La présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), Emmanuelle Wargon, a demandé instamment le redémarrage de tous les réacteurs nucléaires du pays face au risque de pannes hivernales.
"Il est essentiel que les travaux reprennent le plus rapidement possible; EDF doit avoir mis tous ses réacteurs nucléaires en maintenance", a déclaré M. Wargon à la radio RMC mercredi, commentant la grève qui a mis à l'arrêt un tiers des réacteurs français.
La France produit environ 70 % de son électricité à partir d'un parc nucléaire de 56 réacteurs, tous exploités par EDF (entreprise française de production et de fourniture d’électricité, détenue à plus de 80 % par l'État).
Mardi, un représentant du syndicat français FNME (Fédération nationale des mines et de l'énergie) a déclaré aux journalistes que 20 des réacteurs étaient touchés par les grèves et que la maintenance de 17 d'entre eux était suspendue en conséquence.
Les grèves se poursuivent depuis plusieurs semaines dans les centrales nucléaires, ainsi que dans les raffineries et les dépôts pétroliers appartenant aux majors pétrolières TotalEnergies et ExxonMobil, entraînant des perturbations massives de l'approvisionnement en carburant dans le pays.
Les syndicats réclament une augmentation des salaires des travailleurs alors que l'inflation dans le pays a dépassé les 6%. La manifestation contre la crise énergétique intervient au moment où la France s'attend à ce que sa production nucléaire atteigne son niveau le plus bas depuis 30 ans en raison d'un nombre record d'arrêts de réacteurs causés par la corrosion et des problèmes de maintenance planifiée.
Mardi, le gestionnaire du réseau électrique RTE a prévenu que des grèves prolongées, qui entravent les travaux de maintenance et le redémarrage des réacteurs nucléaires, auraient de graves conséquences sur l'approvisionnement en électricité pendant l'hiver. L'exploitation des réacteurs nucléaires a déjà été affectée par une sécheresse historique cet été, lorsque les niveaux d'eau des rivières sont tombés à des niveaux records.
Parallèlement à la forte hausse de l'inflation et du prix des vecteurs énergétiques en Europe, plusieurs villes européennes ont connu ces derniers jours des manifestations publiques massives contre la crise énergétique.
En France, les manifestants ont récemment appelé à se retirer de l'OTAN et les Allemands ont demandé aux dirigeants européens d'annuler les sanctions anti-russes.
Dans ce contexte, le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères a condamné l'usage de la violence par la police française contre des manifestations pacifiques à travers le pays, dans le cadre d'une vague de grèves nationales contre les bas salaires et les conditions de travail inadéquates.
"Nous suivons de près les manifestations populaires et les grèves généralisées en France, qui sont fondées sur les revendications pacifiques des citoyens du pays", a déclaré jeudi Nasser Kan'ani.
"Nous condamnons le recours à la force et à la violence pour renvoyer les grévistes au travail au mépris de leurs revendications, ainsi que la confrontation violente de la police française avec les manifestants", a-t-il ajouté.
Dénonçant comme "regrettable" le double standard des autorités françaises par rapport aux protestations, M. Kan'ani a déclaré : "D'une part, elles insistent pour prendre des mesures coercitives et violentes, qui ont déjà été utilisées contre les protestations des Gilets jaunes et aussi sous forme de la brutalité policière du pays dans les conflits raciaux, et d'autre part, il est hypocrite [de la part de ce pays] de s'aventurer à prêcher [les autres] et à créer une atmosphère de tension contre d'autres pays".