Le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue chinois sont sur le point de signer un nouvel accord bilatéral inaugurant une « nouvelle ère » de relations.
Attendu lundi 20 mars à Moscou pour une visite de trois jours, le président chinois, Xi Jinping, mènera des entretiens avec son allié stratégique, a annoncé le Kremlin vendredi.
Le principal conseiller de Poutine, Iouri Ouchakov, a déclaré que les deux dirigeants signeraient la semaine prochaine une importante déclaration « sur le renforcement du partenariat global (des deux pays) et les relations stratégiques qui entrent dans une nouvelle ère ».
Les nouveaux accords, selon Ouchakov, établiront la feuille de route de la coopération russo-chinoise jusqu’en 2030.
Il a noté qu'une dizaine d'autres accords sont à l'étude.
Les deux dirigeants rédigeront des articles sur les relations bilatérales qui seront publiés lundi dans un journal russe et chinois, « un signal important à la veille des pourparlers proprement dits », a déclaré Ouchakov.
Le responsable russe a ajouté que la campagne militaire de la Russie en Ukraine sera également à l’ordre du jour des discussions entre les deux parties.
« Bien sûr, le conflit ukrainien sera discuté », a déclaré Ouchakov. Le président chinois a une bonne « compréhension des véritables causes de cette crise ».
Ouchakov a en outre souligné que le Kremlin « appréciait beaucoup » la « position modérée et réfléchie » de Pékin sur les affaires mondiales. Il a ajouté que Moscou saluait également l’initiative de paix de Pékin sur le conflit ukrainien.
Dans un plan de paix en 12 points publié le mois dernier, la Chine a appelé à un cessez-le-feu immédiat, au dialogue et au respect de la souveraineté territoriale de tous les pays pour remplacer les combats incessants en Ukraine.
Par ailleurs, en ce qui concerne la visite de M. Xi, le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que les dirigeants chinois et russe échangeraient leurs points de vue sur les relations bilatérales et discuteraient des principales questions internationales et régionales.
Pékin vise à « pratiquer un véritable multilatéralisme... à améliorer la gouvernance mondiale et à contribuer au développement et au progrès du monde », a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères.
Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a décrit la visite du président chinois à Moscou essentiellement comme « une visite pour la paix ».
« Le monde est entré dans une nouvelle période de troubles », a-t-il dit, ajoutant que « la Chine maintiendrait sa position objective et juste sur la crise ukrainienne et qu’elle jouerait un rôle constructif dans la promotion des pourparlers de paix ».
La visite du dirigeant chinois en Russie intervient un peu plus d’un an après que son homologue russe a lancé une opération militaire spéciale en Ukraine, qui a opposé l’Occident aux troupes russes sur la scène internationale.
La Chine et la Russie ont noué des liens économiques, militaires et politiques solides, concluant récemment un partenariat « sans limites ». La Chine est devenue le plus grand allié de la Russie et un acheteur majeur de son pétrole brut, que l’Occident a interdit en raison de la guerre en Ukraine.
En outre, la Russie et la Chine ont régulièrement souligné que les deux dirigeants des deux pays entretenaient des relations cordiales.
Toutefois, les États-Unis ne sont pas satisfaits du lien fort entre la Chine et la Russie, alléguant : « Washington craint profondément que la Chine puisse devenir un artisan de la paix en Ukraine. »
Bien que Pékin ait des liens étroits avec Moscou, il cherche pourtant à maintenir une position neutre, exhortant Moscou et Kiev à un cessez-le-feu et à résoudre le conflit par la voie diplomatique.
Cependant, les dirigeants occidentaux ont fait pression à plusieurs reprises sur la Chine pour qu’elle condamne la Russie, l’accusant de fournir à Moscou une couverture diplomatique pour son opération en Ukraine.
En particulier, les États-Unis ont accusé la Chine de réfléchir à des livraisons d’armes pour soutenir la campagne militaire de la Russie, une allégation que Pékin a fermement démentie.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré vendredi aux journalistes que les appels de la Chine à un cessez-le-feu en Ukraine iraient en faveur de Moscou et qu’ils contribueraient à consolider la « conquête russe » de l’est de l’Ukraine.
« Nous ne soutenons pas [l’initiative chinoise] pour le moment », a déclaré Kirby aux journalistes à propos de la visite de Xi la semaine prochaine à Moscou.
« Un cessez-le-feu est maintenant... en fait la ratification de la conquête russe », a déclaré Kirby, précisant : « La Russie serait alors libre d’utiliser un cessez-le-feu pour consolider davantage ses positions en Ukraine, pour reconstruire, réaménager et rafraîchir ses forces afin de pouvoir relancer les attaques contre l’Ukraine au moment de son choix. »
Kirby, également le porte-parole du Pentagone, a déclaré que les États-Unis étaient maintenant contre un cessez-le-feu, car cela ne serait pas propice à un accord de paix durable et équitable entre l’Ukraine et la Russie. « Nous ne pensons pas que ce soit un pas vers une paix juste et durable », a-t-il dit.