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Hassaké: la base US criblée de missiles de la Résistance

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des membres d’équipage américains montent dans des véhicules de combat Bradley sur une base militaire américaine située dans un endroit non divulgué au nord-est de la Syrie, le 11 novembre 2019. ©AP

Alors que les alliés kurdes des États-Unis en Syrie craignent d’être victimes du même scénario mis en œuvre en Afghanistan, la base militaire américaine dans le nord-est de la Syrie a été prise pour cible par des roquettes. Étant désormais concentré sur la menace de la Chine, Washington semble être obligé de laisser le terrain à Moscou et à Ankara en Syrie.

Ce jeudi 30 septembre, la base militaire militaire américaine située dans le champ pétrolier d’al-Jabsah dans la ville d’al-Shadadi située dans le sud de la province syrienne de Hassaké a été prise pour cible, d’après Sputnik.

Notant qu’il s’agissait de la deuxième attaque contre la base américaine en un mois, Sputnik a fait savoir qu’au même moment, une forte explosion avait été entendue dans la ville d’al-Shadadi et qu’un panache de fumée s’élevait de la base vers le ciel.

L’attaque contre la base américaine a été menée depuis des zones désertes dans l’ouest de la ville d’al-Shadadi et probablement par les forces tribales stationnées dans la région. Elle fait également suite à plusieurs autres attaques lancées au cours de ces derniers mois contre les bases américaines du champ pétrolier d’al-Omar et du champ gazier de Keniko dans la province de Deir ez-Zor ces derniers mois.

Dans le but de piller les ressources de la Syrie, les États-Unis ont installé des bases militaires dans plusieurs zones à al-Jazira ainsi que dans toutes les autres régions syriennes où les champs pétroliers et gaziers se trouvent en abondance. A l’aide des milices kurdes connues sous le nom de Forces démocratiques syriennes (FDS), les ressources extraites de ces champs sont transférées en contrebande vers les bases US dans les pays voisins.

Mais, le retrait américain d’Afghanistan a mis en colère les alliés kurdes des États-Unis dans l’est de la Syrie. C’est pourquoi la Maison-Blanche n’a pas tardé à rassurer ces derniers qu’elle n’amorcerait pas un retrait similaire de la Syrie. Mais peut-on faire confiance au président américain Joe Biden ? Sans oublier que l’administration Trump a donné des assurances similaires avant de retirer brusquement plus de la moitié de ses forces en 2019 et de donner le feu vert à une invasion turque contre les régions habitées par les Kurdes.

Les États-Unis ont récemment adopté une politique de silence et de non-réponse après qu’un nombre de miliciens FDS a été tué dans des attaques turques en août 2021. Le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et l’accent mis par l’administration Biden sur la priorité de sauver des vies américaines ont suscité des craintes parmi les Forces démocratiques syriennes d’être abandonnées par les États-Unis, a écrit le site Web Middle East Eye dans un article publié 23 septembre.

À vrai dire, Joe Biden n’a jamais eu beaucoup d’intérêt pour la Syrie. Bien qu’en faveur de la lutte contre Daech, il s’est opposé à une implication plus large dans la guerre en tant que vice-président sous Obama. Alors, à quel point est-il probable que le gouvernement Biden quitte la Syrie ? Les signes ne sont pas bons pour les Forces démocratiques syriennes. En se retirant d’Afghanistan, et aussi avec la récente alliance d’AUKUS, Biden a clairement montré que la rivalité des grandes puissances, en particulier le contrôle de la Chine, est sa principale préoccupation sur le plan de la politique étrangère. Cela signifie la fin de la participation à la guerre contre le terrorisme, comme en Afghanistan et peut-être en Syrie.

En adoptant la même approche par rapport à la Syrie, l’administration Biden pourrait avoir conclu qu’elle n’a pas besoin de bottes sur le terrain pour empêcher la résurgence du groupe terroriste Daech. Il y a déjà des indications qui montrent que les États-Unis auraient adopté une position plus souple à l’égard de Bachar al-Assad ; l’exemption des contrats gaziers de l’Égypte, la Jordanie, la Syrie et du Liban des sanctions américaines dans le cadre de loi César en est l’une des preuves. Le maintien des forces américaines dans l’est de la Syrie pour priver Assad de pétrole n’est peut-être plus aussi important qu’il l’était autrefois, a fait noter Middle East Eye.

