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La Russie veut-elle réellement attaquer l'Ukraine?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Où va la guerre OTAN/Russie? (illustration)

Au cours des dernières semaines, les transferts massifs de militaires russes vers les frontières occidentales du pays près de l'Ukraine, suscitent plusieurs questions : la Russie va-t-elle envahir l'Ukraine ? Si oui, à quel niveau cette attaque aura-t-elle lieu ? L’objectif sera uniquement de séparer les régions orientales et russophones du pays, ou avec l'intention de s’emparer de la capitale, Kiev, et de renverser le gouvernement pro-occidental ?

Au premier abord, le déploiement militaire par l’armée russe laisse croire que si les lignes de contact avec l'armée ukrainienne sont coupées, les Russes ne s'arrêteront pas à la frontière orientale de l’Ukraine et le gouvernement de Kiev sera exposé au risque de renversement. Alors que les Européens retenaient leur souffle, les Russes ont mené plusieurs manœuvres de combat, seuls ou avec la Biélorussie, pour augmenter la préparation au combat des forces.

Il convient de noter que l'armée russe, afin d’assurer la défense du vaste territoire de la Russie, dispose de cinq principaux centres de commandement régionaux à savoir, le quartier général du commandement de la flotte du Nord à Severomorsk, le centre de commandement de l'Ouest comprenant la flotte de la Baltique basée à Saint-Pétersbourg, le centre de commandement conjoint du Sud comprenant la flotte de la mer Noire, la flotte de la mer Caspienne, le quartier général du commandement central interarmées à Yekaterinburg, et le centre de commandement interarmées oriental comprennent la flotte du Pacifique basée à Khabarovsk, sans oublier les bases russes à l'étranger en Méditerranée orientale.

Les militaires et les équipements déployés sur les frontières occidentales de la Russie font partie de tous les cinq commandements centraux. Les centres de commandement indépendant ont également envoyé des forces vers deux commandements ouest et sud, dont la flotte de la Baltique et la flotte de la mer Noire.

Comme l'ont montré les cartes du département américain à la Défense, la trajectoire d'une éventuelle invasion russe de l'Ukraine est prévue par deux directions principales : Kharkov, la base militaire la plus importante de l'Ukraine sera prise pour cible par l’est et la capitale Kiev à travers la Biélorussie dans le nord. Les autres opérations amphibies de l’armée russe seront menées en mer Noire et sur la rivière Dnieper pour briser les lignes défensives de l’Ukraine. D’autres opérations russes seront menées à partir de la péninsule de la Crimée dans le sud.

Les opérations sur les itinéraires nord et sud semblent avoir été prévues pour couper les lignes de communication entre les unités de l'armée ukrainienne stationnées à l'est et l'ouest du pays pour ainsi atteindre la capitale, Kiev. Certes, un tel plan fragiliserait l'armée ukrainienne et affaiblirait sa capacité à résister à la première vague d'attaque, surtout en cas de l’intervention de la Biélorussie dans une éventuelle bataille.

Mais au-delà des questions tactiques, pourquoi les Russes ont-ils pris le temps de planifier un tel déploiement sur leurs frontières occidentales et de menacer l'Ukraine ? Quelle est l'importance principale de l'Ukraine pour la Russie ? En d'autres termes, quel but suit Moscou dans ces préparatifs de combat sans précédent ? Plusieurs scénarios sont possibles. L'un d’entre eux semble être un jeu de renseignement lancé par l’Occident pour affaiblir la position de la Russie et forcer Moscou à choisir entre ses priorités géopolitiques en Europe de l'Est et en Asie de l'Est.

Moscou se trouve actuellement dans une situation où l'absence et le lancement d'opérations militaires, lui feront courir des risques parmi lesquels figurent l'affaiblissement de sa position stratégique dans ses relations trilatérales avec les États-Unis et la Chine, et la perte de crédibilité dissuasive du pays en Europe de l'Est.

En cas d'opérations militaires de grande envergure, la Russie sera confrontée à divers coûts humains, économiques et sécuritaires. D’ailleurs, les développements sécuritaires du Kazakhstan au milieu des tensions ukrainiennes auraient pu avertir les autorités russes que le pays peut facilement être ciblé sur deux fronts. Le vieux stratège qui est Moscou ne devrait pas prendre un pari aussi dangereux. Veillés à ne pas tomber dans le piège du camp d’en face, les Russes utilisent la même stratégie pour égaliser les points.

Le déploiement russe sur les frontières avec l’Ukraine aurait donc pour objectif d’évaluer la volonté de l'Occident, y compris l’administration Biden, de soutenir ses nouveaux alliés en Europe de l'Est. Et pourquoi ne pas poursuivre sur cette voie quitte à éclater des conflits mineurs en Europe de l’Est sans se lancer dans une guerre à part entière.

Vraisemblablement, l'accumulation des forces de l'OTAN sur les frontières orientales et l'augmentation continue des forces russes sur ses frontières occidentales, donnent un nouvel élan à la diplomatie. Contrairement aux Américains, les Russes parlent généralement plus ouvertement de leurs objectifs stratégiques. La déclaration des responsables russes selon laquelle ils n'ont pas l'intention d'envahir ou d'occuper l'Ukraine devrait être considérée comme un signal à l'Occident sur leur disposition à entreprendre des négociations plus larges basées sur les préoccupations stratégiques russes.

Soucieux de sa position, Moscou tente de saisir cette opportunité pour établir un nouvel équilibre sur la scène internationale. Les Américains, quant à eux, font délibérément preuve de passivité mais en réalité ils tentent d’entraîner l'Ukraine dans un conflit à haut risque qui leur servirait de prétexte pour d’un côté imposer de lourdes sanctions économiques contre Moscou et de l’autre renforcer leur présence militaire en Europe et obliger les dirigeants européens à aligner leurs politiques internationales sur celles de la Maison Blanche, sans jamais avoir l’intention de porter un soutien réel à l’Ukraine ou riposter à une action russe contre le pays.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV