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Accord nucléaire: les enthousiasmes et les doutes de Washington

Président des États-Unis, Joe Biden. (Archives)

Ned Price, porte-parole du département d’État américain, a déclaré récemment : « Nous examinons sérieusement la situation et dans le même temps, nous nous engageons avec nos partenaires, avec l’UE et nos alliés européens, sur la voie à suivre au sujet de la relance de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien. »

D’après des analystes indépendants, le silence et l’atermoiement des États-Unis à l’égard du texte proposé par l’Europe pour la relance de l’accord de 2015 peuvent être vus comme un « attachement ambivalent » des Américains par rapport du Plan global d’action conjoint (PGAC) sous la présidence de Joe Biden : d’une part, ils souhaitent revenir au PGAC, d’autre part, ils rejettent l’opportunité de conclure un accord sous divers prétextes tout en admettant qu’ils ont besoin du PGAC pour lequel ils n’ont pas d’alternative. Ainsi, au lieu de choisir la voie plus simple du retour aux engagements, ils préfèrent éviter l’accord et recourir au modèle familier de « pression maximale ».

Enthousiasme de Washington:

La principale raison pour laquelle les États-Unis sont impatients de revenir au PGAC est qu’ils ont besoin de cet accord et admettent qu’ils n’ont pas d’alternative appropriée ou de plan B pour l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Les opérations militaires et l’intensification des sanctions sont les deux options potentielles que les analystes proposeraient à l’Amérique. Cependant, ces deux options ont perdu leur valeur aux yeux des décideurs américains.  

Concernant l’option militaire, les responsables de l’administration Joe Biden admettent désormais ouvertement qu’ils n’ont pas la possibilité d’une réponse militaire au programme nucléaire iranien. Robert Malley, représentant de l’administration Biden pour l’Iran a déclaré le 4 juin devant une commission du Sénat que « la seule vraie solution que nous avons ici est la diplomatie ».

À cet égard, Ehud Barak, ancien Premier ministre du régime sioniste, a admis dans un article publié il y a un mois dans le magazine Time qu’il y a 12 ans, il aurait peut-être été concevable de recourir à une option militaire pour faire reculer le programme nucléaire iranien, ce qui est désormais impossible à l’heure actuelle tant pour les États-Unis que pour le régime israélien.

Le durcissement des sanctions n’est pas efficace non plus. Les responsables de l’administration Biden ont reconnu à plusieurs reprises que la « pression maximale » exercée contre l’Iran pendant la présidence de Donald Trump n’a atteint aucun des objectifs souhaités et a échoué.

De plus, la « pression maximale » a fait perdre aux sanctions américaines l’un des principaux éléments nécessaires à leur efficacité contre l’Iran. Richard Nephew, l’un des architectes du régime des sanctions contre l’Iran, souligne que le projet de « pression maximale » de Trump a techniquement échoué, car Trump et ses conseillers ont négligé le caractère graduel des pressions, et qu’à un moment donné ils ont vu qu’il n’y avait plus la possibilité d’ajouter quoi que ce soit à la liste des sanctions anti-iraniennes.

Doutes de Washington:

L’Amérique, bien sûr, n’aspire pas à un accord gagnant-gagnant, mais veut relancer un accord plutôt préjudiciable pour Téhéran.

A l’époque de l’accord de 2015, Barack Obama a expliqué que le PGAC devrait renforcer la position des éléments pro-occidentaux à Téhéran et préparer le terrain à la conclusion d’accords ultérieurs dans les années à venir pour limiter progressivement le pouvoir de la République islamique d’Iran.

Il avait en outre expliqué que grâce à d’autres politiques comme le maintien d’une série de sanctions efficaces, les États-Unis empêcheraient l’augmentation des revenus iraniens.

Du point de vue des dirigeants américains de l’époque, si les sanctions étaient complètement levées, la République islamique d’Iran n’aurait plus besoin de négocier sur d’autres questions.

Par conséquent, pour la partie occidentale, il était nécessaire que la structure des sanctions reste intacte et que la suspension progressive des sanctions ne soit pas telle qu’elle puisse entraîner un essor économique en Iran, car la croissance économique iranienne pourrait également accélérer le programme balistique du pays.

Le silence actuel des États-Unis quant au texte proposé par l’Union européenne s’inscrit, en réalité, dans la continuité de la logique habituelle de Washington, mais cette fois-ci toutes les parties, y compris l’Union européenne, ont qualifié la réponse de l’Iran de « logique » et raisonnable. La balle est donc bel et bien dans le camp des Américains.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV