La Russie a vivement réagi à la prise de position d'Israël en faveur des États-Unis dans la crise ukrainienne... Faut-il s'attendre à ce que l'escalade de tension dans les relations Tel-Aviv/Moscou serve les intérêts de la Syrie ?
Il est vrai que l'Ukraine est loin du Moyen-Orient et n'a eu aucun rôle majeur ou mineur dans les politiques de la région au cours des dernières décennies, mais elle aurait rendu un service inestimable aux Arabes sans faire exprès, a écrit le rédacteur en chef du quotidien en ligne Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, dans un article publié le 24 février.
La crise ukrainienne qui s'aggrave actuellement a créé un fossé énorme et grandissant dans les relations entre Israël et la Russie, plus particulièrement maître du Kremlin, Vladimir Poutine. Tel-Aviv a choisi de se tenir dans la tranchée américaine, et son ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, a été contraint de l'annoncer publiquement lorsqu'il a déclaré dans un communiqué officiel : « Nous, en Israël, nous soutiendrons notre allié traditionnel, c'est-à-dire les États-Unis d'Amérique dans la crise ukrainienne, et nous ne pouvons pas l'abandonner dans cette situation difficile. »
Le journal israélien Haaretz a révélé dans son numéro du jeudi le contenu du message indirect des responsables russes à leurs homologues israéliens selon lequel Moscou a critiqué les plans d'expansion des colonies israéliennes sur les hauteurs du Golan.
De même, Israël s'est dit préoccupé le mercredi 23 février par l’incursion dans l'est de l’Ukraine, sans mentionner la Russie : « Israël soutient l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine », a déclaré le ministère israélien des Affaires étrangères dans un premier communiqué officiel, exprimant également ses inquiétudes pour le sort des 8 000 sionistes coincés en Ukraine.
Bien que le communiqué n’ait pas cité directement la Russie, il a provoqué l’ire des dirigeants russes qui n’ont pas tardé à y répondre quitte à une escalade de tension dans les relations russo-israéliennes déjà tendues en raison des manœuvres militaires conjointes russo-syriennes sur les hauteurs du Golan et du déploiement des forces russes sur le port de Lattaquié pour avertir Israël de ne procéder à aucune frappe aérienne.
On ignore si le récent message d’avertissement « miné » à l’adresse du régime israélien a porté ses fruits. Mais la Russie peut aller encore plus loin en prenant des mesures pratiques voire dangereuses, par exemple autoriser l’armée syrienne à utiliser des systèmes de défense aérienne S-300 contre les avions israéliens. D’où les indications montrant que l’avenir réserve bien des surprises dans les relations Moscou/Tel-Aviv.
Par ailleurs, la direction syrienne n'a pas tardé à annoncer sa reconnaissance sur l'indépendance de Donetsk et de Louhansk dans l'est de l'Ukraine, tout en confirmant son soutien à l'intervention militaire russe pour cette indépendance. Précédée par celle de la Biélorussie, cette prise de position favorable été bien accueillie par les dirigeants russes.
En outre, l'Iran, allié de la Syrie, s'est tenu aux côtés de la Russie dans la crise ukrainienne, et n'a vendu aucun missile ou drone à l'Ukraine. Contrairement à la Turquie qui a condamné jeudi l'intervention militaire en la qualifiant d' "inacceptable". Ankara avait auparavant vendu des drones militaires à l'Ukraine et condamné le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014.
Lire plus: Pourquoi la Russie a décidé soudain de changer en Syrie les "règles du jeu aérien" avec Israël?
Et de conclure qu’il va sans dire qu’Israël sera l'un des principaux perdants de la crise ukrainienne, non seulement en raison de ses relations tendues avec la Russie, mais aussi parce cette crise ukrainienne pourra être le début de la fin de l’hégémonie des États-Unis, alliés de longue date du régime sioniste.