Jabal al-Cheikh, Quneitra et depuis quelques heures seulement et après huit ans d'absence, Ma'rabah au sud-ouest du bassin de Yarmouk : l'armée syrienne se déploie désormais sur la totalité de la bande frontalière qui sépare le Golan occupé de la Syrie, et ceci, depuis que Deraa est reprise, ce "foyer de la révolution anti-Assad", conquis par terroristes interposés par Israël avant de se transformer en peu de temps en bastion de l'entité visant à déstabiliser le sud syrien, à y maintenir un foyer de tension, et surtout à compromettre le commerce avec la Jordanie, ce qui faisait que Deraa était à la fois un front militaire, un front politique et un front de guerre économique.
Or le retour de l'armée syrienne à Deraa coïncide avec la fin plutôt catastrophique pour Israël de sa "campagnes de guerre dans la guerre" qui lui avait procuré pendant près de 7 ans, la vague impression d'avoir pris le contrôle du ciel de la Syrie, de l'avoir annexé comme il l'avait fait dans le temps pour le ciel libanais d'où il a expulsé la Syrie suite à un monumental "false flag" à savoir le meurtre planifié de Raafic Hariri et la fameuse "Révolution du Cèdre". C'est un coup dur d'autant plus dur que l'allié et partenaire le plus fidèle en 10 ans de guerre contre la Syrie d'Israël, à savoir la Turquie atlantiste dont le président se trouve en ce moment même au Kremlin , se démène très difficilement pour pouvoir maintenir Idlib, le pendant septentrional de Deraa.
En effet, le duo d'enfer prend l'eau de toutes parts, et tout ceci pour cause d'un seul et unique coup : celui dit " Pétroliers iraniens " du Hezbollah. Car sans le spectre de ce corridor énergétique maritime reliant le golfe Persique à la Méditerranée avec en toile de fond des milliers de litres d'essence et de fioul iraniens livrés à Baniyas, raffinés à Homs puis transférés au Liban, jamais les USA n'auraient déverrouillé la reprise des liens Jordanie/Syrie, ou Égypte/Syrie, quitte à liquider la zone tampon sioniste à Deraa, qui hasard géostratégique, se trouve sur le trajet de ce pipeline arabe par lequel l'Égypte devrait transiter son gaz via la Syrie vers le Liban. Depuis ce mercredi, le point de passage de Jaber s'est aussi ouvert et les vols Amman Damas repris, et entre la Jordanie et la Syrie tout est redevenu normal. Côté égyptien lès choses ne vont pas non plus trop fort, Le Caire ayant exigé un réchauffement total des liens avec Ankara, le retrait total d'Erdogan du nord de la Syrie. Tout ceci donne l'impression au couple israël-Turquie d'avoir été tout au long de ces années le dindon de la farce ou ce qui revient au même la cible d'un méga jeu de dupe.
Mais entre la Turquie et Israël, deux perdants collatéraux de la guerre contre la Syrie, c'est le second qui est le plus malheureux. Pourquoi? Car si le "Sultan" dispose encore de la carte des "Tatars de la Crimée" pour faire chanter Poutine et ralentir de quelques semaines ou de quelques mois son expulsion des territoires du Nord de la Syrie, le second , lui n'est qu'à tous les points perdants : Au fait, une présence de l'armée syrienne à Deraa, cela veut dire, une présence du Hezbollah tout au long de la frontière des hauteurs occupées avec Israël et in fine une guerre de libération pour la reprise du Liban. En avril puis en août et même au début de septembre, l'entité israélienne a très bien compris que la Syrie s'est déjà dotée d'une certaine capacité balistique qui va au-delà de la simple interception des missiles de croisière Delilah dont des milliers d’exemplaires ont été tirés ces dernières années contre la quasi totalité des provinces syriennes. Or cette terrifiante découverte va de pair avec le sort du Golan. Depuis des semaines déjà, l'Armée de l'air sioniste se trouve ciblée par des assauts électroniques visant son ciel, ou encore son armée de l'air.
Au mois de mai, ce fut effectivement à partir de Quneitra, limitrophe du Golan que les F-16 israéliens étaient visés par des ondes coupants leurs liaisons GPS. Les missiles ayant ciblé le Néguev, la mer Morte, ou encore la région de Tel-Aviv seraient eux aussi tous partis de cette région limitrophe du Golan, ce qui fait que rien n'empêchera que Deraa ne connaisse pas le même sort et ne se convertisse pas en base de missiles et de DCA renforcée contre Israël.
Certes, l'US Air Force a déjà occupé les bases du nord de la Jordanie et a pignon sur rue sur quelques 14 bases militaires du royaume, le problème étant toutefois que ceci n'est plus une garantie de sécurité depuis que le système de DCA américain a totalement échoué face aux capacités balistiques de la Résistance. A quoi rime tout ceci? Au bout de dix ans de guerre contre la Syrie, Israël a perdu sa capacité de dissuasion contre elle. Pire, le ciel libanais dont il s'est accaparé en 2005 par ruse, il l'a perdu aussi, un ciel placé à la fois sous la protection de la DCA syrienne et du Hezbollah. Mais il y a encore pire : ce divorce géostratégique que lui et son parrain avaient réussi à créer entre les deux voisins Syrie/Liban n'est plus non plus, le Liban se nouant "énergétiquement" à la Syrie, que ce soit par le corridor maritime Iran-Syrie-Liban ou par le pipeline arabe. Reste à savoir une chose : Dans une pareille situation, Israël peut-il encore occuper le Golan?