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Zoom Afrique du 31 août 2022

Zoom Afrique du 31 août 2022

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Actualité en Afrique :

- Soudan du Sud : 22 000 hommes des Forces unifiées nécessaires défilent pour la première fois

- Le Soudan convoque l'ambassadeur d'Ethiopie après ses propos sur la destruction d'un avion par les forces éthiopiennes

- RDC: la Russie pilotera un projet de formation dans la gestion de l’eau à l’Université de Kinshasa

- Centrafrique : la Cour constitutionnelle rejette l'achat de la citoyenneté et des terres avec la cryptomonnaie sango

Analyses de la rédaction :

1. La Somalie emboite le pas au Mali et la RCA ?

Le représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique Mikhaïl Bogdanov et l’ambassadeur de Somalie à Moscou Hassan Abdi Daud ont évoqué mardi “le renforcement des liens bilatéraux”, a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères. “Hassan Abdi Daud a parlé du développement de la situation politique et sociale en Somalie après la tenue des élections législatives et présidentielles dans le pays et la formation d’un nouveau cabinet des ministres. Les deux interlocuteurs ont échangé leurs points de vue sur la situation dans la région de la Corne de l’Afrique“, a fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères selon Tass. 

La Russie a également réaffirmé son soutien aux efforts des autorités somaliennes pour assurer la sécurité et établir une paix civile durable dans le pays. Ce n’est pas le premier pays d’Afrique qui se tourne vers la Russie. Plusieurs pays sur le continent africain ne boudent plus leur plaisir de côtoyer la Russie de Vladimir Poutine. C’est le cas du Mali, qui se cherchait de nouveaux alliés après la débâcle française. C’est aussi le cas de la Centrafrique qui a, le premier, effectué un rapprochement stratégique et militaire avec Moscou. Dans ce cas aussi, ces liens se sont renforcés après l’annonce du départ des forces françaises du pays. 

Outre ces deux pays qui ont fait un choix marqué pour la Russie, plusieurs autres pays entretiennent de bons liens avec la Russie. En Afrique centrale, le Cameroun et le Congo ont des partenariats d’achats d’armes russes pour ne citer que ces pays-là. Moscou ne veut pas rentrer en concurrence avec les occidentaux comme le prétendent constamment les médias occidentaux, car les pays d’Afrique ne nouent pas un partenariat seulement avec la Russie, mais aussi avec l’Iran, la Chine et ils prônent de plus en plus les alliances régionales. Les médias occidentaux se focalisent sur la Russie seulement pour pouvoir rester dans le déni et ne pas accepter que les africains ont un sentiment anti-occident qui se développe de jour en jour. C’est pourquoi la Russie est dans la ligne de mire des médias occidentaux en Afrique.  

Comme pour le Mali ou la Centrafrique, la Somalie constate que malgré la présence des militaires américains dans le pays, la situation n’a fait qu’empirer et le terrorisme prend non seulement de l’ampleur, mais le pays sert de base militaire pour les opérations régionales comme la déstabilisation de l’Éthiopie et de l’Érythrée. 

De plus en plus de pays africains se focalisent sur les pays du bloc de l’Est car ils cherchent simplement des partenariats gagnant-gagnant pour pouvoir apporter une plus-value à leur pays respectif mais ils veulent également mettre un terme aux politiques néocolonialistes. Ce qui est légitime. Mais malgré que l’Occident ne veuille pas que l’Afrique se développe, la machine est lancée et plus personne ne peut dicter ses diktats aux pays africains. 

2. Le rôle de l’Afrique dans la nouvelle guerre froide 

Les médias occidentaux, dirigés par les États-Unis, parlaient à peine de l’Afrique sauf pour alerter sur sa soi-disant instabilité perpétuelle mais aujourd’hui, le récit est un train de changer et on assiste à un débat sur son rôle dans ce que beaucoup ont commencé à appeler « la nouvelle guerre froide ». 

Cette lutte mondiale n’est plus une lutte entre le capitalisme et le communisme comme l’ancienne guerre froide mais on peut la simplifier en disant que c’est une lutte entre le 1% de l’Occident dirigé par les États-Unis qui ne démord pas de l’uni-polarité face au sud mondial dirigé par les BRICS qui promeuvent la multi-polarité. 

L’uni-polarité se réfère à la croyance qu’un seul pays ou  un seul groupe de pays comme les économies développées occidentales (qui, dans ce contexte incluent aussi le Japon en tant que membres du G7) doit dominer les relations internationales alors que la multipolarité pense que tous les pays doivent être traités d’égal à égal. La première est entrées brièvement en vigueur après la dissolution de l’ancienne Union soviétique en 1991 et la seconde a commencé à surgir après la désastreuses invasion occidentale de l’Irak dirigée par les États-Unis en 2003. 

