Du 20 à 25 décembre, le CGRI a mené des manœuvres balistiques parfaitement inouïes, manœuvre qu'il a achevé quelques jours plus tard, le 13 janvier par le teste réussi du propulseur "Raafe". Les experts y ont vu le dévoilement des capacités hypersoniques iraniennes et le signe qu'à Vienne il n'y aura aucun retour sur le programme balistique de l'Iran. En effet, en acquérant la capacité de construire des missiles balistiques capables de supporter un lourd tonnage de port, l’Iran cherche visiblement à construire l’ICBM mais aussi des missiles capables de porter des « têtes » de lourd tonnage, soit des missiles hypersoniques. Plus d'un expert affirme que la fabrication du nouveau propulseur à propergol solide iranien, Raafe ne pourrait peut être pas supporter la production en grand nombre de missiles antisatellites et surtout leur usage dans les opérations de surveillance militaire, et pourtant l’Iran maîtrise déjà la technique d’interception des satellites dans l’espace, ce qui lui permettra tôt ou tard de cumuler cette technique avec la puissance de ses missiles antisatellites afin de se procurer une puissance militaire significative en la matière.
Au fait, le propulseur testé par le CGRI profite d’une capacité du contrôle de la poussée vectorielle, lui permettant de changer à une grande vitesse la trajectoire du missile. Il sera donc possible de prévoir des trajectoires aléatoires pour des missiles utilisant ce type de propulseur. C'est dans ce contexte qu'interviennent les tests balistiques très particulier de la Corée du Nord que les experts iraniens suivent avec intérêt.
La Corée du Nord a démarré l’année 2022 en procédant à des tests balistiques plus ou moins spéciaux, selon Strategika51. Le premier test concerne un missile hypersonique d’un type nouveau tandis que les deux autres, lancés à partir d’un wagon ferroviaire découplé d’un train près de la base aérienne de Sunan, semblent être des missiles balistiques de portée intermédiaire (IRBM) avec une probable capacité intercontinentale (ICBM).
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L’agence de presse officielle de la Corée du Nord a naturellement diffusé des images de Kim Jong-un supervisant l’essai du nouveau système d’arme. Les deux autres tirs de missile du 14 janvier 2022 ont eu lieu à partir d’un train en position statique.
Un autre type de missile est en développement. Il s’agit d’un missile hypersonique (+Mach 12) d’une portée de moins de 1000 km, destiné à contourner et à neutraliser les défenses anti-missile adverses. La Corée du Nord poursuit donc une véritable révolution anti-ABM car les efforts nord-coréens visent essentiellement les systèmes de défense anti-missile Patriot et THAAD. Les tirs de missiles du 14 janvier 2022 par la Corée du Nord ont provoqué le jour même l’évacuation complète de la base de défense antimissile de Fort Greely en Alaska, ce qui s’apparente à un véritable mouvement de panique côté US.
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Ce développement inédit laisse prévoir une année exceptionnelle pour le programme balistique et spatial nord-coréen. Il est fort probable que Kim Jong-un tente de battre tous les records en la matière en 2022. La question qui revient sans cesse, est de savoir quels sont les pays qui offrent une assistance technique à la Corée du Nord en dépit d’interminable train de sanctions internationales frappant ce pays d’Asie du Nord-est. La réponse à cette question est loin d’être évidente. Contrairement à l’idée répandue, la Chine suit scrupuleusement ses engagements internationaux et ne fait qu’acheminer des produits de première nécessité vers la Corée du Nord via une contrebande transfrontalière limitée par laquelle rien d’autre ne peut passer. Cela pourrait être la Russie.
Reste que Pyongyang semble avoir une évaluation assez correcte de la situation géostratégique mondiale et s’y adapte en conséquence. Or, cette situation n’a jamais été autant plus mauvaise qu’en ce début d’année 2022 avec le conflit entre la Russie et l’OTAN, la guerre hybride qui est la nouvelle doctrine russe, les tensions autour de Taïwan, le réarmement du Japon et la constitution des blocs comme l’AUKUS et surtout un axe de la Résistance qui multiple la concrétisation des doctrines de la guerre hybride dans une vaste contrée allant du centre de l'Iran au Yémen en passant par la Syrie et l'Irak.