Le commandant du commandement stratégique US avoue que les USA ne sont pas préparés à la dissuasion croissante de la Chine ni à la « menace aiguë » de la Russie.
La guerre en Ukraine a révélé la puissance de dissuasion militaire en déclin de l’armée américaine, un fait que de nombreuses autorités américaines ne veulent pas admettre en public. Voilà le mea-culpa d’un officier supérieur de l’US Army.
Le commandant du Commandement stratégique américain, l’amiral Charles Richard a reconnu l’affaiblissement de la capacité dissuasive des États-Unis vis-à-vis de leur traditionnel rival, l’axe russo-chinois. Une vérité divulguée au milieu de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine.
Mais, la guerre en Ukraine n’est que le début, la grande crise s’approche, a déclaré, l’amiral Charles Richard, lors d’une conférence. Et de continuer : « Il ne faudra pas longtemps avant que nous soyons testés d’une manière que nous ne l’avons jamais été depuis longtemps. »
Évoquant le développement accéléré de la potentialité de l’Armée populaire de libération (ALP) de la Chine, l’amiral Charles Richard affirme : « Alors que j’évalue notre niveau de dissuasion contre la Chine, le navire coule lentement, il coule lentement, mais il coule, car fondamentalement, ils mettent les capacités sur le terrain plus rapidement que nous. S’enfoncer lentement n’est guère une consolation, peu importe la qualité de nos commandants ou la qualité de nos chevaux — nous n’en aurons pas assez. »
Pour le haut commandant de l’US Navy, « c’est un problème à très court terme, il s’agit d’une vulnérabilité urgente que la plupart de la classe politique refuse de reconnaître ».
L’amiral Richard a noté que l’Amérique conserve un avantage dans les sous-marins, expliquant toutefois : « Peut-être le seul véritable avantage asymétrique que nous ayons encore, mais même cela peut s’éroder à moins que l’Amérique n’accélère le rythme pour résoudre nos problèmes de maintenance et lancer de nouvelles constructions. »
L’amiral Richard a par ailleurs critiqué l’indifférence des autorités militaires américaines face à la supériorité de la Chine dans la modernisation de son armée par rapport à l’armée US, notamment dans le domaine du développement des missiles hypersoniques : « L’année dernière, la nouvelle selon laquelle la Chine a testé un missile hypersonique qui a survolé le monde et atterri chez lui aurait dû déclencher plus d’alarmes qu’elle ne l’a fait. Cela signifie que la Chine peut mettre en danger n’importe quelle ville ou installation américaine et peut-être sans que ses missiles soient interceptés. Le fait que le test ait surpris les États-Unis qui voient leur capacité hypersonique dépassée par la Chine aggrave la situation. Comment nous avons perdu la course hypersonique contre la Chine et la Russie mérite des auditions au Congrès. »
« Avant, nous savions aller vite, et nous en avons perdu l’art », a reconnu l’amiral pour qui, évoquer les faiblesses militaires américaines risque d’encourager les rivaux à les exploiter. Mais le plus grand risque aujourd’hui est, selon lui, d’avancer dans une complaisance aveugle jusqu’à ce que les Chinois « nuisent aux intérêts des États-Unis ou à ceux de leurs alliés en se disant que les États-Unis n’y peuvent rien ».
Il convient de noter que déjà en 2021, l’amiral Charles Richard a tiré pour la première fois la sonnette d’alarme quant à l’essor éclair de la Chine : « Nous assistons à une percée stratégique de la Chine, une croissance explosive... »
« La Chine pose un risque fondamental pour la sécurité des États-Unis au cours des décennies à venir, tandis que la Russie représente une "menace aiguë" », affirme le Pentagone dans la cadre de sa nouvelle stratégie de défense annoncée jeudi 27 octobre, appelant les responsables américains à prendre des mesures immédiates pour renforcer la puissance de dissuasion du pays.