L’Afrique est apparue brusquement sous le radar de l’opinion publique occidentale après que ses gouvernements aient conspiré pour détruire la Libye en 2011 mais peu après, elle a disparu de sa conscience car les médias se sont plus centrés sur le conflit syrien qui a débuté cette année-là et ensuite sur le conflit ukrainien qui a commencé en 2014. Mais la dernière phase du conflit ukrainien provoquée par l’opération militaire spéciale de la Russie a fait que l’Occident a prêté à nouveau plus d’attention à l’Afrique. 

Bien que plus de la moitié de ses pays aient voté pour condamner l’opération spéciale de la Russie en Ukraine, aucun d’entre eux n’a respecté la pression des États-Unis destinée à la sanctionner. De plus, le président de l’Union africaine, Macky Sall, a été d’accord avec le président russe Vladimir Poutine lors de sa visite début juin sur le fait que les sanctions occidentales contre son pays, dirigées par Washington, étaient responsables de l’aggravation de la crise alimentaire mondiale qui, en réalité, doit son origine à des événements antérieurs au conflit ukrainien comme la « pandémie de COVID-19 », etc… 

Pendant ces dernières semaines, il y a eu une grande activité diplomatique en Afrique. La chef de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Samantha Power, s’est rendue récemment sur le continent pour convaincre ces pays que le président Sall se trompait et que l’Occident avait raison de rendre la Russie responsable de cette crise humanitaire imminente. Peu après, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, s’est rendu dans quatre pays où il y a contrecarré de façon convaincante son faux récit. Le président français Emmanuel Macron s’est aussi rendu en Afrique à ce moment-là pour rouspéter contre la Russie. 

Le secrétaire d’État nord américain Anthony Blinken finit également un voyage là-bas, ce qui a conduit beaucoup d’observateurs à conclure qu’actuellement il y a une lutte enflammée pour l’influence sur tout le continent, exactement comme c’était arrivé auparavant pendant l’ancienne guerre froide. À la différence de cette époque-là, la compétition ne se situe pas entre des idéologies mais entre le modèle idéal de relations internationales : le 1% de l’Occident, dirigé par les États-Unis, défend l’uni polarité alors que le sud mondial, dirigée par les BRICS soutient la multi-polarité. 

Mais revenons au rôle de l’Afrique dans la nouvelle guerre froide. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles elle est en train d’acquérir de plus en plus d’importance et de devenir une scène de compétition entre la Russie et l’Occident. Premièrement, ses plus de 50 pays constituent un bloc impressionnant de vote à l’ONU, et on en déduit que Moscou et ses rivaux cherchent à ce qu’ils soutiennent leurs interprétations quelles qu’elles soient pour pouvoir montrer au reste de la communauté internationale que tel nombre d’États soutient ses opinions. 

Deuxièmement, on s’attend à ce que l’Afrique ait une croissance démographique rapide tout au long du siècle prochain, ce qui pourrait se traduire par un énorme marché potentiel. Troisièmement, cela peut contribuer à ce que certains pays comme l’Éthiopie, le Nigeria et l’Afrique du Sud deviennent réellement des pays importants avec une influence de grande portée dans leur propre masse terrestre et éventuellement même au-delà. Quatrièmement, des pays importants comme la Russie et ses rivaux occidentaux ont intérêt à établir des associations stratégiques avec leurs homologues émergeants précocement. 

Et enfin, la dernière raison se réduit à la base idéologique de la nouvelle guerre froide concernant la diffusion de la vision du monde de chaque partie en Afrique. Pour l’expliquer, le 1% dirigé par les États-Unis veut conserver son hégémonie impériale sur les pays qu’il considère être à l’intérieur de ce qu’il appelle « sa zone d’influence » alors que le sud mondial dirigé par les BRICS (dans cette situation représentés par la Russie) veut les aider à compléter pleinement leur processus de décolonisation comme l’a promis récemment le ministre des Affaires étrangères Lavrov. 

Ces grands objectifs stratégiques à long terme sont incompatibles entre eux puisque le premier consiste à perpétuer la servitude dans les conditions actuelles alors que le second consiste à libérer les nations étrangères de cette influence hégémonique pernicieuse. En réalité, c’est le 1% et non le sud mondial comme l’affirment les médias occidentaux qui se sert de la corruption comme arme et livre des guerres par délégation (proxy wars) pour promouvoir ses intérêts en Afrique, ce qui le rend extrêmement dangereux. 

