Sur fond des avertissements du Kremlin contre le recours à l’arme nucléaire en cas de menace contre la sécurité de la Russie, les forces ukrainiennes ont repris aujourd’hui le contrôle de la ville stratégique de Lyman conjointement à la tenue du référendum qui a conduit au rattachement à la Russie de certaines régions en Ukraine dont Donetsk et Louhansk.
Après environ deux semaines de conflits sanglants, la ville clé de Lyman au nord de la province de Donetsk a été encerclée aujourd’hui, 1er octobre par l'armée ukrainienne alors qu’un grand nombre de forces armées russes y sont toujours présentes dans l’attente de l’arrivée des forces auxiliaires pour briser le siège, faute de quoi, un nombre d’entre elles risque d’être capturé.
Le gouvernement russe a organisé un référendum dans les régions de Donetsk et de Louhansk (est) ainsi qu’à Zaporijjia et à Kherson (sud) contrôlés partiellement par les forces du Kremlin. Plus de 90% des électeurs ayant voté l'indépendance de l'Ukraine et l'adhésion à la Russie, le président russe Vladimir Poutine a signé et officialisé vendredi 30 septembre le rattachement de ces quatre territoires à la Russie.
Cela intervient sur fond des offensives de l’armée ukrainienne sur la province de Donetsk et Kherson dans le but de reprendre le contrôle de ces territoires. À l’heure qu’il est, l’armée ukrainienne est susceptible de lancer tôt ou tard des opérations offensives contre les provinces de Louhansk et Zaporijjia.
En effet, les commandants ukrainiens s’imaginent que l'armée russe ne sera pas en mesure de maintenir ces zones qui constituaient 15% du territoire ukrainien, pariant sur les rumeurs concernant « les faiblesses » des forces armées russes en matière d’approvisionnement et de personnel. Toutefois, ils craignent que la Russie n’utilise ses armes nucléaires sur les lignes de contact entre les deux armées ou contre un endroit où sont présents le plus grand nombre de troupes et d'équipements ukrainiens.
De leur côté, les responsables russes ont averti à plusieurs reprises qu’après le référendum, les quatre régions précitées seraient considérées comme étant le territoire officiel de la Russie, et les attaquer signifie l’attaque contre ce pays.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine lui-même et de nombreux autres responsables militaires et politiques russes ont souligné qu'ils n'hésiteraient pas à utiliser des armes nucléaires contre l’Ukraine, si la sécurité nationale russe était menacée. L'Occident et les dirigeants ukrainiens qui ne semblaient pas avoir pris ces avertissements au sérieux semblent maintenant plus inquiets que jamais d’un éventuel recours à l’arme nucléaire par l'armée russe.
Compte tenu de la possibilité accrue d'utiliser des armes nucléaires par la Russie, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé vendredi 30 septembre que l’Ukraine allait signer une demande d’adhésion accélérée à l’OTAN, mais en vain : les pays européens ne seront pas disposés à affronter directement une superpuissance nucléaire comme la Russie.
Auparavant, M. Zelensky avait indiqué que la tenue de référendum sur le rattachement des territoires ukrainiens signifierait la fin de toute négociation entre Kiev et Moscou. Maintenant avec la menace nucléaire russe et l'absence du parapluie nucléaire de l'OTAN, le président ukrainien se trouve face un grand dilemme : continuer à se battre et ignorer la menace nucléaire de la Russie, ou prendre cette menace au sérieux avant de se décider de se battre pour reprendre les 20% du territoire rattaché à la Russie, y compris la péninsule de Crimée.
Bien que la possibilité d'un conflit nucléaire à grande échelle entre la Russie et l'OTAN en raison du conflit en Ukraine soit très faible, les images satellites diffusées depuis la base aérienne Olenya près de la frontière russo-finlandaise montrent que l'armée russe a augmenté le nombre de bombardiers stratégiques transportant des armes nucléaires de quatre à sept, dont quatre Tupolev Tu-160 et trois Tupolev Tu-95. Ces bombardiers pourront viser l'ensemble du territoire européen en tirant des missiles de croisière KH-101 en cas de conflit nucléaire.