L'Union européenne devrait avoir sa propre approche face à une Chine qui ne cesse de se renforcer, indépendamment des relations étroites qu'elle entretient avec les États-Unis, a déclaré vendredi Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l'UE.
"Je pense que oui, nous, Européens, devons avoir notre propre façon de traiter avec la Chine. Dans le triangle UE-USA-Chine, nous sommes plus proches de Washington, bien sûr, mais nous devons avoir notre propre façon de faire et nous y travaillons", a déclaré M. Borrell lors d'une conférence à Florence.
Le chef de la diplomatie européenne a déclaré lors d'un événement européen en Italie intitulé "Construire l'Europe en temps d'incertitude" que l'Union des 27 ne devait pas faire obstacle à l'accession de la Chine au statut de puissance mondiale.
"Je ne pense pas que nous devions nous opposer à la montée en puissance de la Chine. La Chine deviendra une grande puissance, que nous le voulions ou pas. Ce qui importe, c'est la manière dont la Chine gérera son pouvoir", a déclaré M. Borrell.
Les États-Unis ont poussé l'Europe à adopter une position plus ferme à l'égard de la Chine, leur rival économique et leur puissance militaire croissante, afin de contenir son influence mondiale grandissante. Et ce, bien que les trois parties restent les plus grands partenaires commerciaux du monde.
L'administration de Joe Biden a jusqu'à présent adopté un ton critique à l'égard de Pékin et pris des mesures pour empêcher l'influence chinoise, notamment en imposant des restrictions à l'exportation de certaines technologies. Les États-Unis ont également fait pression sur l'Union européenne pour qu'elle prenne des mesures similaires.
Selon le rapport de l'Office statistique de la Commission européenne (Eurostat), la Chine a été la première source d'importation de l'UE et le troisième acheteur de produits européens en 2022. Cette question devient encore plus importante dès lors qu'on se rappelle la vulnérabilité de la croissance économique de l'UE liée à la crise actuelle en Ukraine.
Les dirigeants européens ont également cherché à resserrer les liens avec Pékin pour l'empêcher de soutenir la Russie dans la guerre en Ukraine. Ils estiment également que les négociations avec la Chine sont essentielles à toute avancée majeure en matière de réduction des émissions de dioxyde de carbone.
De retour d'un voyage en Chine, le président français Emmanuel Macron a déclaré que l'UE devrait avoir sa propre politique sur la question de Taïwan et ne devrait pas être un "suiveur" de Washington sur ce sujet. "Être un allié ne signifie pas être un vassal", a ajouté le président français.