Mais l’Afrique est destinée à jouer un rôle important dans la transition systémique mondiale vers la multipolarité bien que certains pays puissent avoir des difficultés à se libérer complètement du joug néocolonial de l’Occident. Par conséquent, on peut dire que l’importance du continent dans la nouvelle guerre froide est qu’il est la scène d’un nouveau mouvement de libération nationale inspiré de son prédécesseur de la vieille guerre froide. Comme alors, l’Occident soutient l’hégémonie coloniale alors que la Russie et ses alliés du bloc de l’Est comme l’iran et la Chine soutiennent la véritable liberté. 

Andrew Korybko 

3. Le Mali ne veut plus rien savoir de la France ! 

Dans un communiqué du 28 août, le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM) a catégoriquement rejeté la médiation du président sénégalais Macky Sall entre le Mali et la France suite à la saisine par les Autorités de la Transition du Mali, du Conseil National de Sécurité des Nations Unies. 

Pour rappel, le 16 août, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop, a envoyé une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU accusant la France de violer l’espace aérien du Mali ainsi que de soutenir les groupes terroristes et demandant une réunion d’urgence pour transmettre des éléments crédibles aux membres du Conseil. 

On a appris que le Sénégal s’est dit disposé à faire une médiation dans la crise actuelle entre la France et le Mali. En effet, Aïssata Tall Sall, la ministre des Affaires Etrangères, la cheffe de la diplomatie sénégalaise a déclaré que le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine va continuer de jouer le rôle de médiation, pour que « cette affaire ne soit pas exposée au Conseil de sécurité ». Aïssata Tall Sall assure que le président Macky Sall « fera tout ce qui est nécessaire pour que cette affaire s’arrête là, et n’évolue outre-mesure». 

Pourtant, au Mali, cette initiative de Dakar a été accueillie avec défiance. Selon le communiqué du Collectif pour la Défense des Militaires, l’implication de la France dans la déstabilisation du Mali est insignifiante pour Macky Sall, qui avait appliqué contre le peuple malien des sanctions. « Animé de cette mauvaise foi, le CDM rejette catégoriquement cette médiation et exige du Président Macky Sall de la retenue et du respect au peuple souverain du Mali ». Le CDM rappelle que depuis plus d’une décennie le Mali fait face à un terrorisme international et cette guerre « a été imposée et entretenue par la même France ». 

Le Collectif affirme que Macky Sall est mal placé pour mener quelconque médiation entre la République du Mali et la République de la France et s’interroge sur les motivations réelles de cette médiation. Le CDM mentionne que Macky Sall est « soupçonné de faire débarquer au port de Dakar, sous une tempête de pluie, un bateau français transportant plusieurs soldats ». Après vient s’ajouter le dossier de 49 soldats ivoiriens débarqués illégalement armes et bagages à l’Aéroport Modibo Keïta de Bamako. 

Malgré le fait que la France ait finalement retiré ses troupes du Mali le 15 août, Paris entend toujours contrôler la situation dans le pays. Maintenant, il le fait à travers la mission onusienne, la MINUSMA. Il convient de souligner que c’est Paris qui rédige les textes des résolutions sur le prolongement du mandat de cette mission. D’après les sources, la France a depuis longtemps mis en place ses propres structures et dispositifs au sein de la MINUSMA, fournissant aux mercenaires arrivant au Mali les documents et la logistique nécessaires, les légalisant et les mettant à l’abri de la surveillance des forces de l’ordre maliennes. 

Mais l’affaire récente de l’arrestation de 49 militaires ivoiriens entrés illégalement au Mali le 10 juillet a mis fin à cette filière illégale de livraison et de légalisation de mercenaires, dont la mission est de mener une « guerre sans fin » pour de l’argent. Les « Ivoiriens », dont beaucoup ne parlent pas français, sont en fait des mercenaires rassemblés dans diverses régions d’Afrique. 

Lors des sanctions imposées au Mali par la CEDEAO, le Sénégal a à plusieurs reprises enfreint les sanctions pour acheminer des marchandises au Mali. Bref, il est clair que l’Élysée a demandé à Macky Sall d’essayer de calmer le jeu au Mali, sachant pertinemment que Bamako allait refuser cette médiation. De plus, la visite de Macky Sall en Russie a également montré que Dakar ne compte pas vraiment suivre aveuglément les diktats de Paris.  

Ainsi, la France tente d’empêcher par tous les moyens que la plainte du Mali ne soit pas examinée par le Conseil de sécurité car évidemment, cela porterait un coup fatal à la France qui essaye de garder son influence en Afrique de l’Ouest. Que ce soit Macky Sall ou un autre, une médiation entre le Mali et la France ne donnera rien. Les Autorités maliennes ne veulent en aucun cas aller à l’encontre du peuple malien qui a déjà tourné la page concernant la France et qui ne veut en aucun cas avoir quelque chose à voir avec l'ancienne puissance coloniale. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV