir le général Abdourahamane Thiani, commandant de la Garde présidentielle, le ton monte encore plus entre le Niger et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Réunie en urgence, dimanche 30 juillet au Nigéria, les chefs d’État de la Cédéao ont donné un ultimatum d'une semaine à la junte et n'excluant pas un « recours à la force ». La Communauté a par ailleurs décidé de sanctions financières « immédiates ».
En effet, le chef de l'État tchadien Mahamat Idriss Déby est arrivé dimanche à Niamey pour une médiation après avoir rencontré le président nigérian Bola Tinubu, également président en exercice de la Cédéao. À Niamey Mahamat Idriss Déby a rencontré la junte, le président Mohamed Bazoum et l’ancien président Mahamadou Issoufou.
Sur la photo publiée par la communication présidentielle du Tchad sur les réseaux sociaux, Mohamed Bazoum apparaît souriant et en forme. Les détails de leurs discussions et l'avancement des négociations n'ont pas été divulgués.
La Cédéao a décidé des sanctions avec effet immédiat : fermeture des frontières puis des vols en direction du Niger, plus de transactions commerciales avec le Niger, plus de transactions énergétiques avec le Niger, gel des avoirs bancaires.
La Cédéao veut ainsi imposer un véritable blocus économique pour faire plier les putschistes. Bola Ahmed Tinubu a donné la ligne, à savoir une tolérance zéro contre tout auteur de coup d'État dans la sous-région. Tous les chefs d'État et de gouvernement l'ont suivi. Une réunion des chefs d’état-major de la Cédéao doit se tenir en urgence pour soumettre rapidement un plan d'action.
Or, les dirigeants du putsch au Niger ont mis en garde contre toute intervention militaire dans le pays et appelé, dans un communiqué, les citoyens à descendre dans la rue pour les soutenir.
Des milliers de manifestants soutenant les militaires putschistes et opposé à la présence française au Niger et à l’opération Barkhane au Sahel et au Sahara, se sont donc rassemblés devant l’ambassade de France, où certains ont voulu entrer. D’autres ont arraché la plaque affichant "Ambassade de France au Niger", avant de la piétiner et de la remplacer par le drapeau nigérien.
Ce rassemblement a été dénoncé par Paris, et le président français Emmanuel Macron a prévenu qu'il "ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts" au Niger, tout en menaçant, en cas de violences, de "répliquer de manière immédiate et intraitable".
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Réagissant à la décision de la Cédéao, Abdourahamane Tiani, le porte-parole du Conseil militaire du Niger, a déclaré que le but de cette réunion est de convenir d'un plan d'invasion militaire imminente du Niger avec la coopération de plusieurs pays non membres et certains pays occidentaux.
« Nous voulons rappeler une fois de plus à la communauté économique des pays d'Afrique de l'Ouest ou à tout autre aventurier notre détermination à défendre notre pays », a-t-il fait savoir.
Situé en plein cœur du Sahel, le Niger est le dernier allié avec lequel la France, ancienne puissance coloniale, entretient un partenariat pour prétendument combattre les terroristes. Paris compte actuellement quelque 1 500 militaires au Niger, qui opéraient jusqu'ici conjointement avec l'armée locale. Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, miné par les attaques de groupes liés à Daech et à Al-Qaïda, est le troisième pays de la région à subir un coup d'État depuis 2020.