Après l’annonce de l’opération des forces navales du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) pour empêcher la marine américaine de saisir un pétrolier transportant du pétrole iranien dans la mer d’Oman, le personnel des forces spéciales qui ont participé à cette opération et le contre-amiral Alireza Tangsiri, commandant des forces navales du CGRI, ont rencontré, mercredi 10 novembre, le général de division Hossein Salami, commandant en chef du CGRI.
Au cours de cette rencontre, le général Salami a rendu hommage au grand exploit du personnel des forces spéciales du CGRI et a félicité leur courage et leur performance militaire dans ce qu’il a qualifié de « victoire épique » de la nation iranienne et d’« humiliation militaire pour le régime terroriste des États-Unis ».
Le général Hossein Salamai a souligné que le commandement du CGRI avait prévu d’avance la probabilité d’une intervention de la marine des États-Unis pour voler un pétrolier transportant du pétrole iranien dans les eaux internationales, ce qui avait amené le CGRI à examiner tous les scénarios pour contrer les tentatives de l’ennemi.
Malgré la supériorité matérielle et technologique de la marine américaine, « les combattants vaillants des forces navales du CGRI ont réussi à imposer leur volonté à leurs adversaires », a déclaré le commandant en chef du CGRI.
Le général de division Hossein Salami a affirmé que « l’action des forces spéciales de la marine du CGRI a été si forte que les forces américaines ont dû se soumettre à la volonté, au courage et à la performance des Iraniens, abandonner leur mission et se retirer aussitôt ».
Le commandant en chef du CGRI a qualifié la mission des forces navales iraniennes de « guerre propre sans morts ni blessés menée à temps et réalisée avec plein succès ».
Le général Salami a précisé que les forces navales du CGRI avaient entamé leur intervention au moment où le pétrolier transportant le pétrole iranien volé par les Américains se situait dans les eaux internationales à quelque 40 milles nautiques au large du port iranien de Jask.
Pour en donner plus de détails, le contre-amiral Alireza Tangsiri, commandant des forces navales du CGRI, a déclaré que quand les forces spéciales iraniennes ont été héliportées à bord du navire, les navires de guerre américains se sont approchés de la zone d’opération et ont encerclé le navire pour empêcher les forces iraniennes de s’emparer du navire et de le conduire vers les eaux territoriales de l’Iran, leur but étant de protéger le navire qui transportait du pétrole volé iranien. Les drones et les hélicoptères de la marine américaine sont intervenus à deux reprises pour soutenir l’action des navires américains autour du pétrolier.
Le contre-amiral Tangsiri a ajouté : « Après l’insuccès des manœuvres de deux frégates américaines, les Américaines y ont envoyé trois autres bâtiments pour impressionner nos forces spéciales et changer la donne en leur faveur, mais grâce à la vigilance et la détermination de nos combattants à continuer leur mission, les forces américaines ont dû abandonner leur action et se retirer de la zone d’opération. »
Le commandant des forces navales du CGRI a vivement démenti les déclarations du Pentagone selon lesquelles les forces américaines auraient évité toute intervention pour « surveiller de loin » les forces spéciales iraniennes.
« C’est un gros mensonge que la vidéo de l’opération dénonce clairement, car les navires de guerre américains étaient arrivés à moins de 30 mètres de nos bateaux rapides », a précisé le contre-amiral Tangsiri qui a souligné que l’attitude des forces américaines n’avait rien à voir avec une « surveillance de loin ».
Il a ajouté que le pétrolier transportant du pétrole volé de l’Iran a été conduit ensuite vers le port de Bandar Abbas (détroit d’Hormuz) pour le déchargement de sa cargaison. « Le navire a été libéré finalement suite à un verdict de la Justice iranienne », selon le commandant des forces navales du CGRI.
Le « Middle East Institute » qui est un groupe de réflexion basé à Washington a publié le 3 novembre une longue analyse sur la puissance et le rôle du CGRI dans les équations sécuritaires du golfe Persique et de la mer d’Oman.
Le texte souligne que le détroit d’Hormuz est l’un des passages maritimes les plus importants au monde, vital pour l’approvisionnement mondial en pétrole et en gaz naturel liquéfié. « La question de la liberté de navigation dans le détroit d’Hormuz a longtemps été une source de tension, mais jusqu’à récemment, toute tentative de l’Iran de le fermer physiquement semblait hautement invraisemblable », estime l’auteur de l’analyse.
Cependant, les événements des trois dernières années ont montré aux Américains que l’Iran peut encore imposer un contrôle majeur sur le détroit d’Hormuz sans blocus formel et sans risque accru de confrontation militaire avec l’Occident.
L’analyste du « Middle East Institute » écrit : « L’Iran dispose de divers moyens, spécialement par l’intermédiaire des forces navales du Corps des gardiens de la Révolution islamique, et possède des milliers de mines marines, de batteries côtières, de vedettes rapides lourdement armées et de sous-marins légers. D’autant plus que les Iraniens ne cachent pas leur désir d’être reconnus comme la puissance militaire dominante dans le golfe Persique et le détroit d'Hormuz. »
Le texte ajoute : « Certains observateurs considèrent les forces navales du CGRI comme une force de combat conventionnelle et classique, tandis que d’autres les considèrent comme non conventionnelles et asymétriques. Le fait est que, avec d’autres branches du CGRI, la branche navale utilise une combinaison de méthodes et de capacités conventionnelles et non conventionnelles, symétriques et asymétriques. »
L’auteur souligne que l’Iran a le pouvoir de garder le détroit d'Hormuz fermé indéfiniment et rappelle qu’en 2010, le CGRI avait simulé une opération de posage de mines au détroit d'Hormuz avec 30 petits bateaux et hommes-grenouilles des forces populaires « Bassij). Aujourd’hui, les sous-marins de la marine iranienne peuvent également poser de grands champs de mines ou créer des barrages de mines dans le golfe d’Oman (à l’extérieur du détroit d'Hormuz) et dans la mer d’Oman (nord de l’océan Indien).
L’analyste du « Middle East Institute » ajoute que d’après certains observateurs, il ne faut que 300 mines pour fermer le détroit d'Hormuz pendant plusieurs années, la marine américaine étant « tout à fait impuissante » pour faire face à cette menace à court ou moyen terme.
Géographiquement parlant, l’Iran est le pays le mieux placé de la région du golfe Persique. Il bénéficie du plus long littoral (5 800 km, îles comprises), qui englobe tout le nord du golfe Persique, le détroit d'Hormuz et le golfe d’Oman (également connu en Iran sous le nom de mer de Makran), ce qui lui confère de facto le contrôle de presque toutes les voies maritimes du détroit d'Hormuz.