Au Maghreb que change-t-il au juste pour cette seconde édition African Lion 2022 ? Pas grand-chose si ce n’est que les 7000 forces que les Yankees ont déployées aux portes de l’Algérie et qui se concentreront cette année comme l’an dernier sur les capacités aériennes et de la DCA de l’ennemi hypothétique à abattre à savoir l’Algérie réclament sans honte ni ambages que les conseillers militaires israéliens y prendront aussi part. Or, cette annonce culottée se fait sur fond des appels de moins en moins espacés de l’ambassadeur de l’entité au Maroc comme quoi « Israël est partisan de la marocanité du Sahara ». À cela s’ajoute évidemment ce rapport dit confidentiel où l’OTAN qualifie l’Algérie de menace géostratégique potentielle dans la mesure où « le pays est parfaitement prêt à utiliser le gaz comme une arme contre l’Europe ». Que conclure de ce concours de provocations et de menaces larvées ?
Le plan d’israélisation du Maroc étant désormais à un stade assez avancé, l’axe USA/OTAN/Israël s’efforce de passer à l’étape supérieure. Que pourrait l’en dissuader ? Une démonstration de force bien palpable de l’Algérie qui pourrait aller même au-delà des exercices militaires d’envergure auxquels l’Algérie commence à nous habituer. Mais que se passe-t-il depuis lundi au Sahara occidental ? Selon des agences, « les États-Unis et le Maroc ont lancé ce lundi 20 juin à Agadir, ville du Sud marocain, l’exercice militaire African Lion 2022, le plus grand exercice du continent africain. Cette année, il se déroule dans un climat de tension régionale avec l’Algérie voisine. La manœuvre devrait mobiliser pas moins de 7 500 soldats originaires de 10 pays. C’est le plus grand exercice militaire du continent africain, African Lion 2022, qui a démarré ce lundi 20 juin. L’événement va durer 10 jours, essentiellement au Maroc, mais aussi en Tunisie, au Sénégal et au Ghana, a indiqué le commandement américain pour l’Afrique (Africom). Des observateurs militaires en provenance de l’OTAN et une quinzaine de “pays partenaires” y participent également. C’est une première notamment pour Israël. »
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Et ces mêmes agences d’ajouter : « C’est la première fois que des observateurs militaires israéliens participent à cet exercice baptisé “African Lion 2022”, le plus étendu sur le continent africain mené par les États-Unis et ses alliés. La participation d’Israël à ces manœuvres survient près de 18 mois après la normalisation diplomatique avec le Maroc, sous l’égide de l’ancienne administration américaine de Donald Trump. Cette normalisation a été suivie d’une accélération des relations militaires entre le Maroc et Israël, une première dans le monde arabe. »
Ce genre de rapport ne va évidemment pas sans que les journalistes rappellent systématiquement la rupture des relations Alger Rabat le but de toute cette entreprise de normalisation étant de créer les conditions de guerre au Maghreb. Aussi ces mêmes sources poursuivent : « L’Algérie a rompu ses relations avec le Maroc le 18 août 2021, consécutivement à une “série d’actes hostiles” de la part du royaume. Quatre jours plus tôt, le ministre israélien de la Guerre en visite au Maroc avait lancé des menaces à peine voilées contre l’Algérie. » Et le divisionnisme étant le mot d’ordre ils ajoutent comme pour insinuer d’autres normalisations à venir et partant un isolement de l’Algérie dans son environnement ceci : « Pour African Lion 2022, l’exercice mobilise 7 500 soldats d’une dizaine de pays. Le commandant africain pour l’Afrique (Africom) a indiqué qu’il va durer dix jours et se dérouler essentiellement au Maroc, mais aussi dans trois autres pays : la Tunisie, le Sénégal et le Ghana. Les observateurs israéliens seront-ils autorisés à assister à l’exercice pendant sa phase tunisienne ? La Tunisie n’a pas normalisé ses relations avec Israël et a indiqué à plusieurs reprises ces derniers mois qu’elle ne comptait pas le faire. »
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Et puis, Lion African 2022 englobe des exercices terrestres, aéroportés, maritimes, de décontamination… Il va se dérouler essentiellement au Maroc notamment à Agadir, à Kénitra, près de Rabat, et dans plusieurs régions du sud, notamment à Mahbès au Sahara occidental occupé, à la frontière avec l’Algérie, et c’est l’annonce qui laisse entendre que cette guerre à venir se déroulera dans un environnement amphibie. Au fait, suite au sommet de Marrakech où la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland a posé les termes de la prochaine guerre US [1], une délégation s’est rendue de Rabat à Washington pour un sommet sécuritaire maroco-états-unien, les 13 et 14 juin 2022.
Le directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire marocain (DGST), Abdellatif Hammouchi, a été reçu par Christopher Wray, directeur du FBI, Avril Haines, directrice du Renseignement national et William Burns, directeur de la CIA. Lors de la Guerre du Sahel en préparation, le Maroc pourrait jouer le même rôle qu’Israël lors de la Guerre contre la Syrie. Sauf que l’expérience syrienne combinée à celle de la Russie en Ukraine a toute les chances de grandement servir Alger dans une logique de parfaite dissuasion : d’ores et déjà, la diplomatie gazière des Algériens et le besoin cuisant du vieux continent au gaz dissuadent en grosse partie les va-en guerre, mais il y a plus, car cela plus de deux ans que les Algériens consolident à l’aide de leurs alliés sahéliens, au Mali et ailleurs leurs arrières bases contre les seigneurs de guerre. Ce n’est pas sans raison si Barkhane, Takuba et partant l’axe US/OTAN ont perdu bataille au Mali où ils ont été mis à la porte sur fond d’une rupture des militaires d’un retrait de troupes, soit autant d’atout pour l’Algérie. Eh oui, l’époque où les Occidentaux jouaient les malins et réussissaient leur jeu est bien révolue.