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Niger : l'armée accuse la France d'avoir violé son espace aérien

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'armée nigérienne accuse la France d'avoir violé son espace aérien. (Illustration)

Les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger ont accusé la France d'avoir enfreint la décision de fermeture des frontières en faisant atterrir un avion militaire de type A401 à l'aéroport international de Niamey jeudi, a rapporté Africanews.

Les hommes du conseil national pour la sauvegarde de la patrie ont, depuis la destitution du président Bazoum, suspendu toutes les institutions.

Les militaires ont annoncé la suspension jusqu'à nouvel ordre des activités des partis politiques et appelé la population au calme après des incidents lors d'une manifestation à Niamey organisée pour les soutenir. Pendant ces rassemblements, plusieurs ont appelé au départ de la force française du Niger.

Mercredi 26 juillet, un coup d'État orchestré par des militaires a renversé le président en place, suscitant les craintes de Paris.

Il faut dire que le pays est l'un des derniers partenaires de l'Hexagone au Sahel. La France y avait redirigé 1 500 militaires, mais elle pourrait voir ses intérêts sécuritaires et diplomatiques dans la région menacés.

La France semble très inquiète depuis le renversement du président Mohamed Bazoum, Emmanuel Macron condamnant "avec la plus grande fermeté" un putsch "parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région". 

Paris a donc décidé de se pencher sur l'affaire. Le chef de l'État va présider ce samedi à 15 heures, un Conseil de défense et de sécurité nationale consacré au Niger, a annoncé la présidence. 

Si la situation reste encore confuse sur place, la France pourrait voir ses relations se dégrader avec cette ex-colonie, indépendante depuis 1960. Le pays était devenu l'un des derniers partenaires privilégiés de Paris au Sahel, après de précédents revers avec le Mali et le Burkina Faso, récemment secoués eux-mêmes par des coups d'État. « Les tous premiers signaux envoyés ne sont pas très rassurants pour le Quai d’Orsay », constate Léonard Colomba-Petteng, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po et du CNRS.

Le coup d'Etat à Niamey est le troisième dans cette zone depuis 2020, après l'arrivée de militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Faso. Les putschistes qui ont pris le pouvoir dans ces pays ont contraint la France à quitter leur territoire. Ils se sont depuis tournés vers d'autres partenaires, notamment la Russie.

C'est en effet au Niger que Paris a redirigé l'essentiel de ses forces militaires impliquées dans l'opération antiterroriste Barkhane au Mali, à laquelle elle a été contrainte de mettre fin à l'été 2022 sous la pression de la junte malienne, installée au pouvoir après un coup d'État. Les forces spéciales françaises qui se trouvaient au Burkina Faso ont également dû en partir l'an dernier, lorsque le régime a été renversé en septembre et que les putschistes ont réclamé leur départ.

Pour l'heure, l'avenir diplomatique et militaire de la France dans le pays reste très incertain, mais si les forces françaises devaient à nouveau être amenées à se retirer, ce troisième revers serait très amer pour le gouvernement. « Si les militaires désormais au pouvoir étaient hostiles au maintien d'une coopération bilatérale étroite, Paris n’aurait plus d’appui solide dans une région où elle a toujours eu une très grande influence depuis les indépendances de ces États », note Léonard Colomba-Petteng, tandis que Caroline Roussy, chercheuse à la tête de l’observatoire Sahel de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) se questionne : « Être gendarme de l’Afrique est-il toujours pertinent en 2023 ? Si le scénario se confirme, il faudra tirer un bilan de ces séquences et interroger la légitimité, les objectifs et les capacités de ces opérations ».

« Petit à petit, c'est une période historique pour la France qui se termine, une période post-coloniale de sa présence militaire », a estimé Antoine Glaser, journaliste et spécialiste de l'Afrique. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV