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Comment Erdogan a vendu la Palestine pour une poignée de dollars

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan brandit une carte de la Palestine historique depuis 1947. @AP/Archives

Après une longue période de secret sur ses relations en coulisse avec Israël, la Turquie a finalement révélé son interaction avec Israël dans divers domaines, allant jusqu’à demander au Hamas de quitter le sol turc pour donner de l’essor à la coopération avec Tel-Aviv quitte à perdre encore plus sa popularité parmi les Arabes de la région.

Les « belles années » entre le président Erdogan et le mouvement « Hamas » ont-elles pris fin en réponse aux conditions de normalisation avec Tel-Aviv ? Où iront-ils les forces du mouvement à Istanbul ? Le Parti de la justice et du développement au pouvoir en Turquie a-t-il abandonné « l'islam politique », ses activités, et donc le califat ottoman?, a interrogé Abdel Bari Atwan, le rédacteur en chef du journal Rai al-Youm.

Il semble que « la lune de miel » entre le président Recep Tayyip Erdogan et le mouvement de Résistance islamique, Hamas, touche à sa fin, avec l'accélération du rythme de normalisation avec le régime d'occupation israélien. C’est une nouvelle page, ou plutôt, une vieille page qui sera entamée ou ré-entamée dans les relations entre les deux parties lors de la visite du président israélien, Isaac Herzog, à Ankara à la tête d'une délégation les 9 et 10 mars prochains.

Le journal turc Hurriyet, proche du parti au pouvoir, a confirmé dans un rapport : « Le gouvernement du président Erdogan a entamé il y a plus d'un an et demi des pourparlers avec plusieurs pays de la région afin de trouver un nouveau domicile pour les forces du Hamas qui vient d’être informé de la décision. »

Le président turc a ordonné le retrait de tous les éléments du Hamas du territoire turc afin de normaliser pleinement ses relations avec le régime israélien. Saleh al-Arouri, chef adjoint du mouvement et chef de ses opérations militaires en Cisjordanie, a quitté Ankara et se déplace désormais secrètement entre trois capitales, Téhéran, Beyrouth et Doha.

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Par ailleurs, Ibrahim Kalin, conseiller principal du président Erdogan, accompagné du vice-ministre des Affaires étrangères Sadate Unal, a entamé mercredi, une visite de deux jours en Palestine occupée au cours de laquelle il rencontré un certain nombre des responsables israéliens pour organiser l'ordre du jour de la visite du président israélien à Ankara, où une réunion à huis clos est prévue avec le président Erdogan. En outre, la délégation turque se rendra à Ramallah et rencontrera le président palestinien Mahmoud Abbas.

Le président Erdogan, qui a gelé les activités des Frères musulmans dans son pays et réduit le nombre de médias opposés au régime égyptien à Istanbul, veut désormais imposer les mêmes restrictions au mouvement Hamas et à ses éléments.

Après avoir atteint la conviction que ses projets de l’islam politique et du rétablissement du califat ottoman ont fini par échouer tout comme les défaites qu’il a cumulées les unes après les autres en Syrie, Erdogan semble avoir décidé de s'ouvrir aux gouvernements qui brandissent l'épée de l'hostilité et la persécution en Égypte, aux Émirats, en Israël et bientôt en Arabie Saoudite, l'ennemi juré des groupes de résistance.

Plus précisément, si l'Islam politique est l'une des cartes de pouvoir que le président Erdogan et son parti ont utilisées pour arriver au pouvoir au début du millénaire actuel, il s'ouvre désormais avec une force d'accélération aux ennemis de cet Islam en Orient et en Occident.

Sur le plan intérieur, la situation en Turquie est telle que même une sortie de la crise économique actuelle qui s'aggravent et qui a conduit à la baisse de la popularité du président turc et de son parti, avec plus de 30%, selon les récents sondages d'opinion, est l'épine dorsale de toutes ses orientations et ses récentes alliances politiques.

Le soutien du président Erdogan au Hamas et aux Frères musulmans était plus « constructif » que pratique : il n'a pas fourni une seule balle, ni un seul dollar, au Mouvement de la résistance islamique en Palestine occupée, alors que l'Iran ou le Hezbollah l’ont fait.

Dans ce contexte, il convient de rappeler que même après le massacre de la flottille de Marmara qui, commise par des unités spéciales israéliennes, s’est soldé par la mort de 12 militants turcs déployés pour briser le siège conter la bande de Gaza, 70 vols étaient effectués quotidiennement entre Tel-Aviv et Istanbul. Sans oublier une augmentation considérable des échanges qui a suivi l’incident et a perduré tout au long de la soi-disant période de tension dans les relations entre la Turquie et Israël.

Parmi les déclarations les plus importantes faites par le président Erdogan lors de sa visite à Abou Dhabi, qui s'est terminée mercredi, figurait son engagement à protéger la sécurité des Émirats qu’il a qualifiée d’un élément essentiel de la sécurité nationale turque.

Reste à savoir comment le président turc va remplir son engagement à une distance de deux mille cinq cents kilomètres qui séparent les deux pays. Si en termes d’avions, de missiles, de radars et de satellite, il possède quelque chose de plus que quatre bases américaines, françaises, britanniques, chinoises et israéliennes, pourquoi ne sauverait-il pas plutôt le Hamas et le peuple de Gaza des agressions israéliennes ?

Il est presque certain que les politiques volatiles du président Erdogan ainsi que son occupation des terres syriennes et irakiennes, lui coûteraient non seulement son crédit auprès des musulmans de la région, mais aussi les élections présidentielles et parlementaires de l'année prochaine. Le président turc a d’ores et déjà crispé ses alliés à l'Ouest et à l'Est, en particulier les Russes, en fournissant à l’Ukraine plus de 500 drones Bayraktar.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV