La ministre allemande des Affaires étrangères a menacé que le gazoduc Nord Stream 2 ne serait pas opérationnel en cas de nouvelles tensions entre la Russie et l'Ukraine.
Lors d’une interview accordée à la chaîne ZDF dimanche soir 12 décembre, Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, a déclaré que la décision était basée sur un accord conjoint entre l'ancien gouvernement allemand et les États-Unis. « En raison de conditions de sécurité instables », la Maison Blanche et l'ancienne chancelière ont décidé de ne pas mettre en exploitation le gazoduc en cas de nouvelles tensions. Conjointement à l’annonce, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a mis en garde le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz en visite à Varsovie, quant au lancement du gazoduc Nord Stream 2.
Malgré l'achèvement de la construction du gazoduc Nord Stream 2, son exploitation a été reportée en raison d'un litige juridique. Mais à vrai dire, l’Occident craint que le lancement du pipeline Nord Stream 2 n’affaiblisse l'Ukraine économiquement et diplomatiquement puisqu’à ce jour, le pays a été un important fournisseur de gaz russe vers l’Europe, tout en combattant les forces séparatistes pro-russes à l'intérieur de ses frontières.
Les pays d'Europe de l'Est, de nombreux alliés traditionnels de l'Allemagne en Europe de l'Ouest, ainsi que les États-Unis, estiment que les importations directes de gaz de la Russie vers l'Allemagne, sans passer par l'Ukraine, augmentent la dépendance de l'UE vis-à-vis de Moscou tout en empêchant l'Occident de jouer un rôle déterminant dans les conflits entre la Russie et l’Ukraine.
A cet égard, Joe Biden, le président américain, a souligné le samedi 11 décembre, que la possibilité d'envoyer des troupes américaines en Ukraine en cas d’un conflit militaire avec la Russie n'était "jamais une option" pour Washington. Toutefois, il a ajouté que les États-Unis et l'OTAN devraient envoyer davantage de troupes dans les pays membres de l’organisation en Europe de l’Est afin qu’ils puissent mener des attaques.
En référence à son entretien téléphonique de deux heures avec son homologue russe, Biden a affirmé avoir mis en garde Moscou contre les conséquences économiques dévastatrices d’une invasion militaire en Ukraine.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est allé plus loin en avertissant que le pipeline Nord Stream 2 est un levier de pression sur la Russie et ne serait pas opérationnel en cas de la reprise des opérations militaires contre l'Ukraine.
« En fait, ce gazoduc est un levier de pression sur la Russie, car on sait à quel point le président russe est prêt à exporter du gaz par ce gazoduc », a-t-il lancé.
Les remarques du président américain interviennent alors que les ministres des Affaires étrangères du G7 réunis à Liverpool en Grande-Bretagne ont envoyé des avertissements similaires à la Russie. D'autres ministres des Affaires étrangères présents à la réunion ont également souligné dans des messages similaires à Moscou que si la Russie prend des mesures pour attaquer l'Ukraine, elle doit attendre la mise en œuvre d'éventuelles sanctions européennes et mondiales à son encontre.
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De son côté, la Russie a toujours nié tout projet d'invasion de l'Ukraine. Accusant Kiev et Washington de déstabiliser la région, Moscou se dit contraint de créer des garanties de sécurité à ses frontières avec l'Ukraine afin de se protéger.
Ces dernières semaines, des inquiétudes ont été exprimées quant à la possibilité d'un conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine qui conduirait au rattachement d’une région en Ukraine à la Russie. Le président russe a toujours nié cette possibilité, tout en accusant Kiev d'avoir commis un génocide contre les Russes dans l'est de l'Ukraine.