Kiev est prêt à discuter de l’avenir de la Crimée avec Moscou, si ses forces atteignent la frontière de la péninsule occupée par la Russie, a fait savoir un conseiller de haut rang du président ukrainien Volodymyr Zelensky au journal britannique Financial Times.
Les propos d’Andriy Sybiha, chef adjoint du bureau du président Zelensky, sont considérés comme étant la déclaration la plus explicite de l’intérêt de l’Ukraine pour les négociations depuis que Kiev a interrompu les pourparlers de paix avec le Kremlin en avril 2022.
« Si nous réussissons à atteindre nos objectifs stratégiques sur le champ de bataille et lorsque nous serons à la frontière administrative avec la Crimée, nous sommes prêts à ouvrir une page diplomatique pour discuter de cette question », a déclaré Andriy Sybiha, en poursuivant : « Cela ne signifie pas que nous excluons la voie de la libération de la Crimée par notre armée ».
Les déclarations de Sybiha pourraient soulager les responsables occidentaux qui sont sceptiques quant à la capacité de l’Ukraine à récupérer la péninsule et craignant que toute tentative de le faire militairement ne conduise le président russe Vladimir Poutine à intensifier la guerre, éventuellement avec des armes nucléaires.
Sybiha est une diplomate chevronnée qui se concentre sur la politique étrangère au bureau du président ukrainien et a été aux côtés de Zelensky à des moments clés de la guerre. Il a déclaré que le président et ses collaborateurs parlaient désormais spécifiquement de la Crimée, alors que l’armée ukrainienne se rapproche du lancement de sa contre-offensive pour récupérer ce territoire.
Dans ce droit fil, le contre-amiral Tim Woods, l’attaché de défense britannique à Washington, a déclaré mercredi 5 avril que la Crimée aurait besoin d’une solution politique, en ajoutant : « Je ne pense pas qu’il y aura une solution militaire très rapide, par conséquent, nous devons voir quelles sont les conditions favorables pour que l’Ukraine puisse négocier et je pense que l’Ukraine serait partante pour cela.
Au début de la guerre, d’après le journal britannique, l’Ukraine était disposée à négocier avec Moscou sur l’avenir de la Crimée plutôt que d’insister pour la reconquérir militairement à tout prix. Mais à l’heure actuelle, les seuls contacts connus entre Kiev et Moscou consistent à négocier des échanges de prisonniers de guerre et du retour d’enfants déportés vers la Russie.
Lire Aussi : Poutine apprécie la volonté de la Chine de contribuer au règlement du conflit ukrainien
En ce qui concerne la fin de la guerre en Ukraine, le président ukrainien a signé en septembre 2022 un décret interdisant toute négociation avec son homologue russe, en prétendant : “Nous sommes pour des négociations avec la Russie, mais avec un autre président”.
De nombreux pays ont annoncé qu’ils seraient prêts à servir de médiateurs dans les pourparlers entre Kiev et Moscou dans le but de mettre fin à cette guerre d’usure, y compris la Chine, qui a publié, le 24 février 2023, un document pour régler ce conflit.
De plus, Pékin a annoncé, jeudi 6 avril 2023, qu’elle serait prête à coopérer avec Paris pour appeler à des pourparlers de paix en Ukraine.
“La Chine est prête à coopérer avec la France, appelant la communauté internationale à reprendre les pourparlers de paix dès que possible, conformément aux buts et principes de la Charte des Nations unies, à prendre en compte les intérêts légitimes de sécurité de toutes les parties, à rechercher une solution politique”, a souligné le président chinois, Xi Jinping, lors de la rencontre avec son homologue français, Emmanuel Macron, à Pékin.
Xi Jinping a également déclaré que la Chine et la France étaient prêtes à exhorter la communauté mondiale à empêcher l’utilisation des armes biologiques et chimiques ainsi que d’armes nucléaires et les attaques contre des installations nucléaires civiles.
Saluant les prises de position de Xi Jinping, Emmanuel Macron a, de son côté, rappelé fermement que la France ne voulait “pas simplement la fin du conflit [en Ukraine], mais le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ukrainienne, seule condition d’une paix durable.”
Il est à noter que le président français est arrivé, ce mercredi 5 avril, à Pékin pour une visite d’État de trois jours en Chine.
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/PressTVFr