« Réforme des retraites : le gouvernement sous pression après une journée de mobilisation massive », titre le site Web de la Radio Europe1.
« Retenez la date. Mardi 31 janvier, nouvelle journée de manifestation prévue contre la réforme des retraites ».
Un bras de fer plus coriace qu'imaginé
Pour les ministres, la consigne reste la même : expliquer encore et encore les enjeux de cette réforme dans les médias et sur le terrain, « ce qui n'est pas le plus évident », concède un stratège français, un peu sonné par ce qu'il a vu ce jeudi. Car les propos d'Olivier Véran la semaine dernière. En effet, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait appelé ce mercredi 18 janvier à ne pas transformer la mobilisation prévue jeudi contre la réforme des retraites « en blocage » du pays.
Le gouvernement « à l'écoute » assure Véran
« On n'est pas sourd, on est extrêmement à l'écoute », a répondu le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, à l'occasion d'un déplacement à la rencontre de retraités à Orchies dans le Nord. Olivier Véran qualifie la mobilisation de jeudi d'« importante et attendue ». « On la respecte, c'est un mouvement d'expression démocratique », assure le porte-parole du gouvernement français.
Toujours est-il que l'appel à la grève et aux manifestations contre la réforme des retraites de l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU) a été entendu par les Français, ce jeudi 19 janvier 2023. (Regarder la vidéo ci-jointe diffusée par BFM TV.)
Plus d'un million de personnes ont participé à des manifestations dans toute la France jeudi, alors que les transports, les écoles et les raffineries étaient touchés par des grèves pour protester contre le projet impopulaire d'Emmanuel Macron de repousser l'âge de la retraite de deux ans, à 64 ans.
Selon le ministère de l'intérieur, 1,12 million de personnes ont manifesté jeudi à travers le pays, dont 80 000 ont pris part au plus grand rassemblement, à Paris. Les syndicats affirment que le chiffre est encore plus élevé.
La police a procédé à des arrestations en marge de la marche dans le centre de Paris, au milieu d'affrontements avec des agents en début d'après-midi. Selon la police, 15 personnes ont été arrêtées avant la marche de Paris et 15 autres pendant la marche, pour des infractions telles que le port illégal d'armes et le jet de projectiles.
L'appel à la grève et aux manifestations contre la réforme des retraites de l'intersyndicale a été entendu par les Français, ce jeudi 19 janvier 2023.
— Press TV Français (@PresstvFr) January 20, 2023
En marge des manifestations de jeudi, les violences policièreshttps://t.co/naNHjjAjQk pic.twitter.com/n2oYMjV5vX
Les services ferroviaires locaux et régionaux à travers la France ont été presque paralysés, et les transports publics dans des villes comme Paris ont été "gravement perturbés", selon les opérateurs.
De nombreuses écoles primaires sont restées fermées toute la journée. Les autorités ont estimé que 40 % des enseignants du primaire et plus de 30 % des enseignants du secondaire ont fait grève. Les syndicats affirment que le taux de participation est plus élevé, atteignant 70 % dans les écoles primaires.
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Selon le ministère de l'éducation, il y avait 42,35% de grévistes dans les écoles primaires et 34,66% dans les écoles secondaires. Dans le secteur des transports, les syndicats de la SNCF ont signalé un taux de grève de 46,3%. Quant aux raffineries, la CGT TotalEnergies a compté entre 70 et 100% de grévistes, dans presque tous les sites du groupe. Enfin, la fonction publique d'État, qui compte 2,5 millions d'employés, a compté 28 % de grévistes, selon le ministère responsable.
La radio et la télévision publiques ont également été perturbées et certains théâtres et musées ont été fermés. Certaines expéditions vers les raffineries ont été bloquées et la production d'énergie a été réduite.
La grève de 24 heures et les manifestations dans 200 villes constituent le premier test majeur pour Macron depuis sa réélection contre sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen au printemps dernier.
M. Macron insiste sur le fait qu'il s'en tiendra à sa principale promesse électorale visant à modifier le système de retraite français : porter l'âge de la retraite de 62 à 64 ans pour la plupart des personnes et augmenter le nombre d'années de cotisation nécessaires pour obtenir une pension complète. Les sondages d'opinion montrent que la majorité des Français s'opposent à ces propositions et les considèrent comme injustes, même si beaucoup conviennent qu'un changement est nécessaire.
Lors d'un sommet franco-espagnol à Barcelone, M. Macron a défendu ce qu'il a appelé une "réforme juste et responsable" et a dit espérer que les manifestations ne dégénéreraient pas en violence.
La principale question pour M. Macron et le gouvernement est de savoir si les syndicats, qui se sont unis dans un front uni inhabituel et historique pour une grève de 24 heures, vont canaliser la colère du public dans un mouvement de protestation sociale plus large et poursuivre l'action industrielle. Certains lycéens ont bloqué des établissements secondaires jeudi matin, le gouvernement craignant que les jeunes des écoles et des universités ne mènent leurs propres protestations.
En 2019, une tentative antérieure de Macron de modifier les retraites s'est heurtée aux plus longues grèves ferroviaires en France depuis mai 1968, et de tels plans de refonte des retraites ont été mis en veilleuse pendant la pandémie de Covid.
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Les modifications des retraites doivent encore passer par le Parlement, où le groupe centriste de Macron a perdu sa majorité absolue. Le gouvernement espère faire adopter le projet de loi rapidement avec le soutien des législateurs de la droite Les Républicains.
Les syndicats ont déclaré que les travailleurs ordinaires seraient touchés et que les changements étaient injustes.
Le mouvement de grève et de manifestations du 19 janvier a été très suivi au niveau national.
Quid de la suite de la contestation ?
L'intersyndicale, composée des huit plus grands syndicats français, a annoncé, suite à une réunion de ses représentants jeudi soir, qu'une nouvelle journée de mobilisation aurait lieu le mardi 31 janvier prochain. Mais l'intersyndicale entend par ailleurs maintenir la pression sur le gouvernement en appelant à de nouvelles grèves "aux alentours du 23 janvier".
Par ailleurs, une "marche contre la réforme des retraites" est prévue ce samedi 21 janvier à Paris.
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