Selon le chef de la diplomatie iranienne, l'adhésion complète de l'Iran à l'OCS et son entrée potentielle dans les BRICS entravent l'unilatéralisme et les sanctions.
Selon le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, l'adhésion complète de l’Iran à l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et son éventuelle entrée dans les BRICS contrecarreraient les politiques unilatérales et les sanctions.
Lors d’une interview accordée mardi 18 juillet à la télévision iranienne, Hossein Amir-Abdollahian a affirmé que l'adhésion à part entière de l'Iran à l'OCS fait partie de l'un des acquis de la politique étrangère du gouvernement iranien qui s’emploie à améliorer le bien-être du peuple.
À l'issue du 23e sommet virtuel du Conseil des chefs d'État de l'OCS le 4 juillet, l'Iran est devenu membre à part entière de la plus grande organisation régionale du monde. Le drapeau national iranien a été hissé au secrétariat du bloc à Pékin, le 5 juillet.
L'Iran et l'OCS ont entamé un processus formel d'adhésion en mars 2022. En septembre de la même année, l'Iran a signé un mémorandum pour rejoindre l'OCS. Un mois plus tard, le Parlement iranien a approuvé l'adhésion du pays à l'Organisation.
En allusion aux conséquences de l'adhésion de l'Iran à l'OCS, le premier diplomate iranien s’est exprimé en ces termes : « Nous bénéficierons de toutes les exemptions et facilités disponibles pour les membres de l’OCS sur les plans économique et commercial. »
Il a toutefois souligné que l'OCS n'est pas seulement une organisation qui se concentre uniquement sur les questions économiques, mais elle inclut également la coopération dans les domaines de la sécurité, de la culture, de l'armée, de la lutte contre le terrorisme, de la science et de la technologie.
Le chef de la diplomatie iranienne a précisé que le président iranien Ebrahim Raïssi a été officiellement invité à participer au 15e sommet de l'OCS en Afrique du Sud qui se tiendra entre 22 et 24 août 2023.
L'adhésion potentielle de l'Iran au bloc des cinq États permettra à l'Iran de bénéficier des grandes capacités de l'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.
Les BRICS regroupent le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. Ces pays à eux seuls représentent environ la moitié de la population mondiale et un cinquième de l'économie mondiale.
« Le monde d'aujourd'hui n'est pas un monde d'unilatéralisme. Un nouvel ordre international se forge dans le monde. L'une des caractéristiques de ce nouvel ordre est la concentration et les efforts des pays pour passer de l'unilatéralisme au multilatéralisme », a réitéré le ministre iranien des Affaires étrangères.
Aucune limite ne peut entraver le développement de la coopération tous azimuts entre l'Iran et l'Égypte
Amir-Abdollahian a souligné que l’Iran et l’Egypte partageaient de nombreuses affinités et a affirmé que les deux pays élaboraient des plans pour améliorer leurs relations au moment opportun.
« Nous ne connaissons aucune limite pour développer la coopération tous azimut avec l'Egypte », a réitéré le chef de la diplomatie iranienne.
Il a indiqué que les deux parties ont envoyé leurs ambassadeurs dans leurs capitales respectives et entamé des pourparlers en matière de sécurité.
L'Égypte a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran en 1980 après avoir accueilli le Shah déchu de l’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, et reconnu le régime d'apartheid israélien.
« La relance des relations irano-saoudiennes garantit des intérêts mutuels »
En allusion à l'ouverture d'un nouveau chapitre dans les relations entre l'Iran et l'Arabie saoudite, Amir-Abdollahian a ajouté que les dirigeants saoudiens étaient arrivés à cette conclusion que les liens entre les deux pays devaient être rétablis sur la base du bon voisinage et du respect mutuel.
« Le rétablissement des liens entre Téhéran et Riyad garantira les intérêts mutuels et entraînera des résultats positifs pour toute la région », a-t-il ajouté.
Il a rejeté l'idée que Téhéran et Riyad n'étaient parvenus qu'à un accord économique ; les deux parties ont convenu de promouvoir leurs relations et les investissements grâce à une coopération économique durable bien que leurs positions politiques diffèrent sur certains points.
Après plusieurs jours de négociations intenses à Pékin, l'Iran et l'Arabie saoudite se sont mis d'accord le 10 mars dernier pour reprendre leurs relations diplomatiques et rouvrir leurs ambassades dans un délai de deux mois.
Dans un communiqué conjoint après la signature de l'accord, Téhéran et Riyad ont souligné la nécessité de respecter leur souveraineté nationale et de s'abstenir de s'ingérer dans les affaires intérieures de l'autre.
Ils ont également convenu de mettre en œuvre un accord de coopération en matière de sécurité signé en avril 2001 et un autre accord conclu en mai 1998 pour stimuler la coopération économique, commerciale, technique, scientifique, culturelle et sportive.
L'Iran ne franchira jamais les lignes rouges
Dans une autre partie de ses propos, le ministre iranien a indiqué que l'Iran poursuivrait le chemin des négociations avec les États-Unis et les pays européens, mais qu’il ne franchirait jamais ses lignes rouges et ses positions de principe.
L'Iran fait des efforts considérables pour faire face aux impacts des sanctions unilatérales américaines. Il a réussi à hausser le taux de ses échanges commerciaux avec ses pays voisins à plus de 90 milliards de dollars.
« Téhéran a également accru ses échanges économiques avec les pays européens malgré certains défis politiques », a-t-il ajouté.
Amir-Abdollahian a souligné que l'Iran a maintenu ses liens avec la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France - les trois parties européennes à l'accord sur le nucléaire de 2015 - mais que selon ses propres termes l'Europe ne se limite pas à ces trois pays.
« Il existe d'autres grands secteurs en Europe avec lesquels nous interagissons sans aucun défi », a-t-il soutenu.
Amir-Abdollahian réitère son appel à un gouvernement inclusif en Afghanistan
Le chef de la diplomatie iranienne a ajouté que tout développement en Afghanistan pourrait avoir des impacts sur la sécurité de l'Iran. Les deux pays partagent 900 kilomètres des frontières communes.
« Toute instabilité en Afghanistan a un impact direct sur nos zones frontalières. D'ailleurs, l'afflux massif de réfugiés afghans en Iran est l'un des défis sérieux de la République islamique. »
Il a mis en garde contre la propagation du terrorisme en Afghanistan : « Nous avons explicitement annoncé qu'aucun groupe en Afghanistan n'a été en mesure jusqu'à présent de diriger un système politique stable sans la participation de tous les groupes ethniques. Par conséquent, la formation d'un gouvernement inclusif est une nécessité. L'Iran ne reconnaît pas les talibans en l'absence d'un gouvernement afghan inclusif. »
« Les choix de l'Iran ne se limitent pas à la Russie et à la Chine »
Amir-Abdollahian a également réitéré la ferme détermination de l'Iran à sauvegarder les intérêts nationaux et l'indépendance du pays à la suite d'un communiqué conjoint publié la semaine dernière par le Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP) et la Russie qui a contesté la souveraineté de l'Iran sur les trois îles du golfe Persique d'Abou Moussa, la Grande et la Petite Tonb.
L'Iran maintiendra ses relations avec les pays tout en poursuivant sa politique de « Regard vers l'Asie », mais « ne permettra jamais à la Russie ou à la Chine de penser qu'elles sont nos seuls choix ».
« L'Iran interagit avec la Russie et la Chine en fonction de ses propres intérêts et ne les laissera jamais nuire à l'indépendance, à la souveraineté nationale et à l'intégrité territoriale de la République islamique », a-t-il assuré.
Les ministres des Affaires étrangères du CCGP et de la Russie ont prétendu dans un communiqué que la question des trois îles iraniennes du littoral du golfe Persique devrait être réglée par des négociations bilatérales ou par la Cour internationale de Justice, conformément aux règles du droit international et à la Charte des Nations unies.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue omanais Badr Albusaidi à Téhéran lundi, le ministre iranien des Affaires étrangères a réitéré que Téhéran ne tolérerait jamais aucune violation de son intégrité territoriale.