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Et si un Iran "nucléaire" était le moins mauvais choix pour Biden?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les États-Unis dans une situation compliquée face au dossier nucléaire de l'Iran. (Photo d'illustration)

Washington craint une bombe nucléaire iranienne imminente... L'accord sur le nucléaire, s'il passe ou s'il casse, entraînera de toute façon une crise.  Que peut faire Biden pour qui le pétrole iranien est vital et de qui ce même pétrole s'éloigne à une vitesse grande V depuis que la Russie et son bloc centra asiatique se sont mis à s'approcher follement de Téhéran? S'adapter à un Iran nucléaire, n'est-ce pas le moins mauvais choix? C'est la question sur quoi revient Al-Jazeera. 

Alors que les Américains poursuivent leurs démarches illégales et unilatérales contre l’Iran, violant toujours leurs engagements dans le cadre du Plan global d’action conjoint (PGAC), The Hill juge improbable un nouvel accord nucléaire avec l’Iran. Le journal a fait paraître ce lundi une note intitulée « Les Congressistes disent qu’un nouvel accord nucléaire avec l’Iran est improbable ». « Les Sénateurs des deux partis républicain et démocrate qui ont été mis, par les hauts responsables de l’administration Biden, au courant des négociations avec l’Iran, doutent que Téhéran accepte un nouvel accord qui limiterait le développement de ses armes nucléaires », peut-on lire sur son site.

« Washington se trouve dans une situation compliquée vis-à-vis de l’Iran. Avant d’entrer à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden avait promis qu’il retournerait, aussitôt et via des négociations, à l’accord nucléaire avec l’Iran. Or, durant un an et demi depuis le début de son mandat, les États-Unis et l’Iran n’ont obtenu aucun succès pour un retour à l’accord dont Donald Trump était sorti en 2018. Pendant ce temps, l’Iran a continué de développer son programme nucléaire, en augmentant le niveau de son enrichissement, tout en suspendant certaines de ses coopérations avec l’AIEA ; les États-Unis, quant à eux, ont imposé davantage de sanctions à l’Iran.  Il y a quelques jours, Ned Price, le porte-parole officiel du département d’État, avait affirmé que Washington, avec ses partenaires au Moyen-Orient, cherchait à entreprendre des mesures appropriées face à l’aggravation des « tensions que l’Iran provoque dans la région ». Il avait aussi prétendu que « l’Iran pourrait s’acquérir dans quelques semaines, de la bombe nucléaire ; c’est la raison pour laquelle nous demandons le retour bilatéral à l’accord nucléaire ».

Tout cela témoigne de la situation compliquée dans laquelle Washington s’est engagée et cette situation aura, avec ou sans un retour à l’accord nucléaire avec l’Iran, de vastes impacts pour les alliées de ce pays, d’Israël jusqu’aux pays du golfe Persique. Giorgio Cafiero du Centre d’analyses des États du Golfe (Persique, NDLR) estime que « si l’accord nucléaire est relancé et revivifié, ces pays s’inquiéteront de plus en plus de l’accès de l’Iran aux ressources financières car il pourrait ainsi fournir l’argent nécessaire aux groupes qu’il soutient dans toute la région arabe ; et cela suscitera l’inquiétude d’Israël et certains pays du Conseil de coopération du golfe Persique. Et si les actuelles négociations à Vienne boutent à l’impasse et échouent, de sérieux dangers s’annonceraient : l’Iran ne sera plus contrôlable, ce qui sera source de grandes menaces pour les pays de la région ». 

Alors que Washington cherche à réduire ses militaires au Moyen-Orient et à se focaliser plutôt sur la Chine, le retour à l’accord nucléaire avec l’Iran fait partie des priorités. « L’accord entre l’Iran et les États-Unis signifie l’ouverture de nouveaux horizons pour la stabilité au Moyen-Orient ; ce qui créera plus d’opportunités pour que les États-Unis se concentrent plus sur l’Asie de l’ouest », estime un expert des affaires de l’Iran à l’Institut Atlas. Parallèlement, les alliés de Washington dont Israël, Bahreïn, les Émirats arabes unis et peut être même l’Arabie saoudite, agiront avec plus de précaution au sujet de la levée des sanctions internationales contre l’Iran. Pour David des Roches, professeur des études sécuritaires à l’Université suprême de la Défense nationale et l’un des anciens responsables militaires américains, au cas où un progrès serait obtenu dans les négociations à Vienne pour parvenir à un nouvel accord nucléaire, on s'attend à ce que Biden demande aux Israéliens de le soutenir. Or les Émirats et Bahreïn qui se voient dans le même bateau où se trouve Israël, procéderont au renforcement de leurs coopérations avec Israël en matière de défense et de renseignement. 

Parvenir à un accord avec l’Iran s’avère être la voie la plus rapide pour arrêter les menaces nucléaires et contrôler les cours de brut dans le monde, ce qui s’est transformé en le plus grand défi politique pour Biden.  Sans un accord nucléaire, l’Iran augmenterait ses capacités dans le domaine des armements atomiques ; et qui plus est, si l’administration Biden n’arrive pas à briser le record actuel des prix de pétrole, il faut solliciter les dirigeants d’Abu Dhabi, Riyad, Koweït et Bagdad pour qu’ils augmentent leurs exportations de pétrole sur les marchés du monde. Puis il y a Israël. Ces dernières années, Israël a opté pour la politique d’attaques cybernétiques, d’assassinats ciblés et de sabotage, et tout cela dans le but de ralentir le programme nucléaire de l’Iran, mais Téhéran lui a répondu par des attaques cybernétiques, tout en accélérant ses activités nucléaires.

Selon l’institut de sécurité d’Israël, au cas où les négociations échouent, l’Iran poursuivra ses efforts pour parvenir à l’arme nucléaire, ce qui pourrait déclencher une guerre élargie dans la région ou au moins intensifier les conflits au Liban, en Syrie et en Irak, autrement dit, conduire à une escalade dans toute la région.

L’option militaire sera la dernière option. Si les rapports des services de renseignement disent que l’Iran cherchait à se procurer des ogives nucléaires, personne ni à Washington ni à Tel-Aviv ne pourrait le négliger. C’est la raison pour laquelle, les pays tels que les Émirats qui avaient agi prudemment envers le PGAC et même accueilli la sortie des USA de l’accord de 2015, s’emploient à présent à embellir leurs relations avec Téhéran. Dalia Dassa Kaye, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles, estime que « cette fois-ci, il sera plus difficile de contrôler l’escalade des tensions entre Israël et l’Iran. Israël a suspendu provisoirement ses actes de provocation après l’accord nucléaire, mais les a repris en 2018, après le retrait de Trump de cet accord. Et si Israël arrive à cette conclusion qu’un nouvel accord nucléaire ne pourra pas endiguer le programme nucléaire de l’Iran, il poursuivra ses attaques même si l’Iran respecte les clauses du nouvel accord. Il y a en plus, un autre défi sur fond d’une revivification éventuelle de l’accord nucléaire : si la future administration US se retire, elle aussi, de l’accord nucléaire avec l’Iran, est-ce que l’Iran respectera encore son engagement pour ne pas essayer de se doter de l'arme nucléaire ? »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV