Le savoir-faire des Iraniens de changer la donne au cours des négociations est tel que Téhéran est en train de répliquer à l’Occident avec les termes que celui-ci utilisait pour faire pression sur Téhéran, tandis que la troïka européenne insiste à dire qu’il y a une urgence pour que les pourparlers réussissent.
L’agence de presse Mehr New a écrit ce mercredi dans une analyse que les négociations de Vienne sont arrivées à une étape importante, car les parties en négociations se sont mises d’accord sur un texte commun et qu’au huitième tour les pourparlers, l’Iran et ses interlocuteurs peuvent travailler sur les détails et les sujets de divergence.
Dans ce contexte, la partie européenne joue la carte de l’urgence. Des diplomates du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne ont noté la semaine dernière que s’ils ne voulaient pas fixer « un délai artificiel pour les pourparlers », il restait « des semaines, pas des mois » pour rétablir l’accord. De son côté, un porte-parole du département d’État américain a déclaré que l’Iran devait « ajouter une réelle urgence à Vienne ».
Or, la République islamique d’Iran a annoncé qu’il rejetterait tout « délai artificiel » de la part de ses interlocuteurs lors des négociations de Vienne.
L'hebdomadaire américain The New Yorker a reconnu les capacités militaires et l'influence de la République islamique d'Iran et a écrit que « l'Iran est meilleur et plus influent que jamais dans l'histoire moderne ».
Dans un article signé par Robin Wright, The New Yorker a écrit qu’aucun des présidents américains n'avait été en mesure de réduire l'influence politique et le levier militaire de l'Iran dans la région d’Asie de l’Ouest et que les menaces militaires du président américain Joe Biden et de ses prédécesseurs contre la République islamique ne sont plus une « option à long terme attrayante ou efficace ».
Mme Wright a ensuite évoqué les propos tenus par Frank McKenzie, chef du Centcom, qui avait déjà expliqué dans une analyse une éventuelle confrontation militaire avec l'Iran. « S'ils attaquent à l'improviste, ce serait une guerre sanglante. Nous serions très fortement atteints. Nous gagnerions à long terme. Mais cela prendrait un an. Ou potentiellement plus », a déclaré McKenzie à propos d’un possible conflit avec l'Iran.
Le New Yorker a également fait allusion aux leçons apprises par les États-Unis en Afghanistan et en Irak, sans manquer de souligner qu'une campagne militaire américaine à grande échelle conduirait presque certainement à une guerre régionale sur plusieurs fronts.
L'auteur de l'article a ensuite reconnu les capacités militaires et de défense de la République islamique d'Iran et a écrit : « L'Iran est mieux armé et ses hommes de pouvoir militaires et politiques plus durs qu'à aucun autre moment de son histoire moderne. L'accord nucléaire pourrait n'être que le début et la partie la plus facile du défi iranien pour un huitième président américain.»
« L'Iran possède des centaines de missiles de croisière qui peuvent être tirés depuis le sol ou des navires et ont la capacité de voler à basse altitude. Ces missiles peuvent être lancés depuis plusieurs directions et sont plus difficiles à détecter par les radars et les satellites car leurs moteurs n'émettent pas de lumière vive lorsqu'ils sont allumés, contrairement aux missiles balistiques. Les missiles de croisière ont changé l'équilibre des pouvoirs dans tout le golfe Persique », a-t-elle ajouté.
L'article du New Yorker fait également référence au « haut mur de méfiance » entre Téhéran et Washington, et en allusion aux pourparlers de Vienne sur la levée des sanctions unilatérales américaines contre l'Iran, il affirme : « Si le mur de la méfiance peut être réduit, alors il peut y avoir des points communs, mais c'est un mur si haut. Quand il nous est interdit d'accéder à notre propre argent pour des vaccins vitaux, peut-il y avoir même une trace de confiance entre les deux pays? »
Pour prouver la bonne volonté américaine, a déclaré le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian, Biden doit d'abord lever les sanctions et aider à libérer des milliards de dollars d'actifs iraniens gelés dans d'autres pays, comme la Corée du Sud. « Si nous parvenons à un accord, il pourra être utilisé pour faire de nouveaux progrès », a-t-il déclaré. « Si cela échoue, nous avons déjà dit que nous ne lions pas l'avenir du pays au PGAC ».
Malgré le fait que l'administration Biden ait annoncé son intention de rejoindre le PGAC, elle a longtemps hésité à lever les sanctions contre l'Iran et tente constamment de jeter la balle dans le camp de l'Iran,et de le présenter comme responsable de tout échec possible des pourparlers de Vienne. Cependant, Téhéran insiste fortement pour que les États-Unis lèvent d'abord les sanctions de manière vérifiable, garantissent qu'ils ne s'en retireront plus et qu'ils indemniseront tous les dommages causés à l'Iran suite au retrait illégal des États-Unis du PGAC.