L'Iran a estimé samedi que les mesures prises par les États-Unis pour renoncer à certaines sanctions étaient positives mais pas suffisantes, et ce, peu après l'annonce par Washington de la levée des restrictions liées au programme nucléaire civil de Téhéran. Ces exemptions de sanctions incluent la centrale nucléaire iranienne de Bushehr, la centrale à eau lourde d'Arak et le réacteur de Téhéran destiné à la recherche.
« Nous avons fait exactement ce que l’administration précédente a fait. Sans annonce officielle, le gouvernement de Joe Biden a rétabli des dérogations-clés qui protégeaient de la menace des sanctions américaines des pays et sociétés étrangers impliqués dans des projets nucléaires civils en Iran. Ces dérogations avaient été annulées sous la présidence de Donald Trump. Nous avons décidé de rétablir une dérogation aux sanctions pour permettre une participation externe », afin de garantir la non-prolifération, en raison des « inquiétudes croissantes créées par le développement continu des activités nucléaires iraniennes » a affirmée, vendredi 4 février, le porte-parole du département d'État, Ned Price.
Sur fond des négociations de Vienne, les médias occidentaux ont beau tenter de faire croire à la bonne volonté de Washington, la mesure américaine n’a pu aucunement répondre aux exigences légitimes de l'Iran dans le cadre du PGAC.
Il est à noter que les exemptions ne comprennent pas les activités économiques de l'Iran et par conséquent elles ne peuvent pas être considérées comme un signe de bonne volonté américaine. Ces exemptions concernent des domaines qui préoccupent les Américains et les Européens qui, à vrai dire, ont pour objectif de restreindre le programme nucléaire iranien.
Il convient de rappeler qu’en pleine crise de Coronavirus, l’administration Biden a interdit à l'Iran d'accéder à ses ressources financières à l'étranger notamment pour répondre à ses besoins en médicaments et acheter des vaccins.
Si les États-Unis voulaient réduire les sanctions et alléger la pression maximale, ils devraient lever certaines des sanctions visant l’économie de l'Iran.
Y réagissant, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian a précisé : « Nous avons souligné à la partie américaine par l'intermédiaire de certaines personnes qui transmettent des messages ces jours-ci qu'elle doit faire preuve de bonne volonté dans ses actions. La bonne volonté dans la pratique signifie que quelque chose de tangible se produirait sur le terrain. »
« La levée de certaines sanctions peut réellement se traduire par de la bonne foi. Les américains parlent de ce sujet mais il faut savoir que ce qui se passe sur le papier c'est bien mais ne suffit pas », a ajouté M. Amir-Abdollahian. « Un bénéfice économique réel, effectif et vérifiable de l'Iran est une condition nécessaire à la formation d'un accord. La démonstration de la levée des sanctions n'est pas considérée comme constructive », a fait noter M. Chamkhani.
Les États-Unis cherchent à faire d'une pierre deux coups : premièrement, réduire les possibilités de développement du programme nucléaire iranien; deuxièmement, à la veille de leur retour à Vienne, les Américains poursuivent ce geste artificiel de bonne volonté pour faire pression sur l'équipe de négociation iranienne afin qu'elle abandonne autant que possible ses exigences légitimes.
L'annonce d'une levée des sanctions américaines pourrait faire partie du jeu psychologique de l'administration Biden, qui vise à affecter l'économie iranienne à un moment où une décision politique devrait être prise pour déterminer le résultat de pourparlers de Vienne.