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Finlande/Suède dans l'OTAN: Erdogan osera aller jusqu'au bout?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu se rencontrent lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Berlin, en Allemagne, le dimanche 15 mai 2022. ©AP

Mercredi 18 mai, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a rencontré son homologue américain Anthony Blinken au siège de l’ONU à New York.

Les deux ministres s’étaient rendus à New York pour s’adresser au sommet des Nations unies sur la sécurité alimentaire.

Blinken s’est entretenu avec des journalistes avant sa réunion avec le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoglu.

S’exprimant sur l’idée de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, le responsable américain a déclaré : « C’est un processus et nous, en tant qu’alliés et partenaires, poursuivrons ce processus. Les États-Unis, la Turquie et tous nos alliés ont résolument manifesté leur soutien à l’Ukraine. Nous voulons que les attaques russes prennent fin et nous sommes reconnaissants de la solidarité de la Turquie. »

Mais la Turquie osera-t-elle bloquer l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN ?

La Turquie devant le fait accompli

Avant que Çavuşoglu, ne s’envole pour New York, plusieurs événements diplomatiques importants ont eu lieu qui avaient tous en commun une tentative visant à obtenir des concessions :

1. Lors d’une réunion dans la salle spéciale du Parti de la justice et du développement au parlement turc, le président turc, Recep Tayyip Erdogan a déclaré : « Nous sommes l’un des pays qui soutiennent le plus l’organisation, mais cela ne signifie pas que toute proposition est sans équivoque.

S’adressant à la Suède et à la Finlande, le président turc a déclaré : “Vous ne nous livrez pas les terroristes, mais vous postulez à l’adhésion à l’OTAN. L’élargissement de l’OTAN doit s’accompagner du respect de notre sensibilité.”

2. Un responsable de l’OTAN a déclaré à Reuters que Çavuşoğlu criant à la ministre suédoise des Affaires étrangères, Anna Lindh, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères à l’Allemagne avait déclaré : “Arrêtez ! Vous me bouleversez avec ces politiques féministes. Vous voulez parler avec émotion de la sécurité de votre pays. Nous voulons aussi la sécurité, et c’est important pour nous.”

Selon le responsable de l’OTAN, l’atmosphère de la réunion est devenue lourde et les ministres présents ne sont pas intervenus pour calmer Çavuşoğlu, pour qu’il se calme lui-même.

3. Le président américain, Joe Biden a soutenu l’adhésion de la Suède et de la Finlande sur un ton qui, selon de nombreux analystes turcs, avait un sens principal : “La Turquie le veuille ou pas, cette adhésion sera accomplie.”

La Turquie a accepté l’essentiel

Mevlüt Çavuşoglu, soulignant l’importance des pourparlers bilatéraux et la résolution des différends avec les États-Unis par la voie du dialogue et de la diplomatie a déclaré : “La Turquie veut augmenter son volume commercial avec les États-Unis à 100 milliards de dollars. L’attaque russe contre l’Ukraine a une fois de plus montré que la Turquie et les États-Unis doivent mieux travailler ensemble en tant qu’amis et alliés. Ce n’est pas seulement notre attente, mais l’attente de nos amis et alliés dans la région et au-delà.”

 Les remarques de Çavuşoğlu et la déclaration commune montrent que c’est d’ailleurs la relation bilatérale qui a été plus discutée que la question de la Suède et de la Finlande.

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Cela en soi montre que, tout d’abord, les États-Unis veulent que l’adhésion de ces deux pays européens à l’OTAN s’effectue à tout prix et ne permettront pas un veto à la Turquie. Deuxièmement, la Turquie est dans une situation la contraignant d’accepter les conditions annoncées par Washington. En raison de la situation économique difficile et de l’affaiblissement de la position sociale du parti au pouvoir en Turquie, les coûts d’une prise de position contre les États-Unis ont augmenté pour le gouvernement d’Erdogan. »

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Les preuves suggèrent que l’opposition d’Erdogan à l’adhésion de la Suède et de la Finlande n’est qu’une tactique politique intérieure pour apaiser les conservateurs et les nationalistes. En d’autres termes, la Turquie fait un geste d’opposition aux États-Unis et à l’OTAN, mais s’accorde avec Washington dans les coulisses des réunions diplomatiques.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV