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Le virage eurasiatique de l'Iran se confirme...

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Eurasie: trio géostratégique Russie-Iran-Chine. (Photo à titre d'illustration de Pressenza, International Press Agency)

Les entretiens du président iranien à Moscou le prouvent aussi : une nouvelle configuration géopolitique en Eurasie s’est clairement dessinée, et cela est composé de Russie-Iran-Chine.

« La visite du président iranien Ebrahim Raïssi à Moscou et sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine constituent l’événement le plus important de ce début de l'année 2022 », estime Elena Panina, la directrice de l’Institut de stratégies politiques et économiques internationales, Rousstrat, et ancienne députée du Parlement russe.

« Pour la première fois, les présidents russe et iranien se sont rencontrés en tête à tête ; et le fait que cette rencontre a eu lieu à un moment où les deux pays mènent des négociations névralgiques avec les États-Unis et un certain nombre de pays occidentaux, est bien sûr très significatif », affirme l’experte russe.

« Fait intéressant, malgré l’importance évidente du dialogue entre les présidents russe et iranien, il y avait peu d’informations sur le contenu de leurs conversations dans les médias. À mon avis, cela est dû au fait que certaines questions abordées lors de la réunion restent pour l’instant “dans les coulisses” ; les résultats définitifs de la visite du président Raïssi à Moscou devront donc être évalués après son retour à Téhéran. Néanmoins, un certain nombre de positions de principe ont été esquissées ».

Elena Panina fait ensuite allusion aux déclarations de Vladimir Poutine là où il dit : « Nous coopérons très étroitement sur la scène internationale. (…) Grâce à nos efforts, il a été largement possible d’aider le gouvernement syrien à surmonter les menaces liées au terrorisme international. »

« Maintenant, c’est, entre autres sujets, l’Afghanistan qui nous préoccupe, nous et vous ; et j’aimerais discuter avec vous de toutes ces questions, pour connaître vos prises de position », a souligné Poutine dans des propos derrière lesquels la directrice de Rousstrat voit « une reconnaissance de l’importance croissante du rôle de l’Iran dans le règlement de la question afghane. « Rappelons-le : à la veille de la visite, c’est précisément à Téhéran que des représentants des talibans et de l’opposition dite “Front de résistance nationale” se sont entretenus, marquant un premier véritable pas vers la création d’un gouvernement inclusif ». « L'objectif n’est peut-être pas encore atteint, mais il est évident qu’un champ de négociation est en train de se concevoir », ajoute Elena Panina.

« Bien sûr, la recentre rencontre entre Raïssi et Poutine à Moscou doit être considérée dans le contexte de macro-géopolitique eurasienne. Je fais référence, tout d’abord, à la récente visite à Pékin du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian. Comme on le sait, il a annoncé que l’Iran participerait activement au projet de la ceinture et de la route chinois et qu’il respecterait strictement les engagements définis dans l’accord de partenariat stratégique Iran-Chine pour une durée de 25 ans (signé en mars 2021). »

Et Panina d’ajouter : « Certains analystes voient dans le rapprochement sino-iranien une tentative de Téhéran d’exercer une pression psychologique sur l’Occident lors de difficiles négociations en cours à Vienne sur l’accord nucléaire iranien. En ce sens, il est très significatif que lors de son entretien avec son homologue russe, le président iranien ait rappelé sa volonté précédemment exprimée de conclure un accord avec la Fédération de Russie, similaire à l’accord avec la Chine. »

« Raïssi a affirmé qu’un document de coopérations stratégiques, définissant le cadre des transactions bilatérales pour au moins les vingt années à venir, avait été déposé à la partie russe ; il est logique de supposer que cette proposition, à laquelle Téhéran attend une réponse, soit assortie de feuilles de route [pour établir les coopérations futures] ».

Panina juge extrêmement importante la visite de M. Raïssi à Moscou à la lumière des négociations en cours à Vienne sur la levée des sanctions imposées à l’Iran. « Comme on le sait, ils n’ont pas encore réussi à obtenir des résultats tangibles, à cause notamment des revendications excessives des États-Unis, qui exigent des concessions radicales de la part de l’Iran. Par ailleurs, la question d’une confrontation entre l’Iran et les États-Unis a été abordée à plusieurs reprises lors de la réunion de Moscou. “Cela fait 40 ans que l’Iran fait preuve de résistance face aux Américains ; et nous n’arrêterons jamais le progrès et le développement du pays à cause des sanctions ou des menaces”, a déclaré le président de la République islamique d'Iran ».

L’ancienne parlementaire russe écrit : « Je crois que les députés russes se souviendront longtemps des félicitations pour le Nouvel An et Noël du président de la République islamique d’Iran qui ont résonné à la tribune de la Douma. Seyed Ebrahim Raïssi a noté que le peuple iranien et le monde musulman attachaient une grande importance à la personne de Jésus-Christ et les valeurs religieuses. “Conformément à nos enseignements coraniques, nous avons la ferme conviction que le message le plus important de toutes les religions abrahamiques est commun. C’est la transcendance spirituelle de l’humanité à travers la servitude à l’égard de Dieu, le Tout-Puissant et créateur du monde”, a-t-il déclaré aux députés russes. »

Pour finir, la directrice de Rousstrat ajoute qu’en résumant la visite du président iranien [à Moscou], on peut dire qu’au cours de cette visite, une nouvelle configuration géopolitique en Eurasie s’est clairement dessinée : Russie-Iran-Chine.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV