Un nouveau rapport a révélé que les guerres déclenchées par les États-Unis au Moyen-Orient et en Afrique du Nord à la suite des attentats du 11 septembre ont directement ou indirectement tué au moins 4,5 millions de personnes et déplacé des millions d’autres.
Selon le rapport publié le 15 mais à l’issue du projet de recherche Costs of War du Brown mené par Watson Institute for International and Public Affairs, près d’un million de personnes ont été directement tuées à la suite des conflits en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, en Syrie, au Yémen, en Libye et en Somalie.
Le rapport a également estimé qu’au moins 3,6 à 3,7 millions de victimes étaient des décès « indirects » causés par divers facteurs, notamment des économies défaillantes, l’extrême pauvreté, la malnutrition, la maladie, la destruction des infrastructures de santé, la contamination de l’environnement ainsi que les traumatismes et les violences qui en résultent.
Le nombre de victimes directes et indirectes de la guerre continue d’augmenter à cause des conflits mondiaux en cours après plus de deux décennies, ajoute le rapport.
Ces guerres se poursuivent pour des millions de personnes dans le monde qui vivent avec et meurent de leurs effets; les femmes et les enfants souffraient le plus de l’impact, selon le rapport.
Les décès indirects sont dévastateurs, notamment parce qu’un si grand nombre d’entre eux pourraient être évités, sans la guerre, indique le rapport, ajoutant qu’il est difficile d’estimer les décès indirects, car ils ne se produisent pas immédiatement après les batailles.
A lire: Les États-Unis soutiennent secrètement Daech en Afghanistan (diplomate russe)
Un décès dû à la faim survient généralement des mois ou des années après que la guerre ait interrompu l’accès à la nourriture. Souvent, les personnes touchées par la guerre sont les déplacées qui deviennent plus vulnérables.
Le rapport a également reconnu qu’il est difficile de distinguer les facteurs indirects de mortalité de guerre de ceux qui auraient pu se produire dans des endroits où les gens souffrent déjà de taux élevés de pauvreté, de maladie et de malnutrition.
Le rapport pointe du doigt les États-Unis pour leur rôle dans de nombreuses guerres éclatées après le 11 septembre, en particulier les victimes des plus de 20 dernières années en Afghanistan.
Bien que les États-Unis aient retiré leurs forces militaires d’Afghanistan en 2021, mettant officiellement fin à la guerre, les Afghans « souffrent et meurent de causes liées à la guerre à un rythme plus élevé que jamais ».
Les États-Unis ont envahi l’Afghanistan en octobre 2001 à la suite des attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan (New York), malgré le fait qu’aucun ressortissant afghan n’ait été impliqué dans les attaques. Des centaines de milliers d’Afghans sont morts dans la guerre américaine contre le pays. Les talibans sont revenus au pouvoir en 2021, 20 ans après leur destitution par les forces américaines.
Le rapport a également appelé Washington à réparer les dommages causés par les conflits après le 11 septembre, déclarant : « Les réparations, bien qu’elles ne soient ni faciles ni bon marché, sont impératives. »
L’objectif du rapport est de sensibiliser davantage aux coûts humains plus complets de ces guerres et de soutenir les appels lancés aux États-Unis et à d’autres gouvernements pour atténuer les pertes et les souffrances de millions de personnes dans les zones de guerre actuelles et anciennes.
The @WashingtonPost covered it in today’s exclusive. Fantastic coverage by @MiriamABerger [2/https://t.co/Rck6BCpVwi
— Stephanie Savell (@stephsavell) May 15, 2023
« Il y a des coûts qui se répercutent, le coût humain de la guerre, que la plupart des gens aux États-Unis ne connaissent pas assez ou auxquels ils ne pensent pas vraiment », a déclaré Stephanie Savell, codirectrice de The Costs of War Project.
Elle a en outre déclaré que les chercheurs ont appliqué le ratio moyen du Secrétariat de la Déclaration de Genève de quatre décès indirects pour chaque décès direct, ajoutant que si ce ratio peut être inférieur en Irak, il serait plus élevé au Yémen ou en Afghanistan et que le ratio a donc été jugé exact pour arriver à l’estimation « raisonnable et prudente » de 4,5 à 4,6 millions.