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L'axe US/OTAN attend avec crainte le prochain "coup" irano-russe

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président iranien, Ebrahim Raissi, le 20 janvier 2022 devant la Douma, à Moscou. ©ITAR-TASS

Un groupe de réflexion russe, RUSSTRAT, affirme que la visite du Président iranien, Ebrahim Raïssi, à Moscou, sa rencontre à Kremlin avec Vladimir Poutine, et ses retombées potentielles ont suscité des inquiétudes aux États-Unis, en Israël, en Europe et dans certains pays arabes.

Selon Mashreghnews l'Institut des stratégies politiques et économiques internationales de la Russie, RUSSTRAT, a examiné dans un rapport spécial les conséquences de la récente visite du Président Raïssi en Russie et a écrit: « De nombreux experts ont initialement estimé que la visite du Président iranien, Ebrahim Raïssi, en Russie n'était pas un événement de routine basé sur des protocoles traditionnels. Ils envisageaient que le nouveau Président iranien commencerait à construire un partenariat stratégique à part entière avec la Russie, ce que Téhéran et Moscou avaient reporté dans le passé malgré leur alliance en Syrie. »

Le discours du Président à la Douma un événement historique

Le groupe qualifie d’ « événement historique sans précédent » le discours du Président Raïssi à la Douma russe.

Cette visite du Président Raïssi effectuée en Russie a été qualifiée d’un « sans précédent » sur les 30 dernières années, par de nombreux commentateurs, écrit l'Institut.

En tant que « puissance majeure » au Moyen-Orient, l'Iran a eu l'occasion de parler ouvertement à Moscou d'une position manifestement anti-occidentale.

Le rapport ajoute : « La réalité, c’est que l'Iran est entré dans un cycle de cessez-le-feu. Ses ennemis qui paraissaient autrefois apparemment irréconciliables ont entamé des négociations. On assiste aujourd’hui à des pourparlers à Vienne sur le retour des États-Unis et de l'Iran au Plan global d’action conjoint et ce duel diplomatique complexe, pour la levée des sanctions, comme l’exige Téhéran, a toutes les chances d'aboutir. »

Le groupe s’attarde ensuite sur les pourparlers Riyad-Téhéran qui se sont terminés par la publication de déclarations dans lesquelles les deux parties ont annoncé leur volonté de relancer les relations diplomatiques. Aujourd'hui, la première délégation iranienne après six ans de rupture de relations bilatérales se déplace en Arabie saoudite pour assister à une réunion de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à Djeddah. Il est possible que les deux parties aient avec des échanges productifs pour mettre fin à la guerre sanglante et coûteuse du Yémen.

Plus loin dans son analyse, le groupe note qu’on peut imaginer que la paix entre Riyad et Téhéran pourrait conduire aux diverses évolutions dont notamment l'établissement de relations entre la Syrie et l'Arabie. En outre, les Émirats arabes unis, l’allié de Riyad en ce qui concerne les politiques régionales, ont récemment rouvert leur ambassade en Syrie.

La paix d’Hormuz

Il y a aussi cette chance de mettre en œuvre l'initiative iranienne appelée « Paix d'Hormuz » afin d'établir un système de sécurité collective dans la région du golfe Persique.

L’objectif de cette initiative est, selon Téhéran, de promouvoir la paix, le progrès et la prospérité pour tous les peuples bénéficiant du détroit d'Hormuz, d'établir des relations amicales et de lancer une action collective pour garantir l'approvisionnement en énergie et la liberté de navigation.

Washington et les capitales du golfe Persique, en particulier Riyad, accusaient Téhéran de menacer le trafic maritime, accusation démentie par l'Iran qui a proposé aux Etats du Golfe de signer un pacte de "non-agression".

L’Iran a à plusieurs reprises averti les responsables qu’une alliance militaire supposée assurer la navigation dans le détroit d’Hormuz "minerait la sécurité dans la région ", soulignant que la solution à la tension nécessitait un dialogue et non une alliance militaire.

La conclusion est claire : Potentiellement, si l'Iran signe un nouvel accord sur son programme nucléaire, il pourrait neutraliser les pressions extérieures, ce qui lui fournirait une bonne occasion de renforcer son influence au Moyen-Orient. Ebrahim Raissi ne s'est pas rendu à Moscou les mains vides, et le moment du déplacement à Moscou n'était point hasardeux.

On a vu qu’en public, son homologue russe, Vladimir Poutine, a pour sa part évoqué la coopération entre les deux pays sur la Syrie et s'est dit préoccupé par la situation en Afghanistan. Ebrahim Raissi a pour sa part déclaré que la partie iranienne avait remis aux Russes « un document sur la coopération stratégique entre les deux pays » qui « pourrait déterminer la situation pour au moins les 20 prochaines années ».

Selon les experts, ce document est quelque peu similaire à l'accord de coopération global stratégique signé en mars 2021 par les ministres des Affaires étrangères iranien et chinois. Cependant, les détails des pourparlers entre Poutine et Raïssi n'ont toujours pas été publiés.

Les Etats-Unis, Israël, Europe et certains pays arabes préoccupés

Cependant, le sommet Poutine-Raïssi et ses potentielles suites ont suscité des inquiétudes aux États-Unis, en Israël, en Europe et chez certains de leurs alliés arabes, d'autant plus que les Présidents russe et iranien travaillent ensemble pour résoudre les problèmes régionaux en particulier celui de la Syrie. Ils ont beaucoup apprécié leur coopération sur la question syrienne. Auparavant, le ministre adjoint iranien des Affaires étrangères, Ali Asghar Khaji, avait annoncé l’intention de Téhéran de tenir une réunion en début 2022 avec les trois pays garants du processus d’Astana pour la paix inter syrienne à savoir : la Russie, l'Iran et la Turquie.

 

L'Iran entre dans un grand jeu

Pour le Président de la RII, Ebrahim Raissi « l’élargissement de la géographie de la coopération » est nécessaire.

Les relations irano-russes sont caractérisées de telle manière qu'il est difficile de les résumer en quelques principaux facteurs. À l'heure actuelle, ce n’est pas étonnant si la position de l'Iran dans la région en tant qu’un pays qui empêche l'expansion de l'influence américaine plaise à Moscou. Mais il ne faut oublier que l'Iran a ses propres ambitions géopolitiques. De plus, l'Iran est entré dans un « grand jeu » que la Russie a imposé aux États-Unis où les Américains sont confrontés à des problèmes liés à la stratégie globale de l’UE en matière de sécurité et de défense. 

Pour comprendre le niveau de ce « jeu », il suffit de prêter attention aux projets de développement suivants liés aux ports iraniens, les ports stratégiques tels Chabahar, Bandar Abbas et Bushehr soutenus par l’axe russo-chinois. A cet effet, des accords de coopération multilatérale à long terme sont en cours de préparation.

Si tel est le cas, alors Poutine et Raïssi sont assis à la table avec une patience géopolitique indolore. Face aux protagonistes, les États-Unis n’ont qu’à faire le prochain geste. En général, nul doute qu’une alliance russo-iranienne créera des opportunités politiques et géopolitiques sans précédent pour les deux pays.

Combien on est proche de la réalisation d'une telle alliance, ça se discute mais il est sûr que Moscou examinera attentivement les propositions de l'Iran et répondra par des initiatives réciproques, conclut le groupe de réflexion russe.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV