Malgré le blocus étouffant et les divers types de sanctions américaines et occidentales imposées à la République islamique d'Iran depuis près de 40 ans dans tous les domaines économiques, financiers, sanitaires, militaires et énergétiques, la République islamique d'Iran a non seulement réussi à s'imposer parmi les premiers pays du monde en ce qui concerne la fabrication d'avions sans pilote et la possession d'un énorme arsenal (types multiples et modèles modernes et avancés), elle est également devenue un concurrent des grandes puissances dans la production et l'exportation de ces avions et le développement de leurs capacités. Seul quelques grands pays sont dotés de cet avantage.
En quelle année l'Iran a-t-il commencé à utiliser les drones « Ababil » ? En fait, les premières tentatives de l'Iran pour acquérir des drones remontent à l'après-révolution islamique, et depuis lors, Téhéran a réussi à produire des drones aux capacités diverses, dont Ababil.
La première série de drones (Ababil-1), construits par l'Industrial Iranian Aircraft Manufacturing Company (HESA), a été utilisée au cours des dernières étapes de la guerre imposée à l'Iran de 1980 à 1988, et plus tard, Téhéran a obtenu des succès impressionnants dans la fabrication et le clonage de plusieurs types de drones, les UAV, dont Ababil-2.
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L'Ababil-2 est un drone tactique à faible coût, conçu pour des missions de reconnaissance, de surveillance et d'attaque. Il a une portée de 200 kilomètres, peut rester dans les airs pendant une heure et demi et peut atteindre une altitude de 11 000 pieds. Ces avions sont utilisés dans des opérations de surveillance et de reconnaissance, avec la capacité de surveiller une zone de 770 kilomètres carrés. De plus, il a la capacité de décoller de bateaux réguliers et rapides, ainsi que de gros camions militaires.
Quelle est la signification et les répercussions de ce mouvement stratégique iranien ?
La visite du général de division Bagheri a suscité un large intérêt politique, diplomatique et médiatique pour l'Occident et Israël, et a soulevé un certain nombre de questions sur son importance, son calendrier, son objectif et les objectifs poursuivis par l'Iran et le Tadjikistan, ainsi que sur les répercussions de cette étape sur l'avenir des relations entre les deux pays, et ses répercussions aux deux niveaux, global et régional, de sorte que la réponse à ces questions peut se résumer comme suit.
Premièrement, bien que l'histoire de la fabrication de drones en Iran remonte à trois décennies, c'est la première fois que l'Iran lance officiellement et publiquement une ligne de production opérationnelle de drones dans un autre pays. L'usine est le résultat de la mise en œuvre des accords bilatéraux conclus par le comité mixte militaire et de défense des deux pays, lors de la visite du ministre de la Défense du Tadjikistan, le colonel Shirali Mirzo, à Téhéran le 5 avril 2021.
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Deuxièmement, la coopération militaire entre l'Iran et le Tadjikistan, y compris l'ouverture de l'usine iranienne de drones Ababil-2 à Douchanbé, est l'un des résultats les plus importants de la question de la levée de l'embargo sur les armes contre l'Iran. Inutile de dire que, sur la base de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations Unies (en juillet 2015) qui a approuvé le Plan d'action global conjoint (PGAC) sur le programme nucléaire iranien, toutes les restrictions sur la fourniture de toutes les armes majeures à l'Iran ont expiré en octobre 2020.
En conséquence, Téhéran pourra légalement acheter et vendre des armes conventionnelles, notamment des armes légères, des missiles, des hélicoptères et des chars. Quant à ce que l'Occident, avec Israël, craint, c'est qu'à terme, l'Iran ne devienne un nouveau concurrent de la Russie, de la Chine, de la Turquie et d'Israël en termes d'exportations de matériel militaire vers l'Asie centrale.
Troisièmement, le développement de la coopération militaire et de défense entre l'Iran et le Tadjikistan est une preuve forte de l'amélioration des relations entre les deux pays et de la désescalade de leurs relations bilatérales. La visite du président iranien Ebrahim Raïssi au Tadjikistan en septembre 2021 (son premier voyage à l'étranger en tant que chef de l'Etat) a joué un rôle important dans le règlement des divergences entre les deux pays après 2015.
En outre, quelques jours seulement après la visite du général Bagheri à Douchanbé et l'ouverture de l'usine Ababil-2, le président Rehman s'est rendu à Téhéran pour la première fois en neuf ans et a eu une rencontre avec le Leader de la Révolution de la Révolution islamique, l’Ayatollah Khamenei, qui a déclaré : « Une telle coopération est très importante. Les drones sont un facteur important dans la sécurité des pays aujourd'hui. »
Quatrièmement, cette coopération « qualitative » et renforcée en matière de sécurité ne peut être dissociée de la question plus large de la transformation de l'Iran de « membre observateur » à membre permanent de l'Organisation de coopération de Shanghai. Téhéran ayant pleinement rejoint l'Organisation de Shanghai, lors du sommet tenu à Douchanbé, du 16 au 17 septembre 2021. Ainsi, les récents accords militaires avec le Tadjikistan renforceront la position militaire et de défense de l'Iran au sein de l'Organisation de Shanghai et ouvriront la voie à des accords similaires avec d'autres pays d'Asie centrale.
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Cinquièmement, cette coopération militaire entre les deux pays devrait contribuer à renforcer les moyens et capacités de sécurité du Tadjikistan, en partie par l'obtention de capacités militaires améliorées pour les drones avec l'aide de Téhéran, afin de contrer les menaces terroristes de Daech, d’autant plus que Tadjikistan partage une frontière de 1 200 kilomètres avec l'Afghanistan.
Qu'en est-il de la position de Moscou ?
Le silence de Moscou concernant la coopération militaire irano-tadjike - notamment l'ouverture de l'usine Ababil 2 à Douchanbé - a retenu l'attention des observateurs. Ainsi, le silence de Moscou peut indiquer un niveau de satisfaction russe vis-à-vis de cette coopération sécuritaire entre l'Iran et le Tadjikistan, notamment pour contrer la menace terroriste et l'extrémisme en provenance d'Afghanistan.En somme, la logique de la Russie à cet égard semble similaire à son acceptation de la coopération militaire entre la Chine et le Tadjikistan. De plus, Moscou préfère que ses proches alliés régionaux reçoivent un soutien en matière de défense et de sécurité de l'Iran et de la Chine, plutôt que de la Turquie et des pays occidentaux.