Et de poursuivre que pourtant, il y a des raisons qui permettent aux FDS de garder l’espoir, tout d’abord, la réaction à la politique de Biden envers l’Afghanistan a été extrêmement négative. Même si Washington envisage de se retirer de Syrie, il ferait mieux attendre jusqu’à ce que les critiques contre le retrait militaire américain de Kaboul s’estompent.

Deuxièmement, l’opération en Syrie est beaucoup moins coûteuse que celle en Afghanistan. Alors qu’en 2018, les États-Unis disposaient encore de 15 000 soldats en Afghanistan, tombant à 4 000 avant le retrait, ils n’en déploient que 900 en Syrie pour soutenir les FDS. De plus, la Syrie n’est plus un lieu de conflit ouvert ; car le califat Daech a été en grande partie détruit, les pertes américaines ont diminué et Biden fait face à moins de pression interne pour quitter le pays.

Par ailleurs, indique le site Web, les principaux partenaires régionaux, en particulier Israël et l’Arabie saoudite, souhaitent que les États-Unis restent dans l’est de la Syrie pour empêcher l’Iran d’entrer. La Turquie serait impatiente de voir les troupes américaines quitter la Syrie afin de pouvoir frapper sans entrave les forces démocratiques syriennes. Biden ne peut pas satisfaire tous ses partenaires, mais il n’y a certainement pas de consensus régional qui le forcera à quitter la Syrie. Donc, pour l’instant, il y a peu d’incitations internes ou externes sur un retrait soudain des troupes américaines de Syrie, même si le souhaite Biden, ajoute le site Web londonien.

Stratégie russe

L’un des objectifs à long terme de la Russie est de remettre la Syrie orientale entre les mains d’Assad, ce qui donnerait à l’économie assiégée de Damas l’accès aux champs pétrolifères dont elle a grandement besoin. Mais contrairement à Idlib, détenue par les terroristes, qu’Assad et Moscou semblent vouloir s’emparer militairement, la stratégie de la Russie à l’est semble être la persuasion. Idéalement, Moscou souhaite que les FDS acceptent un règlement avec Assad et demande aux Américains de partir, a suggéré le site Web.

Ce n’est pas si farfelu, poursuit-il, les FDS entretenaient de bonnes relations avec Assad et la Russie avant la guerre civile en Syrie et il existe une faction qui voit l’avenir des FDS sous la protection de Damas et de Moscou plutôt que de Washington. En effet, lorsque Trump a permis à la Turquie d’envahir les régions kurdes en 2019, les FDS se sont immédiatement tournés vers Moscou, qui a négocié un cessez-le-feu en échange de l’établissement des positions appartenant aux troupes russes et à l’armée syrienne sur le territoire tenu par les FDS, rappelle-t-il.

Les activités de la Turquie aident également la Russie à pousser les FDS à changer de camp. Ankara considère de plus en plus les FDS comme sa préoccupation numéro un en Syrie ; en effet, la défaite de Bachar al-Assad et le soutien des insurgés ont été retirés de la liste des priorités de la Turquie. Ankara a en revanche, intensifié les attaques contre les positions des FDS, soit avec des drones, soit en utilisant ses alliés rebelles syriens par procuration. Dans ces circonstances, l’inaction de Washington aux agissements turcs ajoute plus de preuves à l’affirmation de Moscou selon laquelle seule la Russie peut protéger les FDS des menaces de la Turquie, analyse le site Web.

Et Middle East Eye de conclure que Moscou et Ankara estiment que le retrait des troupes américaines d’Afghanistan a préféré le terrain pour la réalisation de leurs objectifs. Pour la Turquie, cela signifie que Washington ne réagira pas aux attaques d’Ankara contre les positions des FDS et tant mieux si cela aboutit à la rupture des relations entre les États-Unis et le groupe. Quant à la Russie, l’administration Biden lui a fait cadeau en amenant les dirigeants FDS à croire que désormais seul la Russie pourra les protéger contre la Turquie. Même si la Maison-Blanche n’a pas l’intention de quitter immédiatement l’est de la Syrie, la Russie et la Turquie tenteront de tirer profit des conséquences du retrait américain d’Afghanistan pour faire avancer leurs objectifs, ce qui est finalement possible et accélérer ainsi le départ des tropes US.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV