Des sources syriennes viennent de démentir les spéculations du journal turc Hürriyet au sujet des messages d’Ankara adressés au gouvernement de Damas. « La position de la Syrie est ferme, n’a pas changé et ne changera pas envers le régime d’Erdogan », a écrit le quotidien syrien Al-Watan.
Des sources proches du ministère syrien des Affaires étrangères ont nié le rapport publié par le journal turc Hürriyet selon lequel Ankara aurait transmis des messages à Damas avant la visite du président Bachar al-Assad aux Émirats arabes unis, concernant les discussions en cours au sein du gouvernement turc pour exploiter l’engagement de la Russie dans la guerre en Ukraine pour trouver une nouvelle opportunité afin de créer une atmosphère favorable à l’amélioration des relations entre Ankara et Damas.
Dans des déclarations exclusives à Al-Watan, ces sources ont commenté le contenu des informations rapportées par des sources gouvernementales turques, qui ont été rapportées par Hürriyet, et ont affirmé que ces informations ne sont rien de plus qu’une « propagande médiatique scandaleuse » à l'approche des élections présidentielles en Turquie, destinée à redorer l’image du président Erdogan.
Le journal syrien a ajouté que le président Erdogan avait violé le principe de bon voisinage et les relations étroites entre les peuples syrien et turc, pour mener une politique agressive et immorale contre la Syrie et son peuple en s’impliquant dans des crimes de guerre, par son soutien direct aux organisations terroristes qui ont fait couler le sang du peuple syrien, et par la présence illégale de ses forces sur le territoire syrien pour défendre ces organisations.
Al-Watan a évoqué ensuite le vol par la Turquie des biens culturels et des objets d’antiquité appartenant aux Syriens et ses tentatives désespérées de provoquer des changements démographiques dans le nord de la Syrie.
Citant ses sources proches du ministère syrien des Affaires étrangères, Al-Watan a ajouté : « Les positions de la Syrie sont fermes et claires en ce qui concerne l’appel d’Erdogan et de son régime à respecter le droit international, les accords bilatéraux et le principe de bon voisinage. Donc, Damas ne peut penser à aucun dialogue avec le régime d’Erdogan à moins que la première étape soit de retirer les forces d’occupation turques illégalement déployées sur le territoire syrien et de cesser de soutenir les terroristes et les violences contre les Syriens. »
En ce qui concerne la possibilité pour la Turquie d’exploiter l’engagement de la Russie dans la guerre en Ukraine, le journal syrien a écrit : « Cette déclaration confirme l’immoralité du régime turc et son opportunisme, mais aussi son manque de sérieux dans la mise en œuvre des engagements convenus avec la Russie à Sotchi. »
Les sources proches du ministère syrien des Affaires étrangères ont dit à Al-Watan que sur la base des intérêts stratégiques qui unissent les peuples syrien et turc, Damas n’a ménagé aucun effort pour résoudre les problèmes avec la Turquie par des moyens pacifiques depuis l'ère de l’indépendance de la Syrie, en particulier sur la question du partage de l’eau et tout ce qui menacerait la sécurité et la souveraineté des deux pays voisins.
Le partage des eaux de l'Euphrate avec la Turquie est régi par le protocole de 1987, qui stipule que la Turquie transmet à la Syrie plus de 500 mètres cubes d’eau par seconde, dont la part de la Syrie est de 42% et le reste est transmis à l’Irak selon un accord bilatéral signé entre Damas et Bagdad en 1989.
Lundi 4 avril, le journal turc Hürriyet a publié un rapport attribuant certaines informations attribuées à des sources turques anonymes, selon lesquelles les autorités d’Ankara mènent actuellement des discussions à l’intérieur du gouvernement turc pour entamer un dialogue avec le gouvernement syrien afin de rétablir les relations entre les deux pays.
Citant ses sources, Hürriyet a souligné que « la politique d’équilibre récemment adoptée par la Turquie et la position qu’Ankara a adoptée ces derniers mois, notamment au sujet de la guerre en Ukraine, rend le moment actuel propice pour résoudre les problèmes dans les relations de la Turquie avec Damas. »
Les sources ont souligné que dans tous ses contacts avec le gouvernement syrien, la Turquie met l’accent sur trois points : préserver la structure unitaire des territoires syriens, assurer la sécurité des réfugiés qui retournent dans leur pays et contrôler les activités du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Selon le journal turc, Ankara a transmis ces messages à Damas, notamment avant la visite du président Bachar al-Assad aux Émirats arabes unis.