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L'« Organisation des gouvernements turcs » compte amputer l'ٍٍٍEmpire du Milieu de son Xinjiang

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le 8e sommet du Conseil de coopération des États turcophones (Conseil turc) à Istanbul en Turquie, le 12 novembre 2021. (Photo via tccb.gov.tr)

La Chine est préoccupée par la création d'une Organisation des gouvernements turcs, la qualifiant de menace régionale. Il y a une semaine, des membres d'un organisme régional appelé Conseil turc ou Conseil des pays de langue turque se sont réunis à Istanbul, en Turquie. Les dirigeants du conseil, qui ont été témoins pour la première fois de la présence du président turkmène en tant que membre observateur, ont décidé, au détriment des politiques régionales de la Chine, de changer l'organisation en Organisation des gouvernements turcs (TDT), regroupant la Turquie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et l'Azerbaïdjan. Cité par le journal Global Times du Parti communiste chinois, le Dr Yang Jin, chercheur auprès de l’Académie chinoise des sciences sociales, estime que la démarche est une menace pour la pour la stabilité régionale.

Et lui d’affirmer que « depuis qu'Erdogan a pris ses fonctions, il y a eu un changement évident en termes de politique étrangère d'Ankara. La Turquie était impatiente de rejoindre l'Union européenne. Mais après les efforts diplomatiques d'Ankara pendant des décennies, la Turquie s'est rendu compte que l'UE ne l'adopterait pas vraiment. Cela prouve que son intention d'être membre de l'UE a échoué ».

« Après cela, la diplomatie étrangère d'Erdogan a eu tendance à se diversifier. La Turquie a commencé à rechercher un cadre diplomatique en dehors de l'UE. Elle s'est efforcée de rechercher de nouveaux alliés et partenaires, notamment du point de vue de l'histoire, de la culture et de l'idéologie de ses pays voisins. Il tend à exploiter la notion de Turc pour établir un nouveau cercle diplomatique. Les pays d'Asie centrale en sont des exemples », a-t-il expliqué.

Et lui de poursuivre qu’Ankara entend renforcer ses liens avec ses pays voisins. Il cherche également à étendre sa propre influence et son statut régional et international et, si possible, à forger une alliance politique et militaire avec la Turquie en son centre.

Selon lui, il existe des affirmations sans fondement selon lesquelles les Ouïgours de la région autonome ouïgoure du Xinjiang appartiennent au même groupe ethnique que les Turcs. C'est totalement faux. Le Xinjiang est une région multiethnique depuis l'Antiquité. Le peuple ouïghour parle une langue qui appartient au turc. Mais ils n'ont pas d'autres relations avec la Turquie.

Yang Jin avertit : « L'organisation peut conduire à une nouvelle montée du panturcisme, ce qui est assez risqué. Cela pourrait affecter la stabilité et la sécurité régionales. Trois pays d'Asie centrale sont membres de l'Organisation des gouvernements turcs tandis que l’un y possède le statut d’observateur. Il s'agit de pays multiethniques, dans lesquels certaines personnes ne parlent pas turc. Cette organisation pourrait déclencher la montée d'un nationalisme extrême, ce qui pourrait intensifier les conflits ethniques et nuire à la stabilité et à la sécurité régionales. » Il est vrai que, le gouvernement d’Erdogan a adopté ces dernières années une position interventionniste envers les Turkmènes d'Irak et de Syrie, et a même ouvertement soutenu les Tatars de Crimée en remettant en cause son rattachement à la Russie.

Cependant, voulant tirer des avantages économiques du renforcement des relations avec Pékin, Erdogan a opté pour une politique ambiguë vis-à-vis des Ouïghours du Turkestan oriental. Les Chinois s'inquiètent donc de toute approche future possible de la part de la Turquie envers les Ouïghours puisqu’ils savent très bien que même si le gouvernement d’Erdogan est temporairement et opportunément silencieux sur cette question, plusieurs partis et institutions politiques et culturels sont sensibles à ce sujet. Le point qui mérite réflexion est que l'AKP était toujours prudent à l’égard des Ouïghours, mais il y a quelques jours à peine, Erdogan a exigé que l'autorité de facto et non officielle de la République turque de Chypre du Nord soit incluse à l’Organisation des gouvernements turcs. Or, dans ce nouveau contexte post-Nagorno-Karabakh, la Chine surveille de près les mouvements ethnocentriques de la Turquie.

Le Parti de la Justice et du Développement de Turquie, qui s'était d'abord fortement opposé aux diverses interprétations du nationalisme turc, est maintenant complètement piégé dans ce nationalisme. Le parti, dirigé par Recep Tayyip Erdogan, a même dans certains cas dépassé les nationalistes d'extrême droite turcs. Quoi qu’il en soit, si Erdogan insiste, au sein du groupe appelé « Organisation des gouvernements turcs », sur les concepts d'identité et de race, au lieu de s’appuyer sur la convergence commerciale et la coopération dans les domaines économiques, il finira par provoquer l’ire non seulement des pays voisins de la Turquie, mais aussi des puissances telles que la Chine. Ce qui aura des conséquences désastreuses pour la politique étrangère de la Turquie.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV