Les forces britanniques sont entrées dans la province yéménite d’al-Mahra à la suite d'une attaque présumée contre un navire israélien dans le golfe d'Oman, le 29 juillet dernier.Des sources locales ont rapporté au journal libanais Al-Akhbar que les forces britanniques avaient empêché les pêcheurs locaux d’al- Mahra de pratiquer leur activité dans les eaux régionales de Nishtun, Qishn et Sihut au cours des dernières semaines, sans fournir de justification. Cette mesure a déclenché un tollé général.
Les autorités locales du gouvernorat d'al-Mahra se sont adressées aux médias sociaux pour exprimer leur indignation quant à la présence d'un contingent des forces spéciales britanniques, qui sont déployées avec les forces saoudiennes dans l'aérodrome d'al-Ghaydah. L'ancien vice-gouverneur d'al-Mahra, Ali Salem al-Huraizi, a déclaré que les forces britanniques entraînaient des mercenaires à al-Mahra pour mener des activités d’'espionnage. « Un groupe de soldats britanniques était déjà arrivé à al-Mahra pour préparer le terrain au déploiement d'un autre contingent », a-t-il averti. La Grande-Bretagne y aurait mis en place des cellules d'espionnage et établi des canaux de renseignement. Ils ont pour mission de surveiller de près les institutions, les chefs tribaux et la Résistance yéménite. Les vol de drones au-dessus de la province ont également interpellé les habitants.
Les Britanniques ont obtenu les données de la société de télécommunications yéménite lors d'une activité illégale qui sert les projets de la coalition saoudo-émiratie, selon des sources. Un membre de la délégation de négociation de Sanaa, Abdul-Malik al-Ajri, a confirmé que la Grande-Bretagne a « mené une opération d'espionnage » contre le réseau de communication yéménite et des câbles sous-marins, afin de servir ses « objectifs coloniaux ».
Al-Akhbar a rapporté que les activités britanniques représentées dans l'écoute des communications yéménites ont été menées par une unité électronique britannique spécialisée dans la surveillance des communications, qui a été soumise le 8 août à al-Mahra, à la demande saoudienne, et a demandé des données au ministère des Communications du gouvernement du président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi.
Depuis leur déploiement à al-Mahra en novembre 2017, les forces saoudiennes préparent le terrain à l'entrée d'autres forces étrangères. Déjà, plus de 230 agents de renseignement sont déployés à l'aéroport. Les activistes juridiques au Yémen ont imputé les coupures fréquentes d'Internet dans la province aux activités des Britanniques, et estiment que le gouvernement fantoche de Hadi a transformé le système de télécommunications yéménite en un outil contre Ansarallah. Par ailleurs, les militants contre la présence étrangère à al-Mahra ont accusé les forces saoudiennes et britanniques d'être « derrière la coupure d'Internet afin de contenir l'escalade du mécontentement populaire contre la nouvelle intervention militaire britannique ». Ils ont mis en garde contre « l'espionnage des opposants et la traque des leaders d’Ansarallah à al-Mahra ».
En conséquence, un mouvement s'est formé sous le nom de Comité de protestation pacifique du peuple al-Mahra, qui organise des manifestations contre la présence des forces saoudiennes dans le gouvernorat, la décrivant comme une occupation. L'ancien vice-gouverneur d'al-Mahra, Ali Salem al-Huraizi, qui a un long antécédent dans la lutte contre l'occupation, a récemment révélé que les forces saoudiennes et occidentales avaient construit plus de 100 cellules souterraines dans la région. « En plus des troupes britanniques, un certain nombre d'officiers israéliens sont également présents à l'aéroport », a-t-il précisé.
Le but du Royaume-Uni est d’empêcher la fin de la guerre ou du moins de retarder la défaite de Riyad. Actuellement 6 300 experts et techniciens britanniques sont impliqués dans la guerre au Yémen, qui mènent des opérations d'espionnage au profit de l’Arabie saoudite. Ces derniers mois, Londres cherche à se rapprocher des États-Unis et d'Israël. Il prévoit de former une coalition sous prétexte de protéger les voies navigables vitales du Moyen-Orient. Al-Mahra a le plus long littoral du Yémen avec 560 km de côtes surplombant la mer d'Arabie, l'aéroport international d'Al-Ghaydah, deux ports terrestres avec Oman qui sont Sarfit et Shehn, et le port maritime de Nishtun.