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Crise énergétique : un scénario difficile se dessine pour la France et l'Europe

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Centrale nucléaire en France. ©AFP

La France est plongée dans une crise énergétique due au démantèlement de nombreux réacteurs nucléaires.

Les effets se prolongeront jusqu'à l'année prochaine : la France, en tant que premier exportateur net d'électricité en Europe, devra désormais importer de l'électricité, révèle un rapport du magazine allemand Focus.

Le moment n'aurait pas pu être pire lorsque le géant français du nucléaire EDF a mis en garde en mai contre une réduction de la production d'énergie nucléaire cette année après la fermeture de la moitié de ses réacteurs.

Traditionnellement, la France est le premier exportateur net d'électricité en Europe grâce à son industrie nucléaire. Maintenant que le continent est confronté à une crise énergétique, les fermetures feront du pays un importateur net d'électricité pour la première fois.

Puis, quand EDF a annoncé en septembre que même en 2024, la production serait encore bien en deçà des niveaux normaux, le dilemme s'est transformé en embarras pour tout le pays.

Interruptions de la maintenance planifiée

Les préoccupations actuelles de l'industrie nucléaire française proviennent en partie de l'entretien courant des 56 centrales nucléaires du pays, dont la moitié sont en exploitation depuis une quarantaine d'années. Chaque réacteur vieillissant doit être retiré du réseau à intervalles réguliers pour inspection. Au cours des confinements liés à la pandémie, ces travaux de maintenance programmés ont été interrompus.

Cependant, les choses sont devenues vraiment critiques lorsque des problèmes de corrosion sont apparus dans un réacteur à eau sous pression fin 2021.

En septembre de cette année, pas moins de 25 centrales électriques étaient tombées en panne, dont dix étaient dues à un entretien de routine et le reste à des analyses de corrosion ou à des réparations.

Le problème nucléaire français vient de chez nous

La vérité inconfortable, cependant, est que le problème nucléaire de la France est d'origine nationale.

Les Français ont toujours été fiers de l'indépendance de leur parc nucléaire, qui couvre 69 % des besoins électriques du pays. Cependant, après la catastrophe du réacteur de Fukushima en 2011 et le lobbying des mouvements antinucléaires français et des Verts, le nucléaire est passé de mode.

En 2012, le socialiste François Hollande a fait campagne avec succès pour la présidence avec la promesse électorale de réduire la part de l'énergie nucléaire dans la production d'électricité à 50 % - cet objectif a été ancré dans la loi en 2015. Dans le même temps, il promettait de fermer les deux plus anciennes centrales nucléaires du pays, à Fessenheim, alors que le seul nouveau réacteur en construction à l'époque, à Flamanville, était inachevé (et toujours inachevé).

Ce n'est qu'en février dernier que son successeur, Emmanuel Macron, est résolument passé au nucléaire en vue du modèle économique bas carbone qu'il visait. Dans le cadre d'une stratégie énergétique basée sur la reprise du nucléaire et l'expansion des énergies renouvelables, Macron a annoncé la construction de six réacteurs de nouvelle génération en France - avec éventuellement huit autres à suivre d'ici 2050.

Cependant, il faudra encore de nombreuses années avant que les nouvelles centrales nucléaires ne soient mises en service.

Les patrons de l'industrie et les politiciens s'en veulent mutuellement. En août, le chef sortant d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a accusé la politique de fermeture du gouvernement français d'une décennie d'être à l'origine du déficit de l'industrie en matière de recrutement et de formation de spécialistes du nucléaire. Macron a rejeté cette accusation comme « erronée et irresponsable ».

Des processus décisionnels trop longs ont conduit l'Europe dans la crise

Quoi qu'il en soit, « les décisions n'ont pas été prises ou ont été prises trop tard », explique Cécile Maisonneuve, spécialiste de l'énergie à l'Institut français des relations internationales, « et cela a mis l'Europe en difficulté ».

A terme, la France pourra relancer son industrie. EDF a notamment acquis son expertise au Royaume-Uni :

La société construit actuellement des réacteurs à Hinkley Point, et deux autres sont prévus pour Sizewell. A court terme, cependant, la France fait face à un hiver de « tensions accrues », selon le régulateur du réseau électrique RTE.

Entre-temps, EDF s'est engagée à redémarrer toutes les centrales nucléaires démantelées d'ici février. Avec la nationalisation complète de la compagnie d'énergie par le gouvernement, aucun retard ne devrait être toléré. Néanmoins, RTE prévoit une baisse des capacités nucléaires d'environ un cinquième d'ici fin février par rapport au niveau de l'an dernier. Un scénario difficile se dessine pour la France et l'Europe - et pas seulement l'année prochaine.